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Pourquoi l'accent saguenéen est-il si rapidement démasqué?

Illustration de phylactères.

L'accent du Saguenay est détecté facilement ailleurs au Québec.

Photo : iStock / MicroStockHub

Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

L'accent du Saguenay-Lac-Saint-Jean se fait souvent remarquer dans la province. Si Infoman a fait ses choux gras du « là là » de l'ancien maire Jean Tremblay, il existerait toutefois des caractéristiques beaucoup plus représentatives de la région.

Au laboratoire de phonétique de l'Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), on tente depuis plusieurs années de comprendre l'accent du Saguenay, de découvrir les traits qui le rendent si distinctif.

« Piiiiiiire, puuuuuuure, diiiiiiiire, duuuuuuure »

Selon une étude réalisée à l'UQAC il y a quelques années, les Saguenéens tendent à produire, dans certains contextes, des voyelles fermées (c'est-à-dire /i/, /y/ et /u/ dans l’alphabet phonétique international) plus longues et plus tendues qu'ailleurs au Québec.

Un locuteur n'étant pas originaire de la région percevra ainsi un son différent lorsqu'un Saguenéen ou un Jeannois mentionne par exemple qu'il a besoin d'un grand bol d'air « puuuuuuuur ».

Un verre de lait ou un verre de « la »?

Les phonéticiens de l'UQAC se sont aussi intéressés à une autre caractéristique qui semble généralisée sur l'ensemble du territoire régional.

De manière technique, on parle de l'ouverture du /ɛ/ (le son « è » ou « ais ») en finale de mot.

Les chercheurs ont constaté que les Saguenéens ont tendance à ouvrir un peu plus leur bouche que les locuteurs de Québec en prononçant le son /ɛ/. C'est le cas par exemple lors de l'utilisation de verbes à l'imparfait ou au conditionnel, comme « je passais » ou « je ferais », mais c'est aussi le cas d'autres mots comme « ballet », « lait » ou « après » par exemple.

« On hèle »

Pour le phonéticien Vincent Arnaud, professeur à l'UQAC, certaines personnes vont maintenir des traits généralement associés à la ruralité, comme l'affaiblissement des consonnes /ʃ/ (che) et /ʒ/ (je).

Vincent Arnaud en entrevue
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Le phonéticien Vincent Arnaud étudie notamment l'accent du Saguenay.

Photo : Radio-Canada

Les locuteurs ouvrent un peu plus la bouche au moment de la production de ces consonnes, ce qui éclipse le bruit de friction qui est caractéristique du /ʃ/ et du /ʒ/.

On dira donc que ces deux consonnes s'affaiblissent [...] Par exemple, Jonquière, peut parfois être prononcé Honquière, explique Vincent Arnaud.

Le professeur souligne que l'affaiblissement de ces deux consonnes est également entendu en Beauce et en Outaouais.

Un accent meilleur qu'un autre?

Aborder la question de l'accent soulève les passions. Certains sont convaincus que leur manière de parler est la meilleure, qu'il faut dire les choses comme ils le font et non pas comme le font les « autres ».

De son côté, le phonéticien Vincent Arnaud promet qu'il ne se mouillera jamais pour déterminer si un accent est meilleur qu'un autre. Je laisse ça à des chroniqueurs, lance-t-il. Tout ce que je peux dire, c'est qu'il y a des usages phonétiques différents en fonction des régions, en fonction des âges, en fonction du sexe.

L’accent est multiple, il est coloré, mélangé. C'est une couleur locale qu'il ne faut pas perdre de vue, qu'il ne faut pas mettre de côté, conclut-il.

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