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Nouvel empereur : le Japon craint un nouveau bogue de l’an 2000

Le prince Naruhito et son père, l'empereur Akihito, lors de la cérémonie du Nouvel An 2019.

Le prince Naruhito (à gauche) succédera à son père, l'empereur Akihito (à droite), le 1er mai.

Photo : AFP / Jiji Prince

Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

À minuit le 1er mai, un nouvel empereur montera sur le trône du chrysanthème au Japon. Pour le reste du monde, rien ne changera, mais au Japon, les calendriers – y compris ceux des systèmes informatiques – devront être remis à zéro. Un casse-tête qui fait craindre à nouveau un bogue comme à la veille de l'an 2000.

L’accession au trône d’un nouvel empereur est synonyme du début d’une nouvelle ère au Japon. L’ère actuelle, celle de Heisei, est en cours depuis le couronnement de l’empereur Akihito, en 1989. La nouvelle ère, celle de Reiwa, commencera à son abdication et à l’arrivée de son fils aîné, l’actuel prince héritier Naruhito.

Alors qu’on imagine que les précédents changements d’ère ont été des cauchemars pour les imprimeurs de calendriers, ce sont cette fois les informaticiens qui sont préoccupés. Il s’agit en effet du premier changement d’ère impériale depuis la démocratisation de l’informatique.

De nombreux systèmes informatiques, y compris tous ceux du gouvernement japonais, doivent être rapidement mis à jour pour que leur système de datation affiche l’an 1, le matin du 1er mai. Le nouveau nom d’ère devra également être reflété sur les sites et les formulaires officiels.

Les experts craignent de nombreux bogues causés par cette mise à jour inédite, tels que des pertes de données, des courriels perdus et des connexions interrompues. La petite ville de Koga, au nord de Tokyo, a par exemple effacé accidentellement 1650 factures d’eau en raison des changements apportés à ses systèmes.

Un coût considérable

« Le changement de nom d’ère aura un énorme effet sur les grandes entreprises qui ont des systèmes complexes », a indiqué au New York Times Gaku Moriya, directeur adjoint de la division de l’innovation des technologies de l’information au ministère japonais de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie.

Ce changement pourrait en effet coûter cher aux entreprises et aux différents paliers de gouvernement. Par exemple, la ville de Nagoya, avec ses 2,3 millions d’habitants, estime qu’elle devra dépenser l’équivalent d’environ 5,8 millions de dollars en lien avec ce changement.

Les grandes entreprises devraient majoritairement être épargnées, puisqu’elles utilisent pour la plupart le calendrier grégorien. Mais les entreprises dont les systèmes informatiques sont vieux et celles qui ne disposent pas d’assez de ressources pour effectuer les mises à jour à temps, telles que les PME et les petites institutions financières, risquent fort d’être touchées par les conséquences du changement d’ère.

« Certaines entreprises privées ne sont peut-être pas suffisamment sensibilisées au problème et ne savent pas quels désagréments elles rencontreront, a ajouté M. Moriya. Certaines entreprises japonaises utilisent le même système depuis deux ou trois décennies. L’intérieur de ces systèmes s’est transformé en boîte noire [pour les informaticiens]. »

L’impossibilité de mettre à jour les vieux serveurs et ordinateurs pourrait donc avoir l’avantage de forcer les entreprises à se moderniser.

L’adoption du calendrier grégorien en hausse

Les citoyens ordinaires seront eux aussi affectés par l’arrivée de l’ère de Reiwa. Des lettres frauduleuses circulent actuellement dans l’archipel, appelant les destinataires à envoyer leurs informations personnelles pour s’assurer que leurs comptes bancaires sont bien mis à jour, selon le diffuseur public NHK.

Les préoccupations suscitées par le changement d’ère et ses conséquences sur les systèmes informatiques ont alimenté un mouvement grandissant pour l’adoption officielle du calendrier grégorien. La plupart des Japonais se servent déjà de ce calendrier largement répandu dans le monde, et le gouvernement l’utilise également dans ses relations internationales et pour les Olympiques de Tokyo de 2020.

Même la Chine, d’où le calendrier impérial japonais a été importé, est passée au calendrier grégorien.

Entre modernité et tradition

Mais la culture japonaise entretient une relation complexe avec la modernité et les traditions. Le Japon est par exemple encore largement dépendant du fax, une méthode de transmission de documents ayant presque disparu ailleurs sur la planète.

Beaucoup de Japonais ne sont pas prêts à tourner entièrement le dos au calendrier impérial, puisque ses différentes ères sont très évocatrices dans ce pays. Tandis que l’Occident a ses années 1960 et que le Commonwealth, son ère victorienne, les Japonais se réfèrent aux ères impériales pour se remémorer les périodes marquantes de l’archipel.

« C’est une façon de diviser l’histoire, a indiqué à Reuters Jun Iijima, un avocat de 31 ans. Si vous ne faisiez que compter les années, le système occidental serait probablement suffisant. Mais le [système impérial] donne une certaine signification à une période historique. »

Cette résistance au changement sera mise à l’épreuve le 1er mai, alors que les Japonais pourront finalement mesurer les conséquences réelles du « bogue de l’an 2019 ». Ce n’est qu’à ce moment que les informaticiens du pays pourront conclure si Reiwa, ou « belle harmonie » en japonais, est un nom bien choisi pour l'ère qui s’amorcera.

Avec les informations de The New York Times, et Reuters

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