Une étude pour déterminer si le déclin des bélugas est lié à la pollution chimique

Il y aurait environ 900 bélugas dans l'estuaire du Saint-Laurent, alors qu'une population saine devrait en compter plus de 7000.
Photo : Radio-Canada / Pêches et Océans Canada
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
La pollution chimique du fleuve Saint-Laurent serait-elle responsable du déclin des bélugas? C'est ce que tentera de prouver une équipe de huit chercheurs.
La population de bélugas du Saint-Laurent, déjà en voie de disparition, continue de décliner malgré les efforts de conservation.
Les femelles qui meurent en mettant bas préoccupent surtout les chercheurs.
L'hypothèse qu'on a, c'est que les contaminants peuvent perturber la régulation des hormones chez les bélugas et compromettre leur santé, mais également leur capacité de se reproduire
, résume le directeur de la recherche, Jonathan Verreault.
Cette hypothèse remonte à plusieurs décennies, souligne-t-il.
On se rappelle de l'aluminerie au Saguenay qui émettait des HAP qui étaient probablement liés à l'apparition de cancer au niveau de l'intestin [...] On a vu une disparition quasi totale des HAP des sédiments de surface du Saguenay. On a réglé ce problème-là. [Conséquemment], on voit de moins en moins de cancer de l'intestin chez le béluga, mais on voit apparaître d'autres morbidités qui sont tout aussi inquiétantes.

Jonathan Verreault est professeur au département des Sciences biologiques à l'UQAM.
Photo : Radio-Canada / Philippe Couture
Le cocktail de contaminants dans l'estuaire se renouvelle.
L'étude doit durer cinq ans et quantifier des contaminants qui ne l'ont jamais été.
Si les chercheurs réussissent à identifier ce qui perturbe les naissances de bélugas, ils en informeront Pêches et Océans Canada pour que les mesures qui s'imposent soient adoptées.
C'est probablement la meilleure façon de faire des pas significatifs pour aider cette population à survivre dans le Saint-Laurent.

Un béluga dans l'eau, près de Tadoussac.
Photo : Alexandre Shields
Travail d'équipe
Huit personnes travailleront sur le projet.
D'abord, le Groupe de recherche et d'éducation sur les mammifères marins (GREMM) de Tadoussac s'occupera de prélever les échantillons sur les bélugas.
Ce sont des prélèvements qui sont faits à distance à l'aide d'une fléchette en acier inoxydable qui est évidemment stérile, explique le directeur scientifique du GREMM, Robert Michaud. Elle est projetée à l'aide d'une carabine à pression. Le dard frappe l'animal, ressort immédiatement et emporte avec lui une petite carotte de peau et de gras.
Même si les bélugas n'aiment pas beaucoup ça
, il précise que ce type de prélèvement ne laisse aucune cicatrice.
Ce qu'on gagne comme informations [...] est bien plus important que le petit désagrément posé de façon très temporaire aux animaux.

Robert Michaud, directeur scientifique du GREMM
Photo : Radio-Canada / Jean-François Bouthillette
C'est quelques milligrammes de tissus pour une grande richesse d'informations.
Jonathan Verreault précise que ces tissus livrent non seulement des informations pour l'analyse des contaminants
, mais aussi pour l'analyse de l'expression de gènes, l'analyse d'enzymes, des concentrations d'hormones, etc.
.
Un professeur de l'Université du Québec à Rimouski se chargera ensuite d'analyser la composition chimique de ces morceaux de chair.
Deux chercheurs du gouvernement fédéral et des collègues de l'Université de Toronto participeront aussi à l'étude.

L'énigme des bélugas
Photo : Radio-Canada
Jonathan Verreault ajoute que, par sa longévité et sa qualité de prédateur, le béluga représente une sentinelle
pour juger de la santé de toute la faune marine du Saint-Laurent.
Il y a d'autres espèces qui fréquentent le Saint-Laurent et qui peuvent tout aussi être exposées à ces substances-là.
Si le béluga va pas bien, probablement que d'autres espèces ne vont pas bien non plus.
Autres études
Le gouvernement fédéral accorde 905 000 $ à l'équipe de chercheurs pour réaliser cette étude.
Lors de l'annonce de la subvention, vendredi dernier, Ottawa a indiqué investir également dans deux autres recherches.
À Dalhousie, 1 million de dollars serviront à la mise au point de technologies d’évaluation et de surveillance de la baleine noire de l’Atlantique Nord.
Un montant équivalent ira à l’Université de la Colombie-Britannique pour des recherches sur les épaulards de la côte ouest.