Enquête Origine-Destination : Bonnardel défend tout de même un 3e lien dans l'est

Le ministre des Transport du Québec, François Bonnardel, défend la pertinence d'un nouveau lien routier dans l'est de la région de Québec.
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
François Bonnardel continue de défendre la pertinence d'un nouveau lien autoroutier dans l'est de la région de Québec. Pourtant, la majorité des déplacements en automobile s'effectue avec un point d'origine et de destination dans l'ouest, confirme une nouvelle étude sur les habitudes de circulation.
Selon les calculs du gouvernement, 40 % des déplacements interrives se font d’est en est, contre 60 % d’ouest en ouest.
« 31 000 vont à l’ouest et 21 000 à l’est. Ça nous démontre que les gens qui partent de l’est pour se rendre du côté est ont besoin nécessairement d’un lien additionnel », affirme le ministre des Transports.
Dans son analyse, le bureau du ministre considère que les arrondissements des Chutes-de-la-Chaudière-Est et de Desjardins, à Lévis, sont dans l’est du territoire.
À Québec les arrondissements de Beauport, de Charlesbourg, des Rivières et de La Cité-Limoilou sont présentés comme étant dans l’est.
On peut prétendre que ceux qui circulent d’est en est vont nécessairement utiliser le troisième lien.
C’est donc dire que, selon le ministre, un résident du secteur de Charny, à Lévis, aux abords des ponts actuels, ferait le détour par l’île d’Orléans pour traverser le fleuve Saint-Laurent.
La Cité-Limoilou est la principale destination des Lévisiens qui traversent le fleuve pour aller d'est en est.
« Un coup de pouce pour justifier un projet »
Pour Étienne Grandmont, directeur général d'Accès Transports viables, la division de l’est et de l’ouest de la région effectuée par le gouvernement est une façon de « donner un coup de pouce pour justifier un projet ».

Le directeur général d'Accès transports viables, Étienne Grandmont
Photo : Radio-Canada
Les résultats de cette nouvelle étude n’ont rien de surprenant, selon M. Grandmont, qui soutient « qu’il n’y a pas de besoin pour une infrastructure supplémentaire à l’est ».
C’est une décision complètement arbitraire. On dirait que ça sert à appuyer une décision politique.
Le ministre Bonnardel répond que « ce futur troisième lien n’est pas juste pour les gens de Québec et de Lévis. C’est pour tout l’est du Québec. C’est une question aussi de sécurité ».
Et les experts?
De son côté, Québec solidaire affirme qu’en ignorant les résultats de l’Enquête Origine-Destination, le gouvernement Legault refuse une fois de plus de faire confiance aux experts.
« Ça doit être un peu déprimant pour les fonctionnaires et les experts du gouvernement qui font des études, qui se penchent là-dessus depuis des mois et qui se disent : "On va sortir ça et le gouvernement ne s’en servira pas" », souligne la députée solidaire Catherine Dorion.

Cette portion de l'autoroute 40 est dans le corridor choisi par le gouvernement Legault pour la construction d'un troisième lien dans l'est.
Photo : Radio-Canada / Carl Boivin
Si les données recueillies par l'Enquête Origine-Destination ne remettent pas en cause le corridor choisi pour réaliser le projet de troisième lien, le ministre assure qu'elles serviront à « prendre la meilleure décision pour le meilleur tracé ».
« On va utiliser ces chiffres pour bien comprendre de quelle façon on va modéliser ce troisième lien », précise François Bonnardel.
Transport collectif
Le Réseau de transports de la Capitale (RTC) affirme que les données contenues dans l'Enquête Origine-Destination sont un signal clair qu'il faut investir dans l'offre en transport collectif.
« On est à la croisée des chemins. Si on n’offre pas ces options-là, l'effet de congestion va juste s'accentuer », affirme le président du RTC Rémy Normand.
L'enquête du ministère des Transports révèle une baisse d'achalandage au RTC entre 2011 et 2017.
Rémy Normand précise toutefois que la tendance est de nouveau à la hausse ces deux dernières années, ce qui correspond au moment où des investissements ont été effectués pour bonifier l'offre.
Accès Transports viables analyse que les zones à l’est doivent être mieux desservies par le transport collectif.
« [Avec] une bonne interconnexion entre les deux sociétés de transport de Québec et de Lévis, on vient d’augmenter l’offre à beaucoup moins de frais que si on se fait un troisième lien dans l’est où il n’y a pas de demande actuellement », explique Étienne Grandmont.
« Les gens se déplacent en voiture »
Le maire de Lévis Gilles Lehouillier estime que l’amélioration de l’offre en transport en commun n’est pas suffisante pour décongestionner les routes de la région.
Tout comme le ministre des Transports, il affirme que la voiture est « le mode de transport préféré des gens » et qu’il faut un troisième lien.

Le maire de Lévis, Gilles Lehouillier
Photo : Radio-Canada / Marc-Antoine Lavoie
Il a une baisse dans le transport en commun parce qu'on est dans une région qui a des particularités. Les gens se déplacent en voiture.
Le ministre François Bonnardel précise toutefois qu’il est « extrêmement important » d’investir dans le transport collectif.
« Si on veut changer le comportement des gens, il faut offrir un réseau de transport structurant qui sera bon », assure-t-il.
Avec la collaboration de Nicolas Vigneault, Olivier Lemieux et Charles D'Amboise