La secrétaire à la Sécurité intérieure de Trump quitte son poste

Kirstjen Nielsen va quitter son poste de secrétaire à la Sécurité intérieure des États-Unis
Photo : Reuters / Leah Millis
Kirstjen Nielsen quitte son poste de secrétaire américaine à la Sécurité intérieure, a annoncé Donald Trump dimanche. C'est Kevin McAleenan, l'actuel commissaire des douanes et de la protection des frontières des États-Unis, qui la remplace, a indiqué le président.
Mme Nielsen, 46 ans, occupait cette fonction depuis décembre 2017. Elle dirigeait un vaste département chargé de mettre en œuvre certaines des politiques les plus controversées de Trump, comme son projet de construire un mur à la frontière avec le Mexique et la séparation des enfants migrants de leurs familles interceptées après avoir franchi la frontière illégalement.
Elle avait rejoint l'administration de Donald Trump en janvier 2017 en tant que collaboratrice du secrétaire à la Sécurité intérieure, John Kelly. Elle a suivi ce dernier à la Maison-Blanche en juillet, en tant qu'adjointe, lorsqu'il a été nommé chef de cabinet de la Maison-Blanche.
Elle a par la suite prêté serment comme secrétaire à la Sécurité intérieure en décembre de la même année.
À ce poste, Kirstjen Nielsen était le visage de la politique d'immigration de Trump. Les relations étaient depuis longtemps perçues comme difficiles entre eux. On disait que le président se plaignait constamment de son travail, mais elle restait fermement loyale.
En novembre dernier, le Wall Street Journal avait rapporté que Trump avait décidé de remplacer Mme Nielsen, mais aucune annonce en ce sens n'était intervenue.
Le mois dernier, elle a défendu la déclaration d'urgence nationale décrétée par le président visant à assurer le financement d'un mur à la frontière avec le Mexique, une promesse électorale phare du candidat Trump.
De son côté, Kevin McAleenan travaille depuis longtemps au service des douanes et de la protection des frontières. Il est très respecté par les membres du Congrès et de l'administration américaine. Il a commencé à travailler pour l’État fédéral en 2006. Avant cela, il menait une carrière d’avocat en Californie.
Démission imminente
Des hauts responsables de l’administration américaine ont confié à CNN que Kirstjen Nielsen avait rendez-vous à 17 h à la Maison-Blanche, dimanche, où elle s’attendait à discuter de la question de l’immigration à la frontière mexicaine. Selon une de ces sources, elle n’avait pas l’intention de démissionner.
« Par la présente, je démissionne de mon poste de secrétaire américaine à la Sécurité intérieure, en vigueur le 7 avril 2019. [...] Malgré notre progrès à réformer la sécurité intérieure, j’ai décidé qu’il était le temps pour moi de me retirer », a-t-elle pourtant écrit dans sa lettre de démission.
Kirstjen Nielsen ne savait pas à quoi s’en tenir exactement depuis une semaine, où elle subissait la colère du président à propos de son traitement du dossier de la frontière mexicaine, rapporte le réseau américain.
Mme Nielsen a accordé plusieurs entrevues dans le but d’essayer de changer la vision que le président a d’elle, mais en vain, a indiqué à la chaîne CNN une source proche d’elle.
« Rien de ce qu'elle pouvait faire ou dire ne pouvait changer la façon dont le président la percevait », a affirmé cette source.
La secrétaire américaine à la Sécurité intérieure s’était préparée à la possibilité d’être congédiée à n’importe quel moment, mais en entrant à son rendez-vous elle ignorait que cela serait imminent, rapporte CNN.
Kirstjen Nielsen rejoint le bataillon déjà très fourni des ministres et responsables de l'administration Trump à avoir quitté leurs fonctions depuis les débuts du président républicain.
Impatience du président
Avec le départ de la secrétaire, le président signale une nouvelle fois sa volonté de durcir sa politique d'immigration au moment où le nombre d'interpellations de clandestins est en forte hausse à la frontière des États-Unis avec le Mexique.
Donald Trump s'était rendu vendredi à la frontière mexicaine, où il a commencé à faire ériger un mur pour empêcher le passage des candidats à l'immigration illégale. Il se plaint régulièrement de la faiblesse des lois américaines sur l'immigration et bataille avec le Congrès pour financer ce mur qui est l'une des principales promesses de sa campagne de 2016.
La police aux frontières estime à plus de 100 000 au mois de mars le nombre d'interpellations d'immigrants qui transitent par le Mexique mais sont pour la plupart originaires de trois pays d'Amérique centrale : le Honduras, le Salvador et le Guatemala.
M. Trump a multiplié ces dernières semaines et ces derniers jours les signes de sa volonté d'aller plus loin sur l'immigration. Il a déclaré une situation d'urgence nationale pour obtenir des pouvoirs exécutifs exceptionnels et obtenir les milliards de dollars nécessaires à la construction du mur frontalier.
Il a menacé la semaine dernière le Mexique d'une fermeture pure et simple de la frontière, estimant qu'il ne faisait pas suffisamment pour empêcher les migrants d'Amérique centrale de traverser son territoire. Il a finalement renoncé face aux avertissements dans son propre camp sur les conséquences dévastatrices qu'aurait eu une telle mesure pour l'économie.
Enfin, il a décidé la semaine dernière de changer de candidat à la direction de la police anti-immigration, estimant que son premier choix Ron Vitiello n'offrait pas assez de garanties de fermeté. « Nous voulons aller dans une direction plus dure », a-t-il justifié.
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