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Les États-Unis clouent finalement au sol les 737 MAX de l'avionneur américain Boeing

Donald Trump, assis, s'adresse à la caméra lors d'un point de presse.

Donald Trump a fait cette annonce lors d'un point de presse à la Maison-Blanche.

Photo : Radio-Canada / CNN

Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Le président américain Donald Trump a annoncé mercredi que tous les Boeing 737 MAX 8 et MAX 9 seraient cloués au sol aux États-Unis, après l'écrasement, dimanche, d'un avion d'Ethiopian Airlines qui a fait 157 morts.

« Nous allons décréter en urgence l'interdiction de tous les vols des 737 MAX 8 et 737 MAX 9 », a déclaré M. Trump depuis la Maison-Blanche, en précisant que cette décision s'appliquerait « avec effet immédiat ».

« Les pilotes ont été informés, les compagnies aériennes ont été informées, a-t-il ajouté. La sécurité des Américains, et de tous les passagers, est notre priorité absolue. »

Après avoir maintenu jusqu'à mardi qu'une telle décision n'était pas nécessaire, les États-Unis ont décrété l'immobilisation des Boeing 737 MAX après le Canada, qui l'a fait un peu plus tôt dans la journée, et quelque 40 autres pays.

Plusieurs élus des deux camps, notamment la sénatrice démocrate Elizabeth Warren, candidate à l’investiture démocrate, et son collègue républicain Ted Cruz, avaient réclamé la suspension des vols des B737 MAX.

L'Agence américaine de l'aviation civile (FAA) a invoqué de « nouvelles données » satellitaires « collectées et analysées » dans la journée pour expliquer la décision.

L'interdiction de vol « sera maintenue le temps de plus amples investigations, y compris l'examen des informations contenues » dans les deux boîtes noires de l'appareil, a spécifié la FAA.

Le directeur par intérim de la FAA, Dan Elwell, a dit ignorer combien de temps durera l’interdiction de vol, mais s’attend à ce que le correctif apporté au logiciel du système antidécrochage prenne des mois.

Ces boîtes noires, qui enregistrent, d'une part, les paramètres de vol et, d'autre part, les conversations et les sons dans la cabine de pilotage, ont été retrouvées lundi, mais n'ont pas encore été décryptées.

M. Elwell a indiqué qu'elles arriveraient plus tard en France pour être analysées. Le bureau allemand d'enquête sur les accidents aéronautiques a signifié plus tôt que l'Éthiopie lui avait demandé de procéder à l'analyse, mais qu'il avait dû décliner cette demande, parce qu'il n'avait pas l'équipement nécessaire pour lire le logiciel des 737 MAX.

L'analyse des boîtes noires par le Bureau d'enquêtes et d'analyses pour la sécurité de l'aviation civile français permettra de répondre à plusieurs questions que se posent tous les acteurs de la sécurité aérienne dans le monde après l’écrasement de deux Boeing 737 MAX 8, des appareils flambant neufs, en moins de six mois et dans des circonstances similaires.

Le premier accident, impliquant un avion de la compagnie indonésienne Lion Air, est survenu au large de l'Indonésie en octobre 2018, faisant 189 morts.

Boeing se montre collaboratif, mais maintient sa confiance à l'endroit de ses appareils

Des employés de Boeing devant un avion.
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Boeing célèbre l'arrivée d'un appareil MAX 8.

Photo : Reuters / Jason Redmond

Le PDG de Boeing, Dennis Muilenburg, a immédiatement renouvelé sa « confiance totale en la sécurité du 737 MAX » tout en disant soutenir « cette décision préventive prise par précaution ».

Le constructeur a assuré collaborer avec les autorités pour comprendre la cause de l'accident et « apporter des modifications pour faire en sorte que ça ne se reproduise plus ».

M. Muilenburg a déclaré que la recommandation d'immobiliser temporairement cette flotte d'avions avait été prise à l'initiative de Boeing.

Jusqu'alors, il martelait pourtant que cette mesure ne s'imposait pas. C'est également le message qu'il aurait communiqué au président Trump au cours d'un bref entretien téléphonique lundi, selon le New York Times.

