Pékin prévient Ottawa de « conséquences » s'il aide Washington

Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois Geng Shuang, ici lors d'un point de presse en janvier dernier, prévient le Canada qu'il y aura des conséquences à s'allier aux États-Unis
Photo : Associated Press / Andy Wong
Dans la guerre commerciale qui oppose la Chine et les États-Unis, et qui s'intensifie un peu chaque semaine, le gouvernement chinois a prévenu le Canada, vendredi, des « conséquences » de son appui aux Américains, tout en établissant une liste noire d'entreprises étrangères « non fiables ».
« Nous espérons que le Canada pourra bien comprendre les conséquences de se compromettre pour les États-Unis et prendra des mesures immédiates pour corriger ses erreurs afin de s'épargner les conséquences de dommages croissants », a déclaré porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Geng Shuang lors d'une conférence de presse.
Cet avertissement suit l’escalade de tension entre Pékin et Washington, alors que le géant chinois des télécoms, Huawei, a été placé en mai par les Américains sur une liste d'entreprises suspectes auxquelles les entités américaines ne peuvent vendre d'équipements technologiques.
La directrice financière de Huawei, Meng Wanzhou, et fille du fondateur de l'entreprise, a été arrêtée en décembre dernier, lors d’une escale à l’aéroport international de Vancouver, à la demande des États-Unis. Elle a ensuite été remise en liberté sous caution et s’est engagée à rester en Colombie-Britannique et à se soumettre à d’autres conditions.
Les Américains l’accusent d'avoir menti aux banques au sujet des relations de la société avec l'Iran, en violation des sanctions commerciales imposées par les États-Unis.
Selon son avocat, les commentaires du président américain Donald Trump suggèrent que les poursuites contre elle étaient motivées par des considérations politiques.
Les propos de Geng Shuang surviennent après que le vice-président américain, Mike Pence, et le premier ministre, Justin Trudeau, eurent appelé à la libération de Michael Kovrig et de Michael Spavor.
Les deux Canadiens ont été arrêtés le 10 décembre à la suite de la détention de Mme Wanzhou. Bien que la Chine ait nié avoir pris des mesures de représailles, elle a souvent laissé entendre qu'il existait un lien étroit entre les cas.
Michael Kovrig, un ancien diplomate et expert de l'Asie à l'International Crisis Group, et Michael Spavor, un homme d'affaires, ont été accusés d'avoir comploté pour voler des secrets d'État.
Le Canada a demandé à plusieurs reprises leur libération immédiate, qualifiant leur détention d' « arbitraire ». Ni l'un ni l'autre n'ont été autorisés à communiquer avec des avocats ou des membres de leur famille.
« Liste noire »
Le gouvernement chinois va par ailleurs créer sa propre liste noire d'entreprises étrangères « non fiables », a annoncé vendredi le ministère du Commerce.
Washington fait pression sur d'autres pays pour qu'ils limitent l'utilisation de la technologie de Huawei, prévenant qu'ils pourraient s'exposer à de la surveillance et à du vol d'informations. Huawei, qui dépend des puces électroniques de fabrication américaine pour équiper ses téléphones portables, est gravement touché dans son existence même, selon des experts.
La mesure annoncée vendredi par Pékin apparaît comme une réponse à l'offensive de l'administration Trump contre Huawei.
« Les entreprises, organisations et particuliers étrangers qui n'obéissent pas aux règles du marché, qui s'éloignent de l'esprit d'un contrat, qui imposent des embargos ou cessent d'approvisionner des entreprises chinoises pour des motifs non commerciaux et qui nuisent gravement à leurs intérêts et droits légitimes seront placés sur une liste d'entités non fiables », a annoncé un porte-parole du ministère chinois du Commerce.
Cette nouvelle mesure est annoncée à la veille de l'entrée en vigueur de nouveaux droits de douane punitifs en Chine sur des produits américains, près d'un an après le début des hostilités commerciales déclenchées par le président américain Donald Trump.