Le périlleux déménagement des fourmis de l’Insectarium

Des fourmis Atta à l'Insectarium de Montréal
Photo : Radio-Canada / Alexis Gacon
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Comme le Biodôme, l'Insectarium de Montréal a fermé ses portes pour faire peau neuve. Sa superficie va augmenter de près de 70 % d'ici à sa réouverture, à l'été 2021. L'heure est donc au déménagement pour les insectes. Pour qu'elle survive, une espèce de fourmi demande cependant un soin tout particulier.
Un texte de Alexis Gacon
Enfermées dans un bac fait d'un plastique spécial qui les empêche de s’enfuir, pas moins de 30 000 fourmis Atta, des coupeuses de feuilles originaires du sud des États-Unis, déménagent pour vivre dans un laboratoire de l’Université McGill.
C'est certainement l'espèce la plus nombreuse qu'on avait dans nos collections. C'est probablement 80 % des organismes vivants qui viennent de quitter le musée.
Ce déménagement est périlleux. Leur survie dépend d'un champignon qui nourrit la colonie. Si les fourmis sont trop stressées durant le transport, ou si la variation de température est trop importante, elles vont délaisser le champignon, ce qui peut entraîner la mort de la colonie en peu de temps.

Fourmi Atta, dite coupeuse de feuilles
Photo : Radio-Canada / Alexis Gacon
Dominique Ouellet, entomologiste à l'Insectarium, s'occupe du transport de la colonie.
Ce qu’il y a de difficile dans ce déménagement, c'est que chaque colonie a son comportement, c'est comme un individu. [...] Il faut entretenir manuellement le champignon, un petit stress peut détruire la colonie simplement.
Les fourmis vivent dans ce champignon, qui se nourrit de leurs excréments pour rester en vie. S’il perd de sa structure durant le transport, le sort de la colonie en est scellé.

L'installation des fourmis Atta
Photo : Radio-Canada / Alexis Gacon
De nouvelles espèces en 2021
Âgée de huit ans, la colonie des fourmis Atta est en fin de vie; son nouveau départ vers le laboratoire de l’Université McGill sera son dernier déplacement.
Dans le sous-sol, de nouvelles colonies sont en train d'être développées pour la remplacer dans le futur Insectarium. Il s'agit de fourmis soldats originaires de Trinité-et-Tobago, longues de plusieurs centimètres et particulièrement voraces.
Si je la pose sur mon ongle, elle n’attaque pas ma phalange, sinon, ses mandibules vont profondément dans ma peau.
L'entomologiste Dominique Ouellet n'est visiblement pas effrayé par l’expérience. « Avec les plus petites, rouges, je ne sens même plus leur piqûre », dit-il.
L’Insectarium veut mettre l'accent sur des espèces impressionnantes pour sa réouverture.
« On va miser sur des espèces flamboyantes, des lucanes, des scarabées iridescents, très colorés », s’enthousiasme Maxime Larrivée.
Le projet « Métamorphose » de l’Insectarium mise aussi sur une expérience plus immersive que par le passé, favorisant la proximité avec les insectes.