Vivre avec l'autisme et déjouer les pronostics

Jean-François Cimon et sa mère Hélène Napert
Photo : Radio-Canada / Fanny Samson
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Les spécialistes croyaient que Jean-François Cimon ne parlerait jamais, qu'il ne serait jamais autonome et qu'il n'irait jamais à l'école. Le jeune homme de 26 ans, autiste de haut niveau, a tout fait pour tromper leurs pronostics et habite aujourd'hui seul, parle plusieurs langues, en plus d'occuper un poste de technicien informatique.
« Il avait fait un test d'intelligence qui lui disait qu'il était déficient. Mais c'est parce qu'il avait passé un test d'intelligence verbale [...] Qu'est-ce qu'on fait dans ce temps-là? Il faut croire en nos enfants », se rappelle Hélène Napert.
« »
Enfant, Jean-François Cimon était scolarisé à l'Hôtel-Dieu du Sacré-Coeur de Jésus avec des dizaines d'élèves. Même s’il ne parlait pas encore à l’époque, le jeune homme en garde des souvenirs.
« Je me rappelle ce que j'ai vécu, avec les psychiatres. Le fait que j'ai été enfermé dans des salles d'isolement, je m'en souviens beaucoup », raconte-t-il.
Un incident en particulier a bouleversé sa mère.
« Jean-François s'était mis flambant nu et il s'était égratigné à la grandeur du corps et cette fois-là ç'a été assez pour moi », se souvient-elle, émotive. C’est l’élément déclencheur qui l’a poussé à se battre pour l’ouverture de l’École régionale des Quatre-Saisons.
Près de 10 ans plus tard, Hélène Napert a remis les pieds pour la première fois dans l’établissement spécialisé.
« Ça me fait vraiment drôle, parce que je me sens un peu chez moi et je suis surtout contente de voir qu'il n'y a pas de salle d'isolement », fait-elle savoir.
« C'est mon projet de vie pour mon fils et pour tous les enfants comme lui [...] Il n’y avait pas de place pour eux. »
En arrivant dans sa nouvelle école, Jean-François était craintif et n'arrivait pas à créer des liens de confiance.
« Je n'avais jamais eu ce sentiment-là de confort, de me dire : "OK, je peux enfin faire confiance aux adultes, je peux enfin faire confiance à du monde qui veulent vraiment mon bien" », dit-il.
De la musique pour s’exprimer
Lors de notre passage chez Jean-François, il a interprété quelques pièces à la guitare et au piano devant sa mère, souriante et fière, dont Imagine, de John Lennon.
« Il a l’oreille absolue », souligne-t-elle.
La première fois qu’il a joué de la musique, c’était à l’École régionale des Quatre-Saisons.
« Quand je me suis mis au piano, ç’a été un amour pour moi de découvrir ça et ç’a été un amour pour moi de jouer avec les émotions. Pour moi, c'est une forme d'expression. »
Hélène Napert espère que l’histoire de son fils inspirera d’autres parents dont le parcours est difficile.
« Je n'en reviens pas de comment on a été chanceux de croire en lui, et de croire en nous comme parents, comme famille aussi. »
Aux parents d'enfants atteints d'autisme, Jean-François conseille simplement de les encourager.
« Ce que je retiens de tout ça, c'est que je n’ai jamais été poussé vers le négatif et ce n’est pas en parlant de l'autisme de manière négative que ça m'a amené où je suis », termine-t-il.