Faire face au déluge : les nombreuses protections du Manitoba contre les inondations

Au Manitoba, depuis l’inondation de 1950 qui avait plongé la ville de Winnipeg sous l’eau, la mise en place d’infrastructures a permis d'éviter le pire lors des inondations qui ont par la suite frappé la province.
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
C'est un combat qui revient très souvent au printemps : les humains luttent contre l'eau de la fonte des neiges qui menace de dévaster des communautés entières. Au Manitoba, des travaux exécutés au cours des 60 dernières années ont renversé l'équilibre des forces et permis d'éviter le pire lors des inondations qui ont frappé la province.
Il faut retourner en 1950 pour comprendre les dommages que pourrait causer la montée des eaux en l'absence des mesures de protection. Lors de cette inondation, 10 000 maisons ont été détruites et 5000 autres immeubles ont été endommagés. Des dommages d'une valeur de 125 millions de dollars à l'époque ont été causés par l'eau, ce qui représente environ 1 milliard en dollars constants.
À Winnipeg, 100 000 habitants ont dû être évacués, ce qui représentait à l'époque le tiers de la population. L'armée canadienne et la Croix-Rouge avaient été appelées en renfort.
À la suite de cette crue de la rivière Rouge, le gouvernement s'est penché sur les moyens d'éviter qu'une telle situation se reproduise. Entre 1952 et 1958, il a ainsi mis sur pied l'Enquête sur le bassin de la rivière Rouge et la Commission royale sur les inondations.
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Des canaux pour protéger la capitale
C'est de cette commission qu'est venue l'idée de construire plusieurs infrastructures de protection, dont le canal de dérivation de la rivière Rouge et le canal de dérivation Portage sur la rivière Assiniboine. Achevés respectivement en 1968 et 1970, ces canaux ont grandement augmenté la protection de la capitale.
La structure à l'entrée du canal de dérivation de la rivière Rouge agit comme obstacle pour l'eau qui coule vers le lac Winnipeg, au nord. Lorsqu'elle est activée, cette structure augmente artificiellement le niveau de la rivière, portant l'eau à un niveau qui lui permet de se déverser par un système de vases communicants dans le canal qui contourne la capitale manitobaine. Cette eau continue de s'écouler vers le nord le long du canal jusqu'à ce qu'elle rejoigne la rivière Rouge près de Lockport, avant de se déverser dans le lac Winnipeg.
Selon la province, la construction de cette structure aurait permis à elle seule d'éviter des dizaines de milliards de dollars de dommages.
Le canal a par ailleurs été élargi à la suite de l'inondation de 1997 surnommée « inondation du siècle ». Sa capacité est alolrs doublée, passant de 1700 mètres cubes par seconde à 3964 mètres cubes par seconde. Cela permet de faire circuler l'eau de plus de 10 piscines olympiques par seconde le long du canal. En comparaison, le canal de dérivation Portage peut seulement écouler 708 mètres cubes par secondes vers le lac Manitoba.
En plus des canaux, la province a construit le barrage ainsi que le réservoir Shellmouth dans l'ouest de la province pour contrôler le débit de la rivière Assiniboine et protéger les communautés qui la longe. Finalement, la structure de contrôle de la rivière Fairford entre le lac Saint-Martin et le lac Manitoba permet de contrôler le niveau de ce dernier.
Des digues pour protéger les villages
Cependant, ces infrastructures ne permettent pas de protéger les communautés situées le long de la rivière Rouge entre la frontière américaine et Winnipeg. C'est pourquoi 18 d'entre elles sont maintenant protégées par des digues circulaires qui englobent les propriétés qui s'y trouvent.
Seules huit communautés étaient toutefois protégées en 1997 lors de l'inondation du siècle. Grâce à un financement de 130 millions de dollars, ces huit digues ont été améliorées et dix autres digues ont été construites. Elles dépassent toutes le niveau d'eau de l'inondation de 1997 par 0,6 mètre.
Hors des communautés, les gens ont surélevé leur demeure sur des buttes ou ont aménagé des digues sur leur propriété pour les protéger de crues printanières susceptibles d'atteindre le niveau de 1997. Les champs des fermiers restent toutefois à risque d'être inondés.
Selon la province, 95 % des maisons, des entreprises et des fermes dans la vallée de la rivière Rouge sont ainsi protégées. En 2009, ces digues auraient permis d'éviter 700 millions de dollars de dommages dans les communautés.