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Les projets gaziers pourraient être rejetés s'ils ne répondent pas aux critères, dit le ministre de l'Environnement

Une carte qui présente un large corridor où pourrait passer un gazoduc de 750 kilomètres de longueur.

Le tracé final n'est pas encore déterminé dans ce corridor de 750 kilomètres de long par 60 kilomètres de largeur.

Photo : Radio-Canada

Radio-Canada

Le ministre québécois de l'Environnement, Benoit Charette, n'écarte pas la possibilité de rejeter entièrement les projets d'usine de liquéfaction de gaz naturel au Saguenay et de gazoduc devant l'alimenter s'il s'avère que ceux-ci ne répondent pas aux critères de protection de l'environnement et d'acceptabilité sociale requis.

Dans une entrevue accordée à La Presse canadienne, le ministre Charette a rappelé que ces projets totalisant des investissements de 14 milliards de dollars en sont à leurs balbutiements et qu'il est encore « impensable de dire si c'est un projet qui va aller de l'avant ou si c'est un projet qui, au contraire, doit être rejeté », une expression que l'on n'avait pas entendue jusqu'ici de la bouche du gouvernement caquiste.

M. Charette a insisté sur le fait que Québec se laisse toujours « la marge ou la latitude nécessaire pour bien évaluer tous les aspects » du projet.

Le premier ministre François Legault, pour sa part, n'a pas caché dans le passé son intérêt pour ce projet, lui qui a invoqué non seulement des milliers d'emplois payants et une infusion massive de capitaux au Saguenay-Lac-Saint-Jean, mais aussi l'avantage environnemental d'utiliser le gaz naturel plutôt que le pétrole ou le charbon comme source d'énergie.

N'empêche que Benoit Charette doit marcher sur une ligne très fine entre les intérêts économiques, les considérations environnementales, l'acceptabilité sociale et les intérêts autochtones, directement impliqués par le passage d'un gazoduc dans un corridor entre Saguenay et Rouyn-Noranda qui chevauche leurs territoires à plusieurs endroits.

Une des préoccupations majeures, côté environnemental, est la protection du béluga, une espèce en voie de disparition dont il reste moins d'un millier d'individus.

Or, le nombre de cargos transitant annuellement sur le Saguenay passerait de 450 à 1300 selon Pêches et Océans Canada avec l'entrée en service de l'usine de liquéfaction combinée aux autres projets de développement industriel dans le fjord du Saguenay, une réalité dont le ministre se dit conscient.

Il faut voir dans quelle mesure on peut rendre le projet acceptable sans pour autant menacer cette espèce qui est déjà vulnérable et qui mérite une attention particulière, a-t-il dit, évoquant une réduction de la vitesse des navires comme mesure d'atténuation efficace.

Cependant, la vitesse ne résout pas le principal problème évoqué par le directeur scientifique du Groupe de recherche et d'éducation sur les mammifères marins, Robert Michaud, dans un entretien avec La Presse canadienne publié dimanche, soit l'augmentation du bruit.

Le chercheur évoquait le fait que le béluga est un animal « essentiellement acoustique », qui dépend du son pour s'orienter et trouver sa nourriture et dont les fonctions vitales sont affectées par le stress causé par le bruit.

En même temps, le ministre souligne aussi, à l'instar de son premier ministre, les avantages du gaz naturel sur les autres sources d'énergie et ajoute que l'usine Énergie Saguenay utiliserait un procédé entièrement électrique pour liquéfier le gaz, une première, alors que cette procédure implique habituellement l'usage d'hydrocarbures ou d'ammoniaque.

Normal, disent GNL et Gazoduq

Les promoteurs des projetes gaziers à Saguenay, GNL Québec et Gazoduq, considèrent qu'il est tout à fait normal que le ministre de l'Environnement adopte cette position.

Pour nous, ce que le ministre nous a dit, il n’y a pas de surprise là-dedans. On comprend sa position. On a un processus d’évaluation environnementale qui est extrêmement rigoureux au Québec alors c’est tout à fait normal, de la part d’un ministre, à ce stade-ci, de prendre cette position-là. Nous, c’est ce qu’on demande aussi, avoir une analyse crédible et rigoureuse de notre étude d’impact déposée il y a deux semaines, dit Stéphanie Fortin, directrice des communications chez GNL Québec.

Chez Gazoduq, la porte-parole Marie-Christine Demers croit que des analyses approfondies permettront d'examiner le projet avec plus de rigueur.

On constate que c’est assez normal à ce stade-ci qu’un ministre ne se prononce pas et réfère au fait qu’un processus devra suivre son cours. Pour nous, c’est important que le processus soit le plus rigoureux possible. Donc, on souhaite que rien ne soit laissé au hasard, fait-elle valoir.

Pour ce qui est de la Coalition Fjord, la porte-parole Anne Gilbert-Thévard est rassurée.

C’est très rassurant de savoir qu’il fait son travail de ministre. D’avoir l’acceptabilité sociale et les avis scientifiques, prendre tout ça en compte, c’est tout à fait normal. C’est ce à quoi je m’attends d’un ministre. Qu’il le fasse, c’est du gros bon sens.

Une citation de Anne Gilbert-Thévard, Coalition Fjord

Évaluations environnementales fractionnées

Québec a toutefois fait son lit en matière d'évaluations environnementales et refuse de mener une évaluation environnementale globale des deux éléments du projet, comme le réclament de nombreux intervenants tant chez certains citoyens et groupes environnementalistes que du côté de l'opposition à Québec.

Le ministre Charette répète cependant, comme il le fait depuis le début, qu'il s'agit de deux projets distincts même s'ils sont pilotés par le même actionnaire, GNL Québec, et que les deux entreprises, Gazoduq et Énergie Saguenay, deviendront de plus en plus distinctes l'une de l'autre avec le temps.

De plus, il soutient qu'un regroupement ne ferait que retarder toute la démarche puisque les demandes pour chacun des projets ont été déposées avec plusieurs mois d'intervalle, de sorte que « si on devait les regrouper, ça retarderait l'étude du dossier. » Il affirme également qu'avec la tenue de deux évaluations distinctes du Bureau d'audiences publiques en environnement (BAPE), « il risque d'y avoir une meilleure bonification si le projet devait aller de l'avant ».

Il n'en reste pas moins que les deux projets sont interdépendants, l'usine ayant besoin du gazoduc de 750 kilomètres qui doit amener le gaz naturel de l'Ouest canadien à partir d'un gazoduc existant en Ontario.

Le gazoduc étant de ce fait une infrastructure interprovinciale, une évaluation fédérale sera également requise.

D'après les informations de La Presse canadienne et de Mélissa Savoie-Soulières

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