Signes religieux : les membres de Québec solidaire votent pour la totale liberté

Les membres ont voté pour l'option B à la quasi-unanimité.
Photo : Radio-Canada / Mathieu Dion
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Réunis à l'occasion de leur Conseil national, les membres de Québec solidaire ont estimé à la quasi-unanimité qu'aucune règle particulière ne doit régir le port des signes religieux.
Deux visions de la laïcité s’imposeront lors des débats à l’Assemblée nationale. Alors que la CAQ estime qu’un État laïque doit interdire le port des signes religieux chez les employés de l’État, les membres de Québec solidaire pensent plutôt qu’il doit garantir ces libertés et ne pas se mêler des choix confessionnels des citoyens.
Ils ont ainsi voté à la quasi-unanimité en faveur de l’option B qui leur était proposée. Celle-ci prônait qu’« aucune règle particulière sur les signes religieux ne devrait s’appliquer ».
L’option A, quant à elle, préconisait le statu quo, soit l’interdiction de signes religieux pour les employés de l’État en autorité tels que les juges, les procureurs, les policiers et les gardiens de prison.
Un autre point a également été approuvé. Il autorise des employés de l'État à travailler le visage couvert sauf si cela nuit à sa tâche, s'il y a des enjeux de sécurité, si l'employé fait du prosélytisme et s'il ne respecte pas son devoir de réserve.

Québec Solidaire se place comme l'opposition officielle dans le débat autour de la laïcité.
Photo : Radio-Canada
Lors du point de presse qui a suivi le vote, la chef parlementaire Manon Massé a lancé : « C’est l’État qui est laïque, pas les individus. La ligne a été tracée aujourd’hui. Personne ne devrait perdre son emploi parce qu’il ou elle porte un signe religieux. Nous avons tourné la page du compromis Bouchard-Taylor ».
Gabriel Nadeau-Dubois, qui l'accompagnait, a ajouté que la laïcité fait partie du projet de société du parti. « Nous n'avons pas l'intention de laisser la CAQ faire diversion avec le projet de loi 21 du grand défi qui est celui de la lutte aux changements climatiques », a-t-il encore précisé.
Sibel Ataoğul, porte-parole du collectif Solidaires pour un Québec laïque et inclusif, s’est dite très satisfaite du résultat.
On pense qu’on a choisi d'être cohérents avec notre programme et la Charte québécoise des droits et libertés, qui garantissait déjà la non-discrimination.
« On ne pense pas aller à l’opposé de l’opinion publique, on pense qu’il est temps d’avoir un autre discours que celui du gouvernement. On sera la seule véritable opposition à l’Assemblée nationale pour porter ce discours », a-t-elle ajouté.

Sibel Ataoğul, porte-parole du collectif Solidaires pour un Québec laïque et inclusif, est très satisfaite de l'issue de ce vote.
Photo : Radio-Canada
D'autres n'ont toutefois pas caché leur déception. « L'option A faisait un pas vers la laïcisation de l'État en invoquant des principes qui rejoignent la majorité des gens, c'est-à-dire l'impartialité réelle et apparente, notamment pour l'appareil judiciaire », a dit Denise Veilleux, une militante, en ajoutant comprendre les gens qui veulent protéger les minorités.
Un peu plus tôt dans la journée, Manon Massé, a estimé que deux points de vue s'étaient exprimés lors de ce Conseil national.
« Un peu comme dans la société, il y en a d’un côté qui continuent de croire que le compromis Bouchard-Taylor est celui à mettre de l’avant. D’autres pensent qu’il s’est effrité à travers les années, et qu’il faut prendre une position plus enracinée dans nos principes », a-t-elle dit, en reconnaissant que le débat était délicat.
« Pour nous, dans un État laïque, la neutralité doit aussi se refléter dans la diversité des gens qui siègent dans ses institutions », a dit Mme Ataoğul, un peu avant le vote.
Richard Aubert, du Collectif laïcité, faisait plutôt part de son souhait de ne jamais voir Québec Solidaire présenter un « candidat religieux ».
L'environnement avant tout
Avant le vote, Manon Massé a tenu à rappeler que ce conseil national devait aussi mettre sur la table « la crise réelle qui existe au Québec et sur la planète, qui est la crise climatique ». « La crise sur les vêtements religieux, elle n’existe pas actuellement au Québec », a-t-elle ajouté.
Le projet de loi sur la laïcité de l’État a été déposé jeudi par le ministre Simon Jolin-Barrette.
En plus d’interdire le port de signes religieux aux employés de l’État en position de coercition et aux enseignants des écoles primaires et secondaires du réseau public, cette exigence est étendue aux directeurs d’école et à leurs adjoints, au président et aux vice-présidents de l’Assemblée nationale, aux membres d’organismes gouvernementaux et à tous les agents de la paix.