Perdre le Nord : quand l’écoanxiété devient une réalité
Le 22 avril, peu après 19 h, il faisait 15 degrés Celsius sur l’avenue Franklin, l’artère principale de la ville de Yellowknife, capitale des Territoires du Nord-Ouest.
Photo : Radio-Canada / Chantal Srivastava
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Signe des temps, la fin de l'hiver et le début du printemps 2019 ont été beaucoup plus chauds que la normale à Yellowknife, dans les Territoires du Nord-Ouest. Cette hausse des températures est une importante source de préoccupation pour plusieurs résidents.
« Normalement, sur le Grand lac des Esclaves, la glace atteint presque 2 mètres d’épaisseur, mais cette année, elle était deux fois plus mince », raconte Brian Abbott.
Depuis 10 ans, M. Abbott gère une petite entreprise de pêche commerciale. Et il constate que les poissons ne sont plus là où il avait l’habitude de les trouver.
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Un festival d’hiver écourté
En mars, la chaleur a été telle que le Snowking Winter Festival, une grande fête hivernale qui dure normalement tout le mois, a dû clore ses activités deux semaines plus tôt que prévu. « Du jamais vu en 24 ans », s’inquiète Mike Mitchell, du comité organisateur.
Le château de glace a littéralement pris l’eau et a dû être fermé par mesure de sécurité. Tout un revers pour les organisateurs, qui avaient programmé concerts et activités. Et aussi pour la communauté, qui attend toujours avec impatience ce grand rassemblement hivernal.
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Dur pour le moral
La fin prématurée du festival d’hiver a pris plusieurs habitants au dépourvu, selon la Dre Courtney Howard, présidente de l’Association canadienne des médecins pour l’environnement.
Plusieurs familles avaient prévu fréquenter le château de glace et participer aux activités durant les vacances scolaires. « Ils sont restés ici pour ça. Et le château était fermé! C’est dur pour le moral », déplore Courtney Howard.
À un point tel qu’avec l’ONG Ecology North, elle en a profité pour organiser une soirée afin de sensibiliser la population à l’écoanxiété, un malaise sournois de plus en plus associé aux bouleversements climatiques.
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La médecin, qui intervient auprès des Premières Nations sur tout le territoire, recueille de nombreux témoignages d’aînés inquiets qui ne reconnaissent plus la nature qu’ils côtoient depuis toujours.
Un phénomène que confirme Stacey Sundberg, de la Première Nation des Dénés Couteaux-Jaunes.
Lors d’un récent atelier tenu à Yellowknife, Stacey Sundberg a pu observer le désarroi de plusieurs Autochtones.
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La hausse des températures et la fonte du pergélisol isolent aussi plusieurs communautés qui empruntent les routes de glace pour circuler sur le vaste territoire.
Le reportage de Chantal Srivastava a été diffusé à l'émission Les années lumière, à ICI Radio-Canada Première.