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Encadrement de l'école à la maison : « On pense quitter le Québec », dit une mère du Centre-du-Québec

Des enfants autour d'une table qui dessinent et jouent

Ces enfants, qui habitent au Centre-du-Québec, font l'école à la maison.

Photo : Radio-Canada

Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Québec veut encadrer davantage l'école à la maison. Le ministre de l'Éducation évoque notamment un moyen pour lutter contre le phénomène des écoles religieuses illégales. Mais voilà que des parents se soulèvent devant ce qu'ils considèrent une menace à leurs droits et ceux de leurs enfants. Des familles centricoises envisagent même de quitter la province si Québec va de l'avant avec ce nouveau règlement.

Dans le salon, sept petites filles, toutes âgées de 10 ans et moins, s’amusent. Johannie Riendeau et ses enfants sont en visite chez Caroline Bélanger. Les deux femmes ont chacune quatre enfants et font l’école à la maison.

Il y a neuf ans, Caroline Bélanger s’est tournée vers cette méthode d’enseignement alternative, celle qui convenait le mieux à sa famille selon elle.

[Ça permet] à chaque enfant de se développer et d'apprendre à sa façon, de respecter son rythme d'apprentissage, dit-elle.

Johannie Riendeau fait la lecture à quatre fillettes.

Johannie Riendeau fait l'école à la maison pour deux de ses quatre enfants.

Photo : Radio-Canada / Camille Carpentier

Dans sa maison de Villeroy, au Centre-du-Québec, l’apprentissage se fait par les livres, mais aussi le jeu et au gré des intérêts des enfants. Seule l'aînée fréquente l’école publique, par choix.

De son côté, sa fille de 10 ans, Juliette, ne pourrait pas s’imaginer sur les bancs d’école et voit plusieurs avantages à faire l’école à la maison.

Je ne suis pas obligée de faire une matière spécifique, je peux faire deux pages de français et je passe tout l'après-midi à faire de l'anglais, dit-elle.

Deux jeunes filles sont assises sur un lit alors que l'une joue de la guitare.

Florence Cantin et Juliette Doyon aiment faire l'école à la maison, ce qui leur donne plus de temps pour exercer leurs passions.

Photo : Radio-Canada / Camille Carpentier

Mais voilà qu’un nouveau règlement pourrait chambouler le quotidien de ces deux familles.

En mars dernier, le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, a annoncé un changement au Règlement sur l’enseignement à la maison, modifiant les dispositions adoptées par les libéraux près d’un an plus tôt. Depuis septembre dernier, les parents doivent notamment soumettre un plan d’apprentissage pour chaque enfant.

Dès la prochaine rentrée scolaire, les enfants qui font l’école à la maison devront dorénavant se soumettre aux examens du ministère de l’Éducation, ce qui n’était pas obligatoire avant.

Ce qui a dans le règlement actuellement, c'est un choix, a dit le ministre Roberge lors de l’annonce de cette modification le 27 mars. Vous pouvez soumettre votre enfant aux examens ministériels, ou pas. Vous pouvez choisir un parcours qui va mener à un diplôme, ou pas. C'est totalement inacceptable.

Le ministre de l'Éducation, Jean-François Roberge

Jean-François Roberge, le ministre de l'Éducation du Québec

Photo : Radio-Canada

Le ministre estime qu’il y aurait environ 5000 enfants qui font l’école à la maison au Québec.

L'élu ne s’en cachait pas, ce resserrement devait également permettre de lutter contre le phénomène des écoles religieuses illégales.

«  »

— Une citation de  Jean-François Roberge, ministre de l'Éducation

Or, des parents québécois sont furieux. Depuis quelques semaines, plusieurs ont écrit au ministre ou ont manifesté leur colère dans les rues.

Des enfants et des adultes marchent dans une rue avec des pancartes où l'on peut lire «Liberté éducative».

Des familles ont manifesté à Montréal contre les modifications que veut apporter le gouvernement au Règlement sur l'enseignement à la maison.

Photo : Caroline Bélanger

Caroline Bélanger et Johannie Riendeau portent un carré mauve en signe de solidarité avec ce mouvement. Elles craignent de devoir orienter l’ensemble de leur plan d’apprentissage en fonction du programme scolaire québécois et des examens ministériels.

Ça restreint la flexibilité du choix de vie qu’on a fait, déplore Caroline Bélanger.

Elle redoute l’impact que cela aura sur l’une de ses filles qui éprouve des difficultés d’apprentissage et pour qui faire l’école à la maison lui permet d’apprendre à son propre rythme.

Johannie Riendeau et sa famille songent même à déménager.

«  »

— Une citation de  Johannie Riendeau
Les deux mamans assises à une table en entrevue avec un carré mauve sur leur chandail

Ces deux mères, Johannie Riendeau (à gauche) et Caroline Bélanger (à droite), tiennent à ce que leurs enfants respectifs continuent à faire l'école à la maison.

Photo : Radio-Canada

Caroline Bélanger n’écarte pas non plus cette possibilité, afin de préserver le style de vie qu’elle a choisi pour ses enfants. Elle demande au gouvernement un délai d'au moins trois ans pour permettre aux familles de s'ajuster aux dispositions mises en place par les libéraux avant d'en ajouter de nouvelles.

Les familles ont jusqu’au 10 mai pour se faire entendre auprès du Ministère. La modification au règlement devrait entrer en vigueur le 1er juillet.

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