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Pesticides : le sous-ministre de l’Environnement est inquiet de ce qu’il a découvert

Le sous-ministre Marc Croteau, du ministère de l'Environnement du Québec, lors de la commission parlementaire sur les pesticides, mardi.

Le sous-ministre Marc Croteau, du ministère de l'Environnement du Québec, lors de la commission parlementaire sur les pesticides, mardi.

Photo : Capture d'écran/AssNat

Le premier jour de la commission parlementaire sur les pesticides a été riche en enseignements. Le sous-ministre Marc Croteau a révélé que, l'an dernier, un petit groupe d'agronomes liés à l'industrie a été responsable de la moitié des prescriptions du pesticide le plus à risque pour la santé et l'environnement, l'atrazine.

« Je trouve ça très préoccupant », a déclaré, sans filtre, le sous-ministre du ministère de l’Environnement devant les députés réunis pour l’entendre au sujet des pesticides, mardi.

Marc Croteau a expliqué que, l’an dernier, 127 agronomes ont délivré 1500 prescriptions d’atrazine à des agriculteurs. Parmi ces agronomes, 15 ont été responsables de plus de la moitié des prescriptions.

« Ce constat est d’autant plus préoccupant qu’il s’agit d’agronomes employés principalement par des fabricants ou des distributeurs de pesticides », a expliqué le sous-ministre.

Ce qu’ont dit les journalistes est donc vrai. Ça m’inquiète.

Une citation de Marie-Louise Tardif, députée de la CAQ de Laviolette-Saint-Maurice, lors de la commission parlementaire.

Radio-Canada révélait récemment que la majorité des agronomes qui conseillent les agriculteurs sur l'utilisation des pesticides sont des salariés des entreprises qui vendent ces produits. Mais ce n'est pas tout. La plupart touchent des primes, bonis ou commissions à la vente, une pratique interdite par le code de déontologie des agronomes.

D’autres problèmes détectés

L’atrazine est classée au Québec comme le pesticide le plus à risque pour la santé et l’environnement. Ce produit est interdit en Europe depuis une quinzaine d’années.

Depuis 2018, la province encadre son utilisation en obligeant les agriculteurs à obtenir une prescription d’un agronome avant de pouvoir en épandre. C’est grâce à ces déclarations que le ministère a pu recueillir des données.

Le sous-ministre s’est ainsi rendu compte que des agronomes omettent d’identifier le problème justifiant l’utilisation de l’atrazine ou bien ne proposent pas à l’agriculteur de solutions de rechange.

Ça ne répond pas au principal objectif de l’exigence, a expliqué Marc Croteau.

L’application de cette substance ne devrait être recommandée que lorsque c’est absolument nécessaire, de manière à en réduire l’utilisation.

Une citation de Marc Croteau, sous-ministre de l'Environnement du Québec.

Pressé de questions par la porte-parole libérale en matière d’Environnement et d’Agriculture, Marie Montpetit, le sous-ministre a expliqué que ce sera à l’Ordre des agronomes d’inspecter le travail de ces 15 professionnels pour comprendre ce qu’il s’est passé.

La commission parlementaire sur les pesticides a été mise en place dans la foulée du congédiement de l’agronome du ministère de l’Agriculture Louis Robert qui a dénoncé l’influence du lobby des pesticides sur les centres de recherche.

Au début du mois, Louis Robert a tenté de se faire élire à la présidence de l’Ordre des agronomes du Québec en proposant d’interdire à un agronome de prescrire des pesticides s’il est rémunéré par une entreprise qui fabrique, vend ou distribue ces produits.

Le lanceur d’alerte a perdu par une très courte marge de 15 voix.

Durant sa prise de parole, le sous-ministre Marc Croteau s’est permis de critiquer une décision des membres de l’Ordre des agronomes qui, lors d’une assemblée générale, en 2017, avaient « malheureusement » rejeté une proposition pour interdire la prescription d’atrazine à des agronomes recevant des bénéfices d’une compagnie commercialisant ce produit.

La Commission parlementaire reprendra ses travaux à la fin de l’été. Son mandat officiel est d’examiner les impacts des pesticides sur la santé publique et l’environnement, ainsi que les pratiques de remplacement innovantes disponibles et à venir dans les secteurs de l’agriculture et de l’alimentation, et ce, en reconnaissance de la compétitivité du secteur agroalimentaire québécois.

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