Désinformation sur les vaccins : la médecin en chef du Canada sonne l'alarme

Au cours des prochaines semaines, Theresa Tam entend lutter contre la désinformation à propos de la vaccination.
Photo : Getty Images / Sean Gallup
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
La réticence de certains parents à faire vacciner leurs enfants préoccupe au plus haut point l'administratrice en chef de la santé publique du Canada, Theresa Tam, qui veut sensibiliser la population à la résurgence de maladies contagieuses.
Dans un communiqué publié mardi, la Dre Tam se dit « très inquiète de la réapparition au Canada et ailleurs dans le monde de certaines maladies évitables par la vaccination, en particulier de maladies aussi graves et contagieuses que la rougeole ».
« Le décès d'un enfant dû à la rougeole, ne serait-ce qu'un seul, est quelque chose d'inacceptable », déplore la médecin, spécialiste des maladies infectieuses pédiatriques.
Se gardant de critiquer les parents, qui veulent « tous […] protéger leurs enfants », elle déplore la désinformation ciblant les parents, véhiculée notamment sur les médias sociaux.
À une époque où, grâce à la vaccination, nous ne sommes plus touchés par ces maladies dangereuses, voilà que certains parents ont plus d'inquiétude sur la prévention que sur la maladie.
Elle appelle les professionnels de la santé à « prendre le temps nécessaire pour répondre aux questions des parents inquiets » et les aider « à distinguer le vrai du faux ».
La Dre Tam encourage du même souffle les parents « à poser des questions et à chercher des sources d'information fiables et crédibles ».
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a inscrit l'hésitation à se faire vacciner sur sa liste des 10 menaces à la santé mondiale en 2019.
Selon l'OMS, la vaccination prévient de 2 à 3 millions de morts par année. L'Organisation estime qu'elle pourrait sauver la vie de 1,5 million de personnes supplémentaires si elle était davantage répandue.
Retour de la rougeole au Canada
Selon l'Agence de la santé publique du Canada, entre 300 000 et 400 000 Canadiens contractaient la rougeole chaque année avant l'apparition de la vaccination contre cette maladie infectieuse, dans les années 1960.
La rougeole avait été éradiquée au Canada en 1998.
Le dernier rapport hebdomadaire de l'Agence de la santé publique du Canada, au 23 février dernier, faisait cependant état de 19 cas apparus depuis le début de l'année, majoritairement en Colombie-Britannique.
La vaccination n'est pas obligatoire au pays, mais deux provinces – l'Ontario et le Nouveau-Brunswick – exigent une preuve de vaccination pour les jeunes qui fréquentent l’école, indique la coalition Immunisation Canada.
En janvier dernier, plus de 500 élèves d'Ottawa ont été suspendus parce que leur carnet de vaccination n'était pas à jour.
La méfiance à l'égard des vaccins découle d'une étude établissant un lien entre le vaccin et l’autisme, publiée par la revue The Lancet en 1998 et décriée par la communauté scientifique.
La revue scientifique a fait son mea culpa des années plus tard, reconnaissant qu'elle n'aurait jamais dû publier cette étude à la méthodologie douteuse menée sur à peine 12 enfants. En 2011, le British Medical Journal avait dénoncé un « trucage élaboré ».
De multiples études, dont une menée par des chercheurs de l'Université McGill et publiée en 2004, puis une autre, réalisée plus récemment par des chercheurs danois, ont montré au fil des ans qu'il n'y avait aucun lien entre le vaccin ROR et l'autisme.