Un robot en renfort dans les centres de tri

Ce robot est le premier au pays affecté au tri des matières recyclables.
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Les centres de tri disposent d'un nouvel outil : un bras robotisé doté d'intelligence artificielle, qui apprend à reconnaître les différentes matières recyclables.
Quand on prend quelques secondes pour s’y arrêter, les chiffres donnent le vertige : chaque année, les centres de tri du Québec reçoivent un million de tonnes de matières pêle-mêle, de quoi remplir le stade olympique de Montréal jusqu’au toit… 10 fois!
Le défi, c’est de trier tout ce qui se recycle le plus vite possible. Plusieurs de ces matières ont une bonne valeur de revente et trouvent facilement preneur ici. Mais pour certains types de plastique et pour les fibres mixtes (magazines, circulaires, cartons minces), le principal client a longtemps été la Chine, qui achetait tout les yeux fermés ou presque.
Or, l’an dernier, la Chine a ébranlé l’univers du recyclage en exigeant des ballots de matières purs à plus de 99 %, ce que beaucoup de centres de tri du Québec n’arrivent pas à produire.
« »
Des solutions pour un tri de qualité
Le chimiste et chercheur Marc Olivier fait partie des experts consultés au plus fort de la crise, pour moderniser l’industrie de la récupération et du recyclage. Selon lui, il est primordial que les centres de tri aient tout l’équipement nécessaire pour répondre aux nouvelles exigences de qualité.
Car pour ceux qui en doutaient, l’ère du tri à la main est depuis longtemps révolue. Du simple aimant qui attire les métaux ferreux aux trieuses optiques ultramodernes qui décodent la chimie des objets, les matières parcourent un véritable dédale d’appareils.
À chacune des étapes, le flux de matières est séparé en deux, parfois en trois, jusqu’à obtenir des ballots le plus purs possible, idéalement avec des taux de contamination sous la barre de 1 %.
Une touche de finition robotisée
Le centre de tri de Sani-Éco, à Granby, s’est doté du premier robot-trieur au pays. Il intervient en toute fin de processus et repêche de manière très sélective les matières qu’on lui a appris à reconnaître.
Le robot est équipé d’une caméra et se fie à l’apparence des objets pour déterminer de quel plastique ils sont faits, ou encore s’il s’agit d’aluminium ou de matériaux laminés.
Mais avant de l’installer dans un centre de tri, les ingénieurs lui font analyser pendant des semaines des vidéos de ce qu’il devra identifier.
« »
En plus de reconnaître les contenants peu importe leur forme ou leur propreté, le robot doit aussi s’adapter aux changements d’apparence des produits. Un exemple banal : quand un superhéros envahit les écrans de cinéma, son image se retrouve autant sur des boîtes de céréales en carton que sur des contenants de jus en plastique. Le robot doit trouver d’autres indices pour les départager.
Multiplier les débouchés
L’une des forces du robot, c’est cette souplesse qui lui permet de répondre à des commandes bien précises, comme sélectionner uniquement les contenants d’un certain fabricant ou d’un sous-type de plastique no 1.
C’est à condition, bien sûr, que les recycleurs développent un appétit pour ce tri ultra-sélectif. À court terme, l’objectif est de rehausser la qualité des ballots destinés autant à l’exportation qu’aux recycleurs nord-américains.
« »
L’intelligence artificielle au service du recyclage
Le robot récolte une matière encore plus précieuse aux yeux de Machinex : des données en temps réel. Pour l’entreprise de Plessisville, qui conçoit et construit des centres de tri clé en main, c’est la clé de voûte du recyclage, façon 21e siècle.
« »
Machinex entrevoit déjà des usines où des systèmes de reconnaissance visuelle analyseront ce qui circule sur les différentes courroies et ajusteront la cadence des différents appareils, pour maintenir en permanence l’équilibre voulu entre la vitesse et la qualité du tri. De quoi aider les centres de tri à traverser les prochaines périodes houleuses dans l’industrie du recyclage.
Le reportage de Tobie Lebel et Hélène Morin a été diffusé à l'émission Découverte, à ICI Radio-Canada TÉLÉ.