Le manque de conciliation travail-famille demeure un obstacle pour les femmes en sciences

La conférence sur l’avenir du leadership des femmes en science, santé et innovation a réuni neuf panélistes de plusieurs pays. La Dre Judy Illes, de l’Université de la Colombie-Britannique a modéré la discussion (au centre de la photo).
Photo : Gratianne Daum, Consulat Général de France à Vancouver
- Saïda Ouchaou
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Des lois pour une meilleure conciliation travail-famille aideraient à l'avancement des femmes en sciences, selon des leaders mondiales réunies à Vancouver.
Pour la Canadienne Lesley Shannon, professeure en science de l’ingénierie à l’Université de Simon Fraser, la gestion des congés lorsque les femmes ont un enfant n'est pas facile.
Elle-même mère d’un bébé, elle croit qu’il faut légiférer pour que les hommes et les femmes aient à se partager les congés parentaux financés par le gouvernement. « Il faut éliminer la stigmatisation associée à la maternité qui pèse encore sur les femmes dans leur parcours », ajoute-t-elle.
L'universitaire était invitée à partager son expérience à l'occasion d'une conférence sur le leadership des femmes en sciences, tenue à Vancouver à la veille de la Journée internationale des femmes.
Les panélistes ont abordé les différents obstacles auxquels font face les femmes amenées à occuper des postes de leaders en science, en santé et en innovation.

La professeure Lesley Shannon de l’Université Simon Fraser participe à la conférence de presse sur l’avenir du leadership des femmes en sciences avec son enfant.
Photo : Saïda Ouchaou
Il ne devrait pas y avoir de solution biologique à un problème social.
Pour la Dre Christina Woopen, professeure d’éthique médicale à l'Université de Cologne en Allemagne, les femmes doivent avoir confiance en leur capacité d’à la fois mener une carrière ambitieuse en sciences et une vie de famille.
Directrice générale d’un grand centre de recherche et Chaire du groupe européen en sciences éthiques et nouvelles technologies, elle a aussi élevé des enfants durant son parcours.
Elle et les autres panélistes déplorent, sans condamner celles qui y ont recours, l’idée de repousser l’âge de la conception au moyen du gel des ovocytes. La Dre Woopen croit qu’il faut modifier les institutions pour que les femmes puissent avoir, à la fois une vie professionnelle riche et une vie de famille équilibrée.
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Des problèmes discutés ailleurs dans le monde
À l'étranger, l’Université d’Oxford a adopté des changements d’horaires entre autres mesures, pour faciliter la conciliation entre la vie familiale et la vie professionnelle.
La professeure en neuroscience Ilina Sing rapporte que dans son département, les réunions ne commencent pas avant 10 h, ce qui facilite l’inclusion des chercheurs qui ont des enfants à déposer à l’école le matin.
Mais elle fait remarquer que le programme a bénéficié d’un financement du gouvernement, car il répond aux critères fixés par la loi britannique sur la diversité et l’inclusion, adoptée récemment.
En France, c’est encore difficile pour les femmes.
La Dre Corinne Alberti, professeure en santé publique à l’Université Paris-Diderot et également directrice de l'Institut de santé publique à l’INSERM, indique qu'il n'y a que 20 % de femmes professeures alors qu’elles représentent 60 % des étudiants dans les premières années.
Malgré ce constat, la Dre Alberti demeure optimiste : « Il y a déjà une prise de conscience. » Elle estime que les hommes doivent être inclus dans ces discussions pour que les milieux changent.
- Saïda Ouchaou