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Alex Harvey tire sa révérence au sommet

Alex Harvey a conquis le public de Québec pour une dernière fois, dimanche, en terminant deuxième du 15 kilomètres en style libre.

Alex Harvey a conquis le public de Québec pour une dernière fois, dimanche, en terminant deuxième du 15 kilomètres en style libre.

Photo : Radio-Canada / Guillaume Piedboeuf

Alex Harvey a mis la touche finale à sa grande carrière en montant sur le podium de sa dernière course, dimanche, sur les plaines d'Abraham. Plus de 10 ans après sa première victoire en Coupe du monde, c'est au sommet de son sport, souriant et serein, que le skieur de Saint-Ferréol-les-Neiges tire sa révérence.

C’était en janvier 2009, à la Coupe du monde de Whistler, en Colombie-Britannique. À peine sorti de l’adolescence, Alex Harvey avait grimpé sur la troisième marche du podium du sprint par équipe avec son coéquipier George Grey. « Je vais m’en rappeler toute ma vie », a-t-il lancé, dimanche, au moment d’officialiser sa retraite.

À l’époque, il était encore « le fils de Pierre ». Qui aurait cru que, 10 ans plus tard, avec à son actif deux titres de champion du monde et 29 podiums en Coupe du monde, Alex Harvey accrocherait ses skis comme l’un des plus grands athlètes canadiens de sa génération? Le tout devant une immense foule sur les plaines d’Abraham, le jour de la fête de Pierre Harvey, maintenant connu comme... le père d’Alex.

« Je me suis rendu plus loin que ce que j’aurais pu penser quand j’étais jeune. J’y rêvais, mais je ne peux pas dire que je croyais vraiment que j’allais me rendre à ce niveau-là », a avoué le nouveau retraité, dimanche après-midi.

Alex Harvey sourit en conférence de presse après sa dernière course, à Québec.

Alex Harvey a dressé un bilan de sa carrière après sa dernière course, à Québec

Photo : Radio-Canada

Une foule qui donne des ailes

Parti troisième de la poursuite de 15 kilomètres en style libre, quelques heures plus tôt, il s’est accroché au puissant Alexander Bolshunov pour combler l’écart avec le meneur de la course, Johannes Klaebo. Puis, lorsque ce dernier s’est lancé seul dans le sprint final, Harvey a tenu tête au Russe Bolshunov, un adversaire qu’il n’a jamais porté dans son coeur, pour franchir la ligne d’arrivée au 2e rang.

« C’est juste fou pour moi de terminer comme ça à Québec avec deux podiums pendant les finales de la Coupe du monde. Ç'a été une saison assez rock'n'roll pour moi, on ne se le cache pas, avec plusieurs déceptions. Mais ici, la foule m’a vraiment donné des ailes », a admis Harvey, tout sourire.

Dimanche, Bolshunov « était le plus fort », a fait remarquer Harvey. « Mais ce n’est pas toujours le plus fort qui gagne en ski de fond. C’est la beauté du sport et c’est pourquoi j’ai souvent eu des podiums dans ma carrière. Je ne pense pas avoir jamais été le plus fort, mais j’ai été capable de gagner avec la stratégie, l’équipement et la technique. »

Un deuil à faire

Moins émotif que lors de son podium de samedi, Alex Harvey a dit avoir pris soin de profiter du moment, dimanche, durant sa course. C’était la dernière fois, après tout, qu’il entendait une foule scander son nom en pleine épreuve.

« Le niveau d’intensité et d’extase que j’ai atteint tout au long de ma carrière dans des moments comme en fin de semaine, ça va être difficile de recréer ça dans la vie de tous les jours. Il va falloir que je réajuste mes attentes », a-t-il souligné.

Alex Harvey, dont la vie a tourné autour du ski de fond depuis l’âge de 16 ans, est conscient que son quotidien est appelé à changer.

Alex Harvey boit du champagne à la bouteille devant la foule.

Alex Harvey a pris soin de célébrer le dernier podium de sa carrière avec les spectateurs réunis sur les plaines d'Abraham, dimanche.

Photo : Radio-Canada / Guillaume Piedboeuf

« J’ai fait un sport amateur de manière professionnelle avec une équipe professionnelle autour de moi. J’ai été le centre de "Team Alex" pendant longtemps. »

Mais en aucun temps ses bonnes performances de la fin de semaine ne l’on fait douter de sa décision de prendre sa retraite. Au contraire, ses résultats l’ont conforté dans son choix.

« J’ai toujours voulu m’arrêter au sommet. Même si ça a été une saison difficile pour moi, les deux dernières semaines, ça a été très, très bon. »

Vaincre les tricheurs

Toujours vindicatif dans ses dénonciations du dopage dans son sport, Harvey tire sa révérence à peine un mois après qu'une vingtaine de skieurs eurent été arrêtés en plein Championnats du monde dans le cadre d’une opération policière pour démanteler un vaste réseau de dopage.

L’un d'eux, l’Autrichien Max Hauke, s’est même fait surprendre par les policiers avec une aiguille plantée dans le bras. Comme quoi bien du travail doit encore être fait pour rendre le ski de fond propre.

« On dirait que les choses ne changent pas tant que ça, finalement. C’est décevant pour moi, mais ce n’est pas surprenant. J’ai eu la conviction toute ma carrière qu’il y avait des tricheurs contre moi. Mais, comme j’ai dit plus tôt, ce n’est pas toujours le plus fort qui gagne en ski de fond. Quand tu te dopes, tu es plus fort physiquement, mais tu peux te faire battre quand même. »

Une carrière d’avocat… et un mariage

Alex Harvey n’a jamais caché que les longs mois passés loin de ses proches ont beaucoup pesé dans la décision de prendre sa retraite du ski de fond à 30 ans.

Il ne prévoit donc pas s’impliquer comme entraîneur de sitôt. « Je ne me rembarquerai pas dans une autre chose qui fait en sorte que je vais être parti de la maison », a-t-il expliqué.

Dans le monde du ski de fond, Harvey se voit davantage essayer de faire éclater la structure du développement des athlètes avec de nouvelles idées. Le sport étant aux prises avec une baisse de financement au pays, il faudra être ingénieux.

Puis, il n’y a pas que le ski. Le retraité prévoit maintenant terminer ses études en droit. Il se mariera en juin et parle déjà avec hâte du premier Noël qu’il pourra passer avec sa famille depuis des lunes.

Sophie Ringuette tient une affiche où l'on peut lire « L'appel de la paternité ».

Conjointe de longue date d'Alex Harvey, Sophie Ringuette (à gauche) s'était confectionnée une affiche personnalisée pour encourager son amoureux, dimanche.

Photo : Radio-Canada / Guillaume Piedboeuf

Une chose est sûre, celle à qui il passera la bague au doigt dans quelques mois, Sophie Ringuet, était aussi heureuse que lui, dimanche.

« Finir sur cette note-là, c’est un conte de fées. C’est incroyable », s’est-elle réjouie après la course, avouant se préparer à avoir maintenant « la tornade Alex » avec elle à temps plein à leur maison de Saint-Ferréol-les-Neiges.

Même son de cloche du côté de Pierre Harvey, qui, après avoir vécu la vie d’athlète de pointe plus jeune, tourne maintenant la page sur la vie de parent d’athlète.

« Espérer pareille fin à la carrière d’Alex aurait été prétentieux. Il ne pourra jamais faire mieux que ça. Il peut maintenant partir la tête haute. »

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