Québec veut prendre soin des aînés, mais aussi les inciter à travailler

La titulaire de la Chaire de recherche sur la maltraitance envers les personnes aînées, Marie Beaulieu, croit que la sécurité des personnes âgées en est une collective.
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Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Si le discours électoral de la Coalition avenir Québec (CAQ) était axé sur les enfants et les familles, le premier budget du gouvernement Legault fait, lui, une large place aux aînés.
D’abord en santé : l’enveloppe promise pour renforcer les soins et services à domicile est bonifiée et passe à 280 millions de dollars par année à compter de 2019-2020. C’est 80 millions de plus que ce qui avait été promis en campagne.
Le gouvernement investira aussi 21 millions de dollars par année pour l’aide destinée aux proches aidants.
Le budget du ministre des Finances, Eric Girard, confirme le plan annoncé pour la mise en place, à compter de la troisième année du mandat gouvernemental, d’une trentaine de maisons des aînés. Des investissements de 74 millions de dollars en 2021-2022, puis 245 millions annuellement au cours des deux années suivantes, sont prévus à cette fin.
En attendant, le budget consacre 70 millions de dollars de plus par année à l'ajout de 900 lits et places d’hébergement dans les CHSLD, « pour assurer la transition vers les maisons des aînés », affirme le gouvernement.
Crédits d’impôt pour soutenir les aînés…
Le gouvernement Legault maintient son engagement envers les aînés de 70 ans et plus. Pour l’exercice 2018-2019, le crédit d’impôt annoncé lors de la mise à jour économique de l’automne dernier pourra atteindre 200 $ par personne, pour un total de 102 millions de dollars.
Cette somme augmentera graduellement jusqu'à atteindre 129 millions en 2023-2024, pour un total de 694 millions sur cinq ans.
… et pour repousser la retraite
Aux prises avec une importante pénurie de main-d’œuvre, le gouvernement investira 533 millions de dollars sur cinq ans pour inciter les travailleurs âgés de 60 ans et plus à demeurer sur le marché de l’emploi. Il s’agit en fait de la transformation et de l’élargissement du crédit d’impôt pour les travailleurs d’expérience, renommé crédit d’impôt pour la prolongation de carrière.
Ainsi, dès cette année, le plafond des gains de travail excédentaires admissibles passe à 10 000 $ pour les travailleurs de 60 à 64 ans, tout en demeurant à 11 000 $ pour ceux qui ont plus de 65 ans.
Selon les documents budgétaires, cela veut dire que des travailleurs de 60 à 64 ans pourront déclarer des gains de travail de 28 226 $ avant de devoir payer de l’impôt. Le gouvernement estime que ces derniers pourront bénéficier d’une baisse d’impôt maximale allant de 150 $ à 1500 $, selon l’âge. Ce crédit d’impôt est toutefois réductible lorsque le revenu des travailleurs dépasse 34 610 $, pour qu’il serve surtout à ceux qui gagnent moins d’argent.
Le gouvernement réduit aussi les charges sur la masse salariale des PME de 50 % pour les travailleurs de 60 à 64 ans (jusqu’à 1250 $ par employé) et de 75 % pour les travailleurs de 65 ans et plus (jusqu’à 1875 $ par employé).
La CAQ souhaite ainsi, selon ce qu’a affirmé le ministre Girard en conférence de presse, « effacer » le retard dans le taux d’emploi des personnes de 60 ans et plus au Québec par rapport à l’Ontario. Ce taux est de 48,5 % pour les personnes de 60 à 64 ans (54,8 % en Ontario) et de 10,3 % pour celles de 65 ans et plus (13,7 % en Ontario).