Un budget Morneau pour séduire de nouveau les jeunes et les aînés

Bill Morneau a déposé son dernier budget avant les élections fédérales à la Chambre des Communes le mardi 19 mars 2019.
Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
À sept mois des élections fédérales, le gouvernement Trudeau mise sur des dépenses dans de nouveaux programmes et cible ceux et celles qui l'ont fait élire en 2015 : les jeunes et les personnes âgées. Dans son quatrième budget, le ministre fédéral des Finances propose pour 5 milliards de dollars de nouveaux engagements.
Les Canadiens de 18 à 38 ans constitueront le plus important groupe d’électeurs lors du scrutin d’octobre prochain. Le gouvernement libéral en est très conscient et cible notamment les millénariaux dans le quatrième budget que Bill Morneau vient de déposer.
Nous savons qu’en faisant ces investissements, il s’agit d’une approche responsable pour créer plus d’optimisme et générer la confiance.
L’incitatif leur permettra d’obtenir un prêt hypothécaire avec participation de la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL) pour financer une partie de l’emprunt sans intérêt.
De plus, le budget bonifie le Régime d’accès à la propriété (RAP). Les premiers acheteurs pouvaient aller chercher 25 000 $ dans leur REER sans pénalité. Cette somme passe à 35 000 $.
Formation, l’autre nouveauté
Ottawa offrira notamment un nouveau crédit non imposable afin d'aider les Canadiens à payer des frais de formation. Les travailleurs admissibles âgés de 25 à 64 ans pourront s’en prévaloir. De plus, ils pourront s’absenter du travail pendant quatre semaines « sans craindre de perdre leur emploi ».
Pendant l’absence de ces employés, les petites entreprises bénéficieront d’une nouvelle réduction de leurs cotisations d’assurance-emploi.

Les aînés pourront travailler plus longtemps
Pour encourager les aînés à faible revenu qui veulent continuer à travailler, le budget Morneau prévoit bonifier l’exemption sur le Supplément de revenu garanti. Par exemple, l’exemption complète passera de 3500 $ à 5000 $ par année pour chaque bénéficiaire.
Une personne âgée dont le revenu se situe entre 10 000 $ et 20 000 $ aura 4000 $ de plus dans ses poches.
Ce budget en est un très ciblé. Il vise deux blocs d’électeurs qui pourraient faire la différence : les milléniaux et les aînés.
Les groupes démographiques qui ont contribué à l’élection d’un gouvernement libéral majoritaire en 2015 pourraient y trouver leur compte. Le gouvernement Trudeau fait le pari qu’il les séduira une fois de plus.
Mais attention, dans la plupart de ces nouveaux engagements, les détails seront annoncés plus tard.
Les dépenses avant le retour à l’équilibre

Le premier ministre Justin Trudeau (à droite) et le ministre des Finances, Bill Morneau, arrivent au Foyer de la Chambre des communes pour déposer le budget fédéral sur la colline du Parlement à Ottawa le mardi 19 mars 2019.
Photo : La Presse canadienne / Justin Tang
Même si ce budget investit sans ouvrir les vannes, l’objectif de l’équilibre budgétaire n’est toujours pas sur l’écran radar. Il ne l’est ni à court terme ni à moyen terme. En fait, les projections à long terme du ministère fédéral des Finances indiquent que ce serait vers 2040.
« On doit considérer la situation économique », répond le ministre Morneau.
Il y a un sentiment d’incertitude croissant qui prend racine à l’échelle mondiale. Et nous allons faire des investissements pour assurer la croissance de l’économie à long terme.
Le déficit prévu pour l’année 2019-2020 sera de 19,8 milliards de dollars, mais l’absence d’un plan de lutte contre le déficit ne veut pas dire pour autant que le Canada se trouve dans une zone dangereuse.
« Le ratio de la dette par rapport au PIB [produit intérieur brut] est à 30 %, et dans les projections du gouvernement, ce ratio va continuer de diminuer. Ce ratio est beaucoup plus bas que celui d’autres pays qui dépassent même parfois le 80 % », précise l'économiste Jean-Pierre Aubry.
À quelques mois du scrutin, le Parti libéral propose donc de nouvelles mesures à hauteur de 5 milliards de dollars, au moment où sa popularité est ébranlée par le scandale SNC-Lavalin.
Le gouvernement a fait un choix : « Il profite d’environ 6 milliards de revenus de plus qu’il avait anticipés cette année pour financer ces nouveaux programmes; 6 milliards qui ne serviront pas à éponger le déficit », ajoute M. Aubry.
C’est avec cette base que le gouvernement Trudeau amorce le dernier sprint avant la campagne électorale. En se gardant bien de préciser trop à l’avance les paramètres d’un bon nombre de ses engagements, les libéraux se réservent des cartes pour les prochains mois.