Un trouble du sommeil précurseur de la maladie de Parkinson?

Les aidants naturels réclament de l'aide depuis longtemps.
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Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
En étudiant des personnes aux prises avec un problème de sommeil bien particulier, des chercheurs montréalais qui font partie d'un groupe international ont réussi à prédire avec plus de précision la progression du parkinson; une autre étape franchie vers le développement de médicaments pour cette maladie, croient-ils.
Car il n'y a actuellement pas de traitement pour le parkinson. « On a juste des traitements pour les symptômes », a rappelé en entrevue l'un des auteurs de cette étude, Ziv Gan-Or, un médecin et chercheur à l'Institut et hôpital neurologiques de Montréal.
Avec des collègues de cet Institut, de l'Hôpital général de Montréal, du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) et d'autres un peu partout dans le monde, il a réalisé cette étude regroupant près de 1300 patients. Elle a été dirigée par le Dr Ron Postuma, également de l'Institut.
Le problème de sommeil qu'ils ont étudié est appelé « trouble comportemental en sommeil paradoxal ». Il a été étroitement lié à la maladie de Parkinson, dont il est en fait l'un des symptômes précoces.
Les personnes présentant ce symptôme « miment » leurs rêves pendant leur phase de sommeil REM : si elles rêvent qu'elles font du café, elles font les gestes liés, par exemple activer la machine et brasser le café. Celles qui rêvent qu'elles jouent au soccer donnent des coups de pied, a expliqué en entrevue Dr Gan-Or.
Ceux qui ont ce trouble de sommeil – 80 % à 90 % d'entre eux en fait – vont développer une maladie neurodégénérative, et pour la moitié, ce sera le parkinson, et pour d'autres, une forme de démence, a-t-il relaté en entrevue. En moyenne, cela se produit sur une période de 10 ans.
La plupart des gens qui ont ce trouble de sommeil ne s'en rendent pas compte. Ceux qui s'en aperçoivent – ou qui se le font dire par la personne qui partage leur lit – ne croient pas qu'il s'agit d'un problème méritant d'aller voir le médecin.
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Dépistage précoce
Pour créer des médicaments, le problème est le suivant, explique le chercheur : comme la maladie de Parkinson progresse très lentement, il peut s'écouler des années avant que les symptômes les plus typiques soient visibles, comme les tremblements et la lenteur des mouvements.
Et à ce moment-là, une bonne partie du dommage au cerveau a déjà été fait. Et il est probablement trop tard pour tester sur ces patients des médicaments qui pourraient ralentir ou prévenir la progression de la maladie, se désole Dr Gan-Or, spécialisé dans l'étude du parkinson et du cycle du sommeil REM.
C'est là que leur étude entre en jeu.
Elle a permis d'identifier à des stades beaucoup plus précoces ceux qui vont développer la maladie de Parkinson, avant même qu'elle n'apparaisse.
Cela va leur permettre d'étudier les mécanismes de la maladie et d'apprendre comment elle se développe et pourquoi elle progresse plus rapidement chez certains patients que chez d'autres, notamment en faisant de l'imagerie médicale sur leurs cerveaux, a expliqué le chercheur.
Il a notamment été constaté que chez les patients ayant le trouble de sommeil en même temps qu'une perte d'odorat, le parkinson allait évoluer plus rapidement.
Le bénéfice pour de meilleurs essais cliniques est évident : avec des patients identifiés dès le début de la maladie, ces tests supervisés par des médecins peuvent être réalisés sur de plus longues périodes, ce qui permet de récolter beaucoup plus de précieuses données. Et puis cela rend possible l'essai de médicaments sur des patients dont le cerveau est moins atteint.
« Avec cette population à un stade moins avancé de la maladie, on pourra voir si les médicaments fonctionnent et préviennent le développement du parkinson et de la démence », dit le chercheur.
C'est ça l'espoir. On n'est pas encore là, mais on va y arriver. Ce n'est qu'une question de temps.
La taille de cette étude a aussi permis de confirmer et de valider avec plus de précision ce qui était déjà connu sur le lien entre ce problème de sommeil et la maladie de Parkinson.
Les résultats de recherche ont été publiés au début du mois de mars dans la revue scientifique Brain.