Montréal donne le coup d’envoi de son grand REV, le Réseau express vélo
Des cyclistes circulent sur une piste cyclable dans une rue de Montréal.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
« Un nouveau souffle pour Montréal » et « une nouvelle façon de voir la mobilité active » : la mairesse de Montréal, Valérie Plante, s'est montrée enthousiaste, lundi matin, au moment d'annoncer la mise en œuvre d'un de ses grands engagements en matière de cyclisme, le Réseau express vélo (REV).
« On va accélérer la cadence, on change de paradigme », a soutenu Mme Plante, alors qu’elle dévoilait les 5 premiers tronçons cyclistes qui seront aménagés à partir de cette année, sur les 17 que comptera à terme le REV.
Pour le moment, les travaux débuteront dans les corridors Berri–Lajeunesse–Saint-Denis, Viger–Saint-Antoine–Saint-Jacques, Souligny, Peel ainsi que Bellechasse, et devraient être achevés d’ici 2021. Par la suite, un ou deux tronçons seront ajoutés chaque année au réseau.
À terme, ce sont plus de 184 km de pistes cyclables que la Ville entend construire, améliorer ou sécuriser. L'administration profitera des travaux majeurs qu'elle entreprend pour procéder de façon graduelle à la construction de son REV.
« Ce qu’on veut, c’est une colonne vertébrale du réseau cyclable qui va être une véritable bouffée d’air frais pour tous ceux qui se déplacent à Montréal », a dit Mme Plante, qui espère à la fois « désengorger » le réseau actuel tout en convertissant de plus en plus de citoyens à la mobilité active.
Le réseau, qui possédera une signature visuelle distincte, attirera « ceux qui, jusqu’à maintenant, ne se sentaient pas en sécurité et hésitaient à aller travailler en vélo, ou amener les enfants la garderie, ou de laisser leurs plus jeunes aller à l’école en vélo », selon Mme Plante.
Cinq tronçons, pour commencer
Le plus grand de ces axes offrira une option de plus pour les utilisateurs qui se déplacent du nord au sud.
Le corridor Berri–Lajeunesse–Saint-Denis, d’une longueur de 10 km, reliera le boulevard Gouin au boulevard De Maisonneuve. Il sera accessible progressivement à partir de 2020.
Cette piste cyclable contribuera à « enlever de la pression » sur la ligne de métro orange « qui est à pleine capacité », a signalé la mairesse. « Les gens auront envie de prendre leur vélo pour se rendre au travail ou pour faire leurs courses », puisque la piste sera plus sécuritaire, a-t-elle ajouté.
Cet aménagement s’ajoute à la série de mesures annoncées la semaine dernière par la Ville pour alléger la fréquentation de la ligne orange du métro. « "Toute est dans toute", a lancé Mme Plante. Quand on réfléchit à des liens cyclables, on pense aussi au transport collectif. »
Le centre-ville sera desservi par un nouvel axe partant de Saint-Henri et se rendant à Berri et passant par le marché Atwater, le Vieux-Montréal et le Quartier des spectacles. Il fera 7,6 km de long. La Ville profitera des travaux de réaménagement du square Viger pour y ajouter un segment de la piste cyclable.
Un nouveau lien dans l’est de la ville, de 5,3 km, permettra aux résidents de Tétreaultville de rejoindre le lien qui existe déjà sur Notre-Dame en passant par l'avenue Souligny.
« Il va permettre de pallier un manque important d’infrastructures cyclables dans ce secteur », traversé par des autoroutes et des voies rapides, a indiqué Mme Plante. « Il était temps. »
En plein centre-ville, un petit tronçon de 2,1 km reliera le boulevard De Maisonneuve au Vieux-Port en passant par la rue Peel.
Enfin, Rosemont verra, avec l’aménagement sur la rue de Bellechasse d’une piste de 6,2 km, un nouveau lien est-ouest reliant des bibliothèques, le Collège de Rosemont et l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont.
Pas assez vite, dit la Coalition vélo de Montréal
Par voie de communiqué, l’un des groupes de pression cycliste les plus actifs de la métropole, la Coalition vélo de Montréal, a dit du bien du projet de l’administration Plante, reconnaissant que le REV « dans son ensemble représente un engagement fort de la Ville » et qu’il répond à ses réclamations.
Cependant, « la vitesse de réalisation du REV dans son ensemble est trop lente », a clamé la Coalition, en demandant à la Ville d’augmenter son budget alloué au cyclisme.
Ces propos trouvent écho chez la présidente-directrice générale de Vélo Québec, Suzanne Lareau, qui aurait aimé plus de précisions sur l'échéancier global du REV. « Ma seule réserve, ce serait qu’on déploie le REV plus rapidement, a-t-elle indiqué. Si on construit le pont Champlain en trois ans, on peut certainement être capable de construire le REV en six ou sept ans. »
La Coalition vélo de Montréal a également déploré l’absence d’une voie cyclable sur la rue Sherbrooke. « Il y a en moyenne 50 collisions par année impliquant des cyclistes sur Sherbrooke », a-t-elle affirmé, rappelant que ce lien était fort demandé par les participants à la consultation publique qui s’est tenue sur le sujet.
La rue Sherbrooke n'est effectivement pas incluse pour le moment, a reconnu la mairesse, « mais il n'est pas dit qu'elle ne le sera pas éventuellement ».
Inquiétudes sur la rue Saint-Denis
L’implantation d’une piste cyclable de chaque côté de la rue Saint-Denis n’est pas du goût de certains commerçants, qui souffrent déjà de la transformation des habitudes de consommation et d’une nouvelle offre commerciale en banlieue.
« C’est un genre de petite catastrophe », a estimé Madeleine de Villers, dont une boutique a pignon sur l’artère emblématique. « Je ne sais pas si la volonté c’est d’achever la rue Saint-Denis... »
« Avoir une piste cyclable 365 jours par année, quand on sait très bien que l’hiver il n'y a personne, ça m’apparaît comme une décision qui va nuire énormément au commerce », a ajouté Mme de Villers.
Le chef de l'opposition officielle à l'Hôtel de Ville, Lionel Perez, s'est également dit surpris d'apprendre que la rue Saint-Denis serait incluse dans le futur REV. « Ce n'est certainement pas ça qui va aider les commerces de la rue Saint-Denis », a-t-il commenté.
Dans sa présentation, l'administration a fait valoir que, selon des études effectuées dans d'autres villes comparables à Montréal, le commerce sur rue avait bénéficié de l'amélioration des infrastructures cyclistes.