Une adolescente accuse la police de Laval d’usage de force excessive
Des voitures de police de Laval (archives)
Photo : Radio-Canada / Mathieu Daniel Wagner
La police de Laval est accusée par une adolescente et sa famille d'avoir fait usage d'une force excessive lors de l'arrestation de la jeune fille de 16 ans au cours d'une fête, le 24 mars dernier, en fin de soirée.
La jeune fille affirme s’être retrouvée avec un nez cassé et des contusions autour des yeux après que la police eut tenté de la menotter.
Des photos d'une voiture de patrouille de la police de Laval tachée de sang, et d’autres de la jeune fille dans ce qui semble être un hôpital, avec son visage et son sweat-shirt ensanglantés, circulent sur les médias sociaux depuis l'incident.
CBC/Radio-Canada n’identifie pas la victime présumée puisqu'elle est mineure et qu'on s'attend à ce qu'elle soit accusée en rapport avec son arrestation.
Dimanche, la jeune fille a parlé de son expérience aux côtés de sa mère lors d'une conférence de presse organisée par le Centre de recherche-action sur les relations raciales (CRARR).
« Ma bouche était pleine de sang »
La jeune fille soutient que le soir de l'arrestation, elle s'était battue avec un ami à l'extérieur d'une fête à Laval.
La police a été appelée sur les lieux et lui a demandé si elle était impliquée dans une plainte qu'ils avaient reçue. Elle leur a dit qu'elle ne l'était pas.
Un officier a ensuite saisi son bras, mais elle s'est dégagée, et elle s'est retrouvée ensuite face contre terre sur l'asphalte.
Elle affirme qu'elle a été menottée et que sa tête a été placée sur le capot de la voiture de police : « Ma bouche était pleine de sang. Je criais qu'ils m'avaient cassé le nez et que je n'avais que 16 ans. »
Elle allègue qu'un agent lui a donné deux coups de poing dans la tête et l'a ensuite munie d'un garde-crachat.
« J'étais paniquée, a-t-elle expliqué lors de la conférence de presse. Je ne savais pas ce qui se passait. J'ai vu mon sang couler sur mon chandail en coton ouaté et je ne comprenais pas pourquoi. »
Elle dit avoir supplié les policiers de retirer le garde-crachat parce qu'elle avait du mal à respirer, et qu’elle s'étouffait avec le garde et le sang.
Elle ajoute qu’un des policiers lui a dit que c'était sa faute à elle si son nez était cassé.
La version de la police de Laval
La police de Laval a fait un récit différent de ce qui s'est passé lors de l'incident du 24 mars.
Elle soutient qu'un témoin avait téléphoné à la police pour signaler qu'il avait vu quelqu'un briser les rétroviseurs extérieurs de voitures garées près de la fête.
L'agent qui s’est rendu sur place a tenté d'arrêter une jeune femme dans le cadre de son enquête sur l'incident.
« Lorsque nous avons essayé de lui mettre les menottes, elle est tombée par terre et s'est cogné le visage contre le sol », a déclaré la porte-parole de la police de Laval, Evelyne Boudreau.
Après que l'incident eut acquis de la notoriété sur les médias sociaux, la conduite des agents qui ont procédé à l'arrestation a été examinée par leurs superviseurs et il a été déterminé qu'ils n'ont rien fait de mal, a expliqué Mme Boudreau.
« Au moment de notre arrivée, elle s'était déjà coupée. Elle avait du sang sur ses vêtements », a dit la porte-parole, qui a allégué que le sang venait des bris de rétroviseurs des voitures.
La jeune fille a reçu deux contraventions le soir où elle a été menottée : une pour ivresse publique et une autre pour agression d'un policier.
Le porte-parole de la police de Laval a déclaré que la jeune fille pourrait faire face à d'autres accusations criminelles, y compris d'obstruction à la justice et de méfaits liés aux dommages matériels.
Le vrai problème est la force excessive, dit le CRARR
Le directeur exécutif du Centre de recherche-action sur les relations raciales (CRARR), Fo Niemi, a déclaré dimanche que la version des faits de la police ne changeait rien à leur préoccupation centrale, qui était l'usage excessif de la force lors de l'arrestation de la jeune fille.
La mère a dit aux journalistes qu'elle pense que sa fille a probablement été prise pour cible parce qu'elle a la peau et les cheveux foncés, traits hérités de son père qui est d'origine africaine.
La famille soutient qu’elle contestera les contraventions avec l'aide d'un avocat, alors que le CRARR, de son côté, les aidera à déposer une plainte auprès de la police de Laval.