La Maison-Blanche a refusé de donner des précisions sur cet échange. D'après le quotidien new-yorkais, la conversation s'est déroulée après que Donald Trump eut déploré sur Twitter que l’aviation n’ait « plus besoin de pilotes, mais d’informaticiens du MIT [Massachusetts Institute of Technology, NDLR] ».

C'est la deuxième fois en six ans que la FAA interdit de vol un avion construit par Boeing.

Après l'annonce de l'administration américaine, American Airlines, qui exploite 24 avions 737 MAX 8, a déclaré qu'elle transférerait les clients sur d'autres vols « le plus rapidement possible ». SouthWest Airlines, qui exploite une trentaine de 737 MAX 8, a dit attendre encore des précisions des autorités américaines.

Environ 371 appareils 737 MAX, version remotorisée du 737, dont 350 MAX 8, sont actuellement en service.

La paralysie gouvernementale montrée du doigt

Le Wall Street Journal rapporte que des correctifs sur le système de contrôle MCAS, conçu pour éviter les décrochages, devaient être apportés en janvier, mais les discussions auraient traîné en longueur en raison de divergences d’opinions entre la FAA et Boeing quant à l'ampleur des modifications à effectuer.

Selon le quotidien, des fonctionnaires ont affirmé que la fermeture partielle des services gouvernementaux, qui a duré 35 jours entre décembre et février derniers, avait elle aussi contribué au retard dans la réparation des logiciels de l'avion Boeing.

La paralysie gouvernementale avait découlé de l'exigence du président Trump d'inclure des milliards dans la loi budgétaire pour la construction d'un mur à la frontière américano-mexicaine.

Les experts de la FAA et le constructeur auraient conclu qu’il n’y avait pas de menace imminente à la sécurité et que les mesures prises auprès des pilotes après le premier écrasement étaient suffisantes pour atténuer les dangers.

Après avoir dit ignorer si la fermeture partielle du gouvernement avait retardé la mise à jour du logiciel et avoir promis d’enquêter, le dirigeant de la FAA s’est rapidement rétracté, assurant que la paralysie des services de l’État n’avait entraîné aucun retard.

Depuis 2005, le programme de certification de la FAA sur les normes de sécurité des appareils permet aux avionneurs d'assigner à leurs propres employés un rôle dans le processus de certification de leurs avions. En 2015, un cadre de Boeing avait indiqué qu’un millier de ses employés participaient ainsi au programme.

La FAA a également des bureaux dans certaines usines de Boeing.

Des liaisons dangereuses entre Boeing et la classe politique?

Un Super Hornet de Boeing atterrit sur un porte-avions américain lors d'un exercice militaire conjoint États-Unis-Corée du Sud tenu en octobre 2015.
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Un Super Hornet de Boeing atterrit sur un porte-avions américain lors d'un exercice militaire conjoint États-Unis-Corée du Sud tenu en octobre 2015.

Photo : La Presse canadienne / AP/Kim Hong-Ji/Pool

Boeing est l’un des lobbyistes les plus importants à Washington.

Selon le New York Times, l'avionneur a employé l’an dernier plus d’une douzaine de firmes de lobbying.

Le Center for Responsive Politics évalue à 15 millions de dollars américains le montant investi dans des activités de lobbyisme.

D’après cet organisme de surveillance indépendant, le comité d’action politique formé par Boeing a en outre versé, depuis 2009, plus de 18,8 millions de dollars américains à des candidats républicains et démocrates, notamment au président Trump et à la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi.

Le secrétaire à la Défense par intérim, Patrick Shanahan, est par ailleurs un ancien cadre de Boeing.

Avec ses chasseurs-bombardiers et son hélicoptère Apache, l'avionneur est un fournisseur important des forces armées américaines.

Le PDG de Boeing a tenté de nouer des liens avec le président Trump.

Après son élection, Donald Trump avait menacé sur Twitter d’annuler la commande d’avions Air Force One à Boeing, qu’il jugeait trop coûteux.

Dennis Muilenburg avait ensuite rencontré le président élu à sa propriété Mar-a-Lago de Palm Beach, en Floride.

Quelques semaines plus tard, il versait 1 million de dollars au comité d’investiture de Donald Trump, la même somme qu’il avait versée au comité d’investiture de Barack Obama.

Avec des informations de l'Agence France-Presse, de Reuters, de l'Associated Press, du New York Times et du Wall Street Journal

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