Les travailleurs âgés, « un potentiel sous-exploité », soutient la Fédération des chambres de commerce

Un travailleur âgé à l'œuvre dans une usine
Photo : iStock
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Si Québec veut maintenir au travail les employés plus âgés, voire inciter ceux qui ont pris leur retraite à revenir sur le marché du travail, il nous faudra collectivement réfléchir à la question de savoir si 65 ans « est toujours l'âge optimal pour prendre sa retraite », estime le PDG de la Fédération des chambres de commerce du Québec, Stéphane Forget.
Plusieurs pays, comme les États-Unis, la France, l'Allemagne et l'Australie, ont repoussé à 67 ans l'âge de la retraite. Et si 65 ans est probablement l'âge de retraite optimal pour des travailleurs manuels, il ne l'est peut-être pas pour tous les types de travailleurs, a-t-il souligné au cours d'une entrevue, mardi.
Le ministre du Travail, Jean Boulet, annonçait lundi une offensive de séduction auprès des travailleurs expérimentés pour contribuer à résoudre les problèmes de rareté de main-d'oeuvre dans bien des secteurs. Parallèlement, la Fédération des chambres de commerce a réalisé une étude sur le « potentiel sous-exploité » qu'ils représentent.
Le Japon généreux
L'étude fait notamment référence au Japon, qui a adopté des mesures qui ont connu un succès certain en la matière. Les organisations qui recrutent des travailleurs de 60 à 64 ans touchent une subvention équivalant à une somme de 6250 $ à 11 250 $ par recrutement.
On y offre aussi une subvention de 500 $ par mois à toute entreprise qui prend à l'essai pendant trois mois un travailleur de 45 ans et plus. Et cela fonctionne, puisque les taux de maintien après trois mois dépassent 75 %.
M. Forget souligne que les gouvernements du Québec et du Canada ont déjà adopté des crédits d'impôt en ce sens, qui sont particulièrement intéressants pour les plus bas salariés.
Enlever des barrières
Mais on pourrait faire plus par des mesures simples, souligne-t-il.
« Au Régime des rentes du Québec, quelqu'un qui décide de commencer à recevoir sa rente, si huit mois après avoir débuté, il décide de retourner sur le marché du travail à temps plein, il appelle à Retraite Québec en disant : ''J'aimerais arrêter de percevoir ma rente, parce que je suis retourné sur le marché du travail'', la réponse actuellement va être : ''Monsieur, ça fait plus de six mois, et on ne peut pas arrêter''. Est-ce qu'on ne pourrait pas penser à modifier cela? », demande M. Forget.
Des conventions collectives pourraient également être modifiées pour permettre aux travailleurs expérimentés de réduire graduellement le nombre de jours de travail de leur poste à temps complet, en passant de cinq à quatre, puis à trois jours, afin de permettre à un autre employé de travailler les autres jours de ce poste, illustre M. Forget.
Campagne contre les préjugés
L'étude suggère de mener une campagne de sensibilisation pour déconstruire certains préjugés, comme ceux voulant que les travailleurs expérimentés soient réfractaires à la technologie et qu'ils ne veuillent plus apprendre.
« Il va falloir faire évoluer le rapport de la société avec l'âge », note M. Forget. Dans les pays où de telles initiatives ont fonctionné, il a fallu faire d'importantes campagnes de promotion, tant auprès des entreprises que des travailleurs.