Les débuts de la nationalisation de l’électricité au Québec en 1944
Plaque d'une compagnie privée d'électricité sur un édifice.
Photo : Radio-Canada
Le 14 avril 1944, le gouvernement libéral d'Adélard Godbout crée la Commission hydroélectrique de Québec, abrégée en Hydro-Québec. C'est un premier pas vers la nationalisation de l'électricité, qui sera achevée avec la célèbre opération « Maîtres chez nous ».
1930-1944 : l'idée fait lentement son chemin
Saviez-vous que la nationalisation de l’électricité avait d’abord été une promesse de Maurice Duplessis, chef de l’Union nationale?
C’est ce que nous apprend cet extrait, ci-dessus, de l’émission Aujourd’hui du 12 février 1968.
Les journalistes Michelle Tisseyre et Bernard Derome y dressent l’histoire politique d’Hydro-Québec.
Ils soulignent ainsi le cinquième anniversaire de la nationalisation complète de l’électricité par le gouvernement libéral de Jean Lesage.
L’idée de nationaliser l’électricité remonte aux années 1930.
Elle est initialement formulée par le Dr Philippe Hamel, scandalisé que les ressources naturelles soient exploitées par des intérêts privés.
Avant la nationalisation
- 11 grandes entreprises se partagent le marché de l’électricité au Québec : la Shawinigan Water and Power, la Québec Power, la Southern Canada Power, la Saint-Maurice Power, la Gatineau Power, la Compagnie de pouvoir du Bas-Saint-Laurent, la Compagnie électrique du Saguenay, la Northern Québec Power, la Compagnie électrique de Mont-Laurier, la Compagnie électrique de Ferme-Neuve et la Compagnie de pouvoir de La Sarre.
Lors de la campagne électorale de 1936, Maurice Duplessis entraîne le Dr Philippe Hamel et son projet dans l’équipe de l’Union nationale.
Dans Le catéchisme des électeurs, ils dénoncent vertement le trust de l’électricité et s’engagent à nationaliser cette industrie.
Une fois élu, il n’en fera rien, ou très peu.
Il faudra attendre que les libéraux prennent le pouvoir en 1939 pour qu’un premier pas soit réalisé en ce sens.
Le 14 avril 1944, le gouvernement Godbout adopte la Loi établissant la Commission hydroélectrique de Québec.
1944-1962 : nationalisation à petits pas
Cette loi nationalise au passage deux entreprises privées de la région montréalaise : la Montreal Light and Power et Beauharnois Power.
Le gouvernement libéral d’Adélard Godbout est alors en fin de mandat et souhaite plaire à son électorat nationaliste.
« L'électricité est un facteur de progrès et de confort. La province de Québec a été particulièrement favorisée par la Providence et dans ce domaine de ressources hydroélectriques. »
Maurice Duplessis revient au pouvoir en 1944.
Lors de ses quatre mandats subséquents, Maurice Duplessis et l’Union nationale s’engagent davantage dans la nationalisation de l’électricité.
C’est durant cette période que l’on développe des moyens de transmission à haute tension qui permettront d'exploiter des sources d'énergie notamment dans les régions rurales québécoises.
Les centrales de Manicouagan, Bersimis et des Outardes prennent forme sous le règne de Maurice Duplessis.
Malgré cela, en 1960, Hydro-Québec n’est responsable que de 32,4 % de la production de l’électricité dans la province.
Une dizaine d'entreprises privées s’en partagent la plus grande part.
Des compagnies dont le service est inégal, dont les tarifs peuvent être exorbitants, qui innovent peu et, surtout, des compagnies à l’intérieur desquelles peu de Canadiens français accèdent à des emplois supérieurs.
Le Parti libéral du Québec reprend le pouvoir le 22 juin 1960.
Le candidat dans Laurier, René Lévesque, est élu et nommé promptement ministre des Ressources hydrauliques.
Au sein des libéraux, le projet de nationaliser complètement l’électricité fait son chemin. Le premier ministre Jean Lesage va chercher des appuis financiers aux États-Unis.
Le 30 août 1962, le gouvernement Lesage adopte le principe de la nationalisation de l’électricité.
Puis, à l’automne 1962, il déclenche des élections générales anticipées sur cette question.
La campagne électorale sera âpre et très animée.