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Une tasse avec votre café? Une chaîne vancouvéroise à l'assaut des gobelets jetables

Tasse de café en céramique.

Une minorité de consommateurs de café prennent leur café pour le boire sur place au Canada.

Photo : Radio-Canada / Eric Tremblay

Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Un entrepreneur vancouvérois a décidé de s'attaquer au problème des gobelets à usage unique en imposant une surcharge de 40 cents par tasse. En moins de six mois, il a remarqué un important changement d'habitudes chez ses clients.

Le propriétaire de la chaîne vancouvéroise JJ Bean en avait assez de voir ses clients commander leur café dans une tasse jetable.

La chaîne vancouvéroise JJ Bean change ses prix pour combattre la pollution. Voici comment.

« Si vous visitez nos cafés, vous remarquerez probablement que la moitié des clients utilisent un gobelet en papier pour le consommer sur place. Ce n’est pas correct et nous avons décidé de faire quelque chose », raconte-t-il.

John Neate a donc pris les grands moyens.

John Neate, propriétaire de JJ Bean, parle à la caméra.
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Le propriétaire de la chaine JJ Bean, John Neate, se sent concerné par la question des gobelets jetables.

Photo : Radio-Canada / Harold Dupuis

En octobre, l’homme d’affaires a investi 50 000 $ pour distribuer des tasses réutilisables à ses clients, à condition qu'ils achètent un bon d’achat d’une somme équivalente à la valeur de la tasse.

Il leur a aussi annoncé une augmentation importante de sa grille de prix.

La seule façon d’y échapper? Les clients qui apportent leur propre tasse ont désormais droit à un rabais de 40 cents, équivalent à cette hausse des tarifs. Ceux qui boivent leur café dans une tasse de céramique ont aussi droit à 15 cents de rabais.

«  »

— Une citation de  John Neate, propriétaire de JJ Bean

Au total, la chaîne de cafés, qui compte 24 antennes réparties à Vancouver et à Toronto, a distribué 2250 tasses.

« Nous en avons parlé à Vancity, un de nos partenaires bancaires, raconte-t-il. Mais il n'était pas convaincu que nous puissions changer le comportement des gens et voulait des preuves. »

Cinq mois plus tard, John Neate a la preuve dont il avait besoin.

Caisse enregistreuse où il est écrit "Own Mug".
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La nouvelle politique de prix de la chaîne JJ Bean fait en sorte que vous recevez un rabais de 40 cents si vous apportez votre propre tasse.

Photo : Radio-Canada / Eric Tremblay

Avant cette expérience, seulement 18,8 % de ses clients prenaient leur café dans une tasse de céramique ou réutilisable.

En janvier dernier, cette proportion atteignait 29,9 %.

C’est l’équivalent de 400 000 gobelets de papier qui, ainsi, ne se retrouveront dans la poubelle au cours de la prochaine année.

«  »

— Une citation de  John Neate, propriétaire de JJ Bean

Usage unique, problème récurrent

Au Canada, il se boit 15 milliards de tasses de café par année, selon l’organisme Zero Waste Canada. Près du tiers des commandes seraient à emporter.

Dans des chaînes comme Tim Hortons, McDonald’s ou Starbucks, un rabais de 10 cents est aussi accordé aux clients ayant leur propre tasse et la presque totalité des cafés commandés est à emporter.

« Ce n'est pas assez pour motiver les gens, souligne Barb Hetherington, de Zero Waste Canada. Ça ne fait pas assez mal à leur portefeuille. »

Et, bien que ces tasses soient généralement recyclables, bon nombre de consommateurs ne prennent pas la peine de s'en débarrasser de la bonne façon.

« Que ce soit à Montréal ou à Vancouver, des millions de gobelets jetables sont jetés à la poubelle chaque semaine, soutient la porte-parole de Zero Waste Canada. Ces tasses finissent par se retrouver dans les décharges. »

Par ailleurs, dans les cas où elles sont compostables, les villes n’ont pas nécessairement les infrastructures pour les traiter.

«  »

— Une citation de  Barb Hetherington, porte-parole, Zero Waste Canada.

Une taxe avec votre latte?

Pour s’attaquer au problème, l’idée d’une « taxe latté » commence à faire son chemin.

L’année dernière, le Royaume-Uni a pensé mettre en place une taxe de 0,25 livre sterling par tasse jetable, avant de rejeter l’idée.

En Californie, la Ville de Berkeley, près de San Francisco, a décidé d’imposer, en janvier dernier, une taxe de 25 cents sur les gobelets jetables.

À Montréal aussi, l’idée d’une somme supplémentaire à payer commence à faire son chemin.

Un homme écrase une tasse de café à usage unique.
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Les propriétaires du Café Paquebot, à Montréal, ont aussi décidé de déclarer la guerre aux gobelets jetables.

Photo : Café Paquebot

En décembre, une étudiante en sciences environnementales de l’Université McGill a proposé de vendre les tasses à usage unique 0,25 $ l’unité.

Olivia St-Laurent, 22 ans, s'était sentie interpellée par le problème alors qu’elle travaillait comme barista en Australie.

«  »

— Une citation de  Olivia St-Laurent, fondatrice de l'OBNL La Vague

Le 1er février dernier, le Café Paquebot, qui comprend trois antennes à Montréal, a commencé à imposer cette surcharge, dont les fonds serviront à financer l’organisme à but non lucratif La Vague ainsi que des initiatives vertes dans le secteur de la restauration.

À long terme, l’objectif est de mobiliser les gouvernements sur la question.

« C’est bien pour les cafés indépendants de démarrer l’initiative, mais je n’ai pas trop [d'espoir] que les grosses chaînes comme Tim Horton’s ou Macdonald’s [facturent] les tasses bientôt, dit-elle. C’est au niveau gouvernemental qu’il y aura une différence. »

Image d'une tasse et d'une affiche indiquant que des frais de 25 cents par tasse jetable sont ajoutés à la facture. L'argent est remis à l'organisme La vague.
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Le Café Paquebot, à Montréal, a commencé à imposer une charge de 25 cents par tasse jetable en février.

Photo : Café Paquebot

Prochaine étape : convaincre les élus

À Vancouver, le propriétaire de JJ Bean lui-même s’oppose à l’idée d’une « taxe latte ».

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— Une citation de  John Neate, propriétaire de JJ Bean

Il ne compte toutefois pas s’arrêter là.

Dans la métropole de la côte ouest, 2,6 millions de tasses à usage unique se retrouvent dans les poubelles chaque semaine. Cela représente plus de 20 % des détritus jetés sur la voie publique à Vancouver.

Le traitement de ces déchets engendre des coûts de 2,5 millions de dollars par année.

Enseigne informant les clients de JJ Bean comment se débarrasser de leurs gobelets jetables.
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JJ Bean indique à ses clients comment se débarrasser de leurs gobelets jetables.

Photo : Radio-Canada / Francis Plourde

L’homme d’affaires, qui offre maintenant des gobelets compostables, voudrait que la Ville de Vancouver investisse des ressources pour que ces tasses - qui sont recyclables, mais pas compostées - puissent l'être.

« Je ne suis pas un expert, mais si tous les gobelets en papier et en plastique ainsi que tous les sacs et autres objets étaient compostables, ce serait un bon début », dit-il.

La Ville termine en ce moment une ronde de discussions pour gérer la question des contenants à usage unique. Le résultat de ces consultations devrait être connu au printemps.

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