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École à la maison : des parents demandent un sursis de trois ans au ministre Roberge

Une mère aide son fils dans ses lectures. Ils sont installés côte à côte à une table de cuisine.

Le ministre québécois de l'Éducation entend encadrer plus sévèrement l'enseignement à la maison.

Photo : Radio-Canada

Des groupes de parents demandent au ministre québécois de l'Éducation, Jean-François Roberge, de surseoir à son projet de règlement qu'il entend faire adopter pour encadrer plus sévèrement l'enseignement à la maison.

Plus précisément, ils souhaitent que le gouvernement Legault mette la nouvelle réglementation sur la glace pour les trois prochaines années.

Pour le porte-parole de l'Association éducative juive pour l'enseignement à la maison, qui représente 2000 enfants juifs de communautés hassidiques, la décision du ministre Roberge est « vraiment inacceptable ».

« C’est vraiment désolant pour nous. Le ministre vient de changer unilatéralement les règlements, sans consultations », a-t-il déclaré.

Nous demandons au ministre de reporter ce projet de règlement.

Une citation de Abraham Ekstein, porte-parole de l'Association éducative juive pour l'enseignement à la maison

Or, questionné mercredi matin par les journalistes, Jean-François Roberge s'est voulu catégorique : aucun délai supplémentaire ne sera accordé.

« On écoute tout le monde. On est à la fin du processus de consultation. Je ne pense pas que ce soit une bonne chose de retarder [le dépôt du règlement] », a déclaré le ministre.

En mars dernier, M. Roberge a annoncé qu'il allait resserrer les règles qui encadrent l'école à la maison. Avec son projet de règlement, le gouvernement veut s'assurer que les enfants voient les mêmes matières qu'à l'école et qu'ils fassent les mêmes examens que ceux qui fréquentent un établissement scolaire.

Québec souhaite ainsi lutter contre le phénomène des écoles religieuses illégales.

Aux yeux de Véronique Lauzon, qui fait l’enseignement à la maison à ses deux fils depuis plusieurs années, les changements proposés par le ministre n’annoncent rien de bon.

« Ce sont les écoles religieuses qu’il vise, mais je ne connais aucune famille qui fait l'école à la maison que ça ne va pas affecter. Parce que j’en connais aucune qui avait décidé de faire les examens du ministère et de suivre le programme à la lettre », explique-t-elle.

Pour moi, suivre le programme, c'est descendre le niveau de qualité de mon enseignement.

Une citation de Véronique Lauzon, mère de famille

Un recul

La présidente de l'Association québécoise pour l'éducation à domicile, Noémie Berlus, déplore la décision du ministre. Pour elle, il s’agit d’un recul.

« Ce n'est pas qu'on n’aime pas le programme québécois. On veut juste pouvoir l'aborder à notre manière en suivant le rythme, les intérêts et les besoins de nos enfants », affirme-t-elle.

Mme Berlus considère que ce projet de règlement atténue la flexibilité dont disposent les parents lorsqu'ils choisissent de faire l'école à la maison.

« Le problème dans le règlement de M. Roberge, c'est que les enfants doivent suivre la même progression des apprentissages qu'à l'école [...] C'est un concept industriel de l'apprentissage. Il faut que notre Big Mac soit fait en tant de secondes et qu'il sorte toujours pareil, mais nos enfants ce ne sont pas des Big Mac », fait-elle valoir.

Elle ajoute : « Ce qui est la richesse de l'école à la maison, c'est qu'on peut vraiment s'adapter aux besoins de notre enfant. »

Selon Mme Berlus, plus de 5000 enfants sont scolarisés à la maison au Québec.

Les dispositions de l'ex-ministre Proulx

Les groupes de parents demandent au ministre Roberge de suspendre son projet de règlement afin de voir si les dispositions qui ont été mises en place par l’ancien ministre libéral de l’Éducation, Sébastien Proulx, fonctionnent.

Depuis le début de la présente année scolaire, une nouvelle réglementation encadre l’école à la maison au Québec.

« Il faut donner la chance au règlement Proulx. On veut que les familles soient consultées, qu'on détermine quels sont les problèmes et qu'on trouve des solutions », explique Noémie Berlus.

Elle craint que, si le ministre Roberge va de l'avant avec son projet de règlement, des parents retombent dans la clandestinité.

« Ils pourraient juste ne pas dire au ministère qu'ils existent et continuer à faire l'éducation de leurs enfants à la maison sans que le gouvernement sache ce qu'ils font », prévient-elle.

Pour sa part, le ministre Roberge a qualifié les dispositions du gouvernement précédent de « n'importe quoi ».

« Oui on peut enseigner à la maison, mais pas n'importe comment », a martelé le ministre.

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