Un Mois de la Fierté sur fond de souvenirs douloureux à Toronto

Le défilé de la Fierté aura lieu le 23 juin à Toronto.
Photo : La Presse canadienne / Mark Blinch
Le Mois de la Fierté est officiellement lancé à Toronto. Outre la fête et la célébration de la diversité et de l'inclusion, ce sera aussi un moment de réflexion, estiment les organisateurs.
Le thème de cette année est le cinquantième anniversaire des émeutes de Stonewall, à New York. De violentes manifestations avaient alors éclaté de manière spontanée contre un raid de police qui avait eu lieu dans la nuit du 28 juin 1969 au Stonewal Inn, un bar gai du Greenwich Village.
Ce choix n'est pas anodin. Selon la directrice générale de l'organisation Pride Toronto, Olivia Nuamah, les relations éclatées entre la communauté et la police, notamment après l'affaire McArthur, continuent de soulever des questions importantes au sein de la communauté LGBTQ torontoise.
Pour la troisième année consécutive, la police ne sera d'ailleurs pas autorisée à marcher en uniforme lors du défilé, qui clôturera le Mois le 23 juin prochain.
Il y a beaucoup de réflexion en ce moment. L'année dernière a été un moment de deuil. Maintenant nous commémorons le 50e anniversaire de Stonewall.
L'événement de Stonewall est important parce que c'est la première fois que la communauté LGBTQ2+ a fait savoir qu'elle souhaitait être traitée de la même manière [que les autres] et avoir une protection égale, non seulement en vertu de la loi, mais aussi en ce qui concerne l'application de ces lois
, explique Mme Nuamah.
Elle ajoute qu'en 2019, la communauté célèbre 50 ans de ce qui devrait être l'égalité. Mais dans la réalité, cela continue en fait d'être une lutte en cours pour les droits des LGBTQ2+, comme le symbolisent Bruce McArthur et sa série de meurtres durant une décennie
, déplore-t-elle.
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12 mois difficiles pour Pride Toronto
L'année a été difficile pour l'organisation Pride Toronto. Mais selon sa directrice générale, le soutien a été fort du côté de Toronto et de la communauté canadienne dans son ensemble.
Nous avons eu une crise financière, mais nous avons aussi clairement parlé de notre crise de confiance dans la police de la ville
, fait remarquer Olivia Nuamah.
Elle se réjouit toutefois du fait que les soutiens ont continué d'être présents, malgré cette prise de position.
Pour nous, prendre une telle position [critiquer la police ouvertement] et de continuer à avoir des politiciens, des entreprises et des organisations qui nous financent et continuent de nous soutenir pendant ces temps difficiles est une preuve de l'engagement de cette ville et de ce pays envers Pride Toronto.
La dirigeante de Toronto LGBT, Nicki Ward, abonde dans le même sens. Les dernières années ont été difficiles, mais les soutiens sont solides et la communauté courageuse.
En tant que communauté, nous sommes habitués à la tragédie et nous avons vécu, je pense, notre part récemment avec les personnes disparues et assassinées
, estime-t-elle.
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De son côté, l'ambassadrice de Pride Toronto, Mlle Fiercealicious, estime que le Mois de la Fierté est l'occasion de mettre en valeur les talents des membres de la communauté.
Pour moi, la Fierté consiste à célébrer la vie, à être fier de soi et à l'exprimer, ne pas avoir peur de le montrer au monde.
Selon elle, il est important de dévoiler ce talent local au grand public lors de ce mois-ci.
Il y a tellement d'artistes qui n'ont pas la visibilité qu'ils devraient avoir. Ils ont vraiment du talent. Nous mettons beaucoup de travail dans ce que nous faisons parce que nous aimons notre métier et c'est bien quand c'est apprécié
, conclut-elle.
Avec les informations de CBC