La réalité virtuelle au service des soins infirmiers

Voici Pierre Dupuis, un patient virtuel utilisé au Centre de simulation de la Faculté des sciences infirmières de l’Université de Montréal
Photo : Université de Montréal
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Les futurs infirmiers et infirmières inscrits à l'Université de Montréal plongent dans l'univers de la réalité virtuelle totalement immersive sur 360 degrés depuis l'automne dernier, une première au Canada.
La scène rappelle davantage un jeu vidéo qu’une salle de classe. Antoine Sanfaçon, étudiant de 3e année à la Faculté des sciences infirmières, porte un casque de réalité virtuelle. Mais le futur infirmier ne joue pas. Il prend part à un exercice pour simuler une visite à domicile.
Dans ses mains, des manettes lui permettent de manipuler thermomètre, pansements et stéthoscope, comme dans la vraie vie.

Casque et manettes permettent à Antoine Sanfaçon de rendre virtuellement visite à Pierre Dupuis, un patient de 67 ans atteint d’insuffisance cardiaque.
Photo : Radio-Canada / Chantal Srivastava
Derrière un ordinateur, les formateurs font évoluer le scénario selon les gestes posés par l’étudiant. Ils peuvent faire asseoir le patient, lui faire soulever son chandail pour l’auscultation et même ouvrir la porte de son réfrigérateur si l’étudiant demande la permission d’y jeter un œil, question de vérifier de quoi il s’alimente.
C’est comme si j’étais dans la cuisine. Ça me permet d’évaluer dans quel environnement vit le patient.
La réalité virtuelle immersive sur 360 degrés s’ajoute à l’éventail des moyens mis à contribution par le Centre de simulation de la Faculté des sciences infirmières de l’Université de Montréal.
En novembre dernier, le Centre a reçu l’agrément du Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada. « Une première au pays », souligne Haj Mohammed Abbad, responsable du Centre de simulation, qui se réjouit de cette reconnaissance.
« C’est pour la qualité de la formation, mais aussi pour la recherche qu’on fait ici pour améliorer la formation, de même que pour l’éthique, la rigueur scientifique et les bonnes pratiques de gestion », ajoute-t-il.
Chaque année, 1500 étudiants fréquentent le centre où des salles ont été aménagées pour simuler un vrai hôpital.
Des mannequins robots qui accouchent
Les exercices de simulation font parfois appel à des mannequins robots haute fidélité. Les formateurs en contrôlent tous les signes vitaux. Les mannequins peuvent respirer, tousser, s’étouffer. Un modèle est même capable d’accoucher d’un bébé robot et d’expulser ou non son placenta.

À gauche, un robot haute fidélité simule un accouchement. À droite, les étudiants doivent s’occuper du bébé-robot, couper son cordon ombilical et s’assurer de l’expulsion complète du placenta.
Photo : Radio-Canada / Chantal Srivastava
En parallèle, des chercheurs s’intéressent à l’effet de ces exercices de simulation sur la qualité des apprentissages. Patrick Lavoie étudie les effets des activités de simulation afin d’optimiser la formation.
Les études démontrent que l’aspect le plus important, c’est la discussion qui a lieu après la simulation.

Patrick Lavoie, professeur adjoint à la Faculté des sciences infirmières de l’Université de Montréal et chercheur au Centre de recherche de l’Institut de cardiologie de Montréal
Photo : Radio-Canada / Chantal Srivastava
À quel point a-t-on besoin de technologies sophistiquées? Le fait de s'exercer avec des modèles qui se rapprochent de la réalité a-t-il un impact sur les apprentissages et la manière dont les gens vont réagir à la simulation? Les axes de recherche sont nombreux.
Le reportage de Chantal Srivastava a été diffusé à l'émission Les années lumière, à ICI Radio-Canada Première.