Une conseillère d’Anjou taxée de xénophobie

La conseillère d'Anjou Lynne Shand
Photo : Radio-Canada
La conseillère municipale d'Anjou Lynne Shand a déclaré sur Facebook craindre « l'islamisation de notre pays » et « de la planète » après avoir subi un examen ophtalmologique par une femme portant un voile.
Dans une série de messages et de commentaires sur son compte Facebook, la conseillère élue sous la bannière d’Équipe Anjou a d’abord raconté avoir subi un examen par une femme voilée.
« Si ce n’était pas de l’urgence, j’aurais refusé de me faire traiter par elle, a écrit Lynne Shand sur Facebook. Je rage, car c’est vraiment de l’islamisation de notre pays, ont [sic] doit tout accepter, leur faire des accommodements raisonnables, enlever notre crucifix. »
Mme Shand, en répondant à d’autres internautes, élabore alors ses craintes en indiquant que « les musulmans veulent convertir la planète à l’islam par l’immigration massive et par les naissances multiples ».
En entrevue à Radio-Canada, la conseillère persiste et signe. « Nous sommes supposés être dans une ville laïque, dans un pays laïque, a-t-elle indiqué. Nous voulons inclure tout le monde sans qu’il y ait de symboles religieux. »
Mme Shand s’en est également prise à la mairesse Valérie Plante, dont l’administration a annoncé le retrait du crucifix de la salle du conseil de l’hôtel de ville de Montréal.
« Est-ce qu’elle se fait accuser d’être christianophobique [sic]? », a-t-elle demandé.
La conseillère a répété ne pas remettre en question la compétence de la personne ayant fait son examen et a précisé qu’elle aurait eu la même réaction si un homme portant une kippa avait fait l’examen.
« Je suis contre toute forme d’extrémisme et je m’excuse, mais c’est presque une des seules religions qui montre des signes ostentatoires avec les femmes voilées », a-t-elle ajouté.
Des propos condamnés
Pour le maire d’Anjou, Luis Miranda, les propos tenus par sa conseillère ne peuvent pas mener à des sanctions de sa part.
« Je vais lui parler [de ce qu’elle a dit], mais je n’ai pas d’autorité sur ce qu’elle pense ou ce qu’elle dit », a-t-il déclaré, ajoutant que son directeur de bureau est musulman.
« »
Valérie Plante a écrit sur Twitter que Montréal est une « ville ouverte, inclusive et diversifiée ».
« Les élus ont le devoir de s’élever au-dessus de la mêlée et de faire preuve de retenue dans un débat aussi sensible », a-t-elle ajouté.
De son côté, le chef de l'opposition officielle de Montréal, Lionel Perez, a déploré les propos de la conseillère municipale et il l’invite à présenter ses excuses.
« Propos incompréhensibles et inacceptables de Lynne Shand. Comment est-ce possible qu'une personne puisse tenir de tels propos dans une société ouverte et tolérante comme la nôtre? Elle doit s’excuser sans équivoque. Encore du chemin à faire pour mieux vivre ensemble », a-t-il écrit sur Twitter.
Pour sa part, le conseiller de la Ville à Montréal-Nord et membre d’Ensemble Montréal, Abdelhaq Sari, a condamné les propos tenus par Mme Shand sur Facebook.
« Je suis outré par ces propos inacceptables et xénophobes, a-t-il écrit sur sa propre page Facebook. C’est en partie malheureusement le résultat des politiciens et chroniqueurs sans scrupules qui instrumentalisent la peur de l’autre. »
Avec les informations de Jacaudrey Charbonneau