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Vers une tarification du transport en commun selon les revenus dans le Grand Montréal

Un métro bondé.

Une grande majorité des personnes interrogées est en faveur d'une tarification sociale dans les transports collectifs.

Photo : Radio-Canada

Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Évoquée depuis plusieurs années par des élus, la tarification sociale du transport collectif dans la grande région de Montréal pourrait prochainement voir le jour. L'organisme responsable du cadre tarifaire étudie cette option plébiscitée par les citoyens, qui consiste à moduler les tarifs selon les catégories d'usagers.

« C’est tout à fait faisable », assure Daniel Bergeron, le directeur de la planification et la mobilité de l'Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM), qui a la compétence exclusive pour fixer le cadre tarifaire des transports collectifs depuis sa création en 2017.

L’idée d’offrir une tarification sociale, qui permet une réduction de tarif à différentes strates de la population, est très majoritairement soutenue par les Québécois, selon un sondage mené par l’ARTM, qu'a pu consulter Radio-Canada.

L'organisme veut revoir la tarification pour l’ensemble des transports collectifs, une révision qui pourrait débuter dès l’année prochaine. « On veut la simplifier et l’adapter aux besoins », détaille Daniel Bergeron, précisant que « selon l’ampleur de la refonte », les délais d’implantation pourraient néanmoins « prendre quelques années ».

Une promesse de Denis Coderre et de Valérie Plante

Principal enseignement de ce sondage : 89 % des répondants disant utiliser le transport collectif se montrent très favorables, plutôt favorables ou neutres à l'instauration d’un prix réduit pour les personnes à faible revenu. Chez les non-usagers, le taux d'approbation est de 86 %.

Ce sont notamment les femmes, les plus de 50 ans, les personnes seules, celles vivant au centre de Montréal et les ménages ayant un revenu familial inférieur à 25 000 $ qui sont les plus favorables à ce principe.

À ce jour, aucune catégorie de titres de transport ne varie en fonction du revenu des utilisateurs. Seuls les étudiants ou encore les aînés peuvent bénéficier d'une réduction.

Les principes de tarification sociale évalués :

  • Prix réduit pour les déplacements en famille : 62 % des répondants très favorables
  • Prix réduit pour les personnes à faible revenu : 63 % des répondants très favorables
  • Prix réduit pour les personnes avec des conditions particulières (en recherche d’emploi, invalidité, etc.) : 58 % des répondants très favorables
  • Prix réduit pour les étudiants : 74 % des répondants très favorables
  • Prix réduit pour les aînés : 73 % des répondants très favorables

Cette proposition avait déjà été mise de l’avant par l’ancien maire Denis Coderre, qui visait alors les bus et métros montréalais, lors de ses campagnes électorales de 2013 puis 2017. L’actuelle mairesse, Valérie Plante, avait elle aussi promis cette mesure, tout en ajoutant la gratuité pour les jeunes et les aînés.

Une variation des tarifs en fonction des revenus existe déjà dans plusieurs villes canadiennes, comme Toronto, Calgary et Gatineau. Calgary propose par exemple des réductions allant de 50 % à 95 % du tarif mensuel régulier.

Qui paierait?

L’ARTM ne veut pas s’avancer sur le financement de ce type de mesure. « On évalue les scénarios », explique sobrement Daniel Bergeron, soulignant que la somme requise varie selon les niveaux de rabais et le seuil du revenu familial qui seraient adoptés.

«  »

— Une citation de  Daniel Bergeron, le directeur de la planification et de la mobilité de l'ARTM

Ainsi, une hausse des tarifs réguliers pourrait compenser la baisse d’autres tarifs « à défaut d’autres sources de financement », admet-il.

Le gouvernement du Québec devrait-il intervenir pour financer cette mesure? Cette option est « considérée » par l’ARTM qui veut cependant rester prudente. « On ne mettra pas tous nos œufs dans le même panier », répond Daniel Bergeron.

L’important, insiste-t-il, est de « préserver la qualité et l’intégrité des services actuels ». La population, spécifie-t-il, accorde plus d'importance « à la fiabilité, la qualité et la simplicité des services » qu'au prix actuel du transport collectif.

D’autres consultations vont désormais être menées par l’ARTM, qui a lancé une plateforme numérique pour informer les citoyens. Différents scénarios seront soumis à la population dans les prochains mois.

L’organisme espère présenter une proposition finale en décembre, qui devra être adoptée par son conseil d’administration, réunissant des membres indépendants et des élus de la Communauté métropolitaine de Montréal.

Une idée saluée

Invitée à réagir aux résultats de ce sondage, la Ville de Montréal ne cache pas sa satisfaction.

«  »

— Une citation de  Éric Alan Caldwell, responsable de la mobilité pour l’administration Plante

Sans spécifiquement nommer le gouvernement provincial, le conseiller Éric Alan Caldwell lance un appel à un financement accru du transport collectif. « Il faut savoir miser sur notre réseau de transport collectif », souligne l’élu en évoquant un « outil de développement social ».

« Les coûts sociaux économiques de l’isolement, du manque d’accès à l’emploi sont dévastateurs », ajoute-t-il.

Une volonté partagée par Trajectoire Québec, un organisme de promotion des droits des citoyens en matière de transport collectif. « Il faut une nouvelle source de revenu provincial pour financer ce genre de démarche qui est plutôt sociale, clame le président de cet organisme, François Pépin. Il ne faut pas que ce soient les municipalités ou les autres usagers qui paient le coût d’une tarification sociale. »

Ce sondage a été réalisé en ligne du 1er au 22 novembre 2018 par la firme Dialogs. Plus de 3500 personnes, résidents de l’agglomération de Montréal mais aussi dans les couronnes nord et sud, y ont répondu, dont 55 % étaient des usagers du transport collectif.

Autres éléments du sondage

  • 15 % des non-usagers parlent d’un coût élevé du transport collectif
  • L’attachement à la voiture (45 %) est la principale raison citée pour ne pas utiliser ce service
  • 46 % des usagers sont réticents à une tarification selon la période du jour

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