Toujours plus de temps perdu sur la route à cause de la circulation

Près de la moitié de la population vit à Montréal et dans ses banlieues, l'automobile occupe donc une place importante.
Photo : Radio-Canada / Simon-Marc Charron
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le nombre de travailleurs qui consacrent chaque jour au moins une heure pour se rendre au travail a bondi de 5 % au Canada entre 2011 et 2016, selon Statisque Canada. Une situation essentiellement due à l'intensification de la congestion routière, souligne un expert de l'Institut de recherche sur les transports de l'Université de Toronto.
En se fondant sur les données du recensement de 2016, Statistique Canada a établi qu’environ 1,5 million de Canadiens consacraient à cette époque au moins 60 minutes par jour pour se rendre au travail, ce que l'étude définit comme un long trajet.
De ce nombre, 57 % utilisaient une voiture, un camion ou une camionnette pour se rendre au travail contre environ 40 % qui utilisaient le transport en commun.
Tous moyens de transport confondus, le nombre de travailleurs qui consacrent au moins une heure pour se rendre au travail a augmenté de 5 % entre 2011 et 2016.
L’automobile toujours populaire

La circulation s'annonce encore difficile en fin de semaine dans l'échangeur Turcot.
Photo : Radio-Canada / Simon-Marc Charron
Malgré cette augmentation de la durée des trajets pour se rendre au boulot, les travailleurs canadiens se tournent encore massivement vers l’automobile pour se rendre au travail. De 2011 à 2016, leur nombre a d’ailleurs augmenté de 3 %, souligne Statistique Canada.
D’après les données recueillies par l’agence fédérale, 12,5 millions de personnes au pays utilisaient une voiture, une fourgonnette ou un camion pour se rendre au travail en 2016. De ce nombre, 854 000 mettent au moins une heure pour se rendre au travail.
C’était notamment le cas d’Annie Crombie qui a fait la navette en voiture tous les jours pendant 15 ans de Val-des-Monts, au Québec, jusqu’au centre-ville d'Ottawa.
« J'ai fait la navette pendant très longtemps. Ça avait un impact négatif sur ma productivité et il y avait une importante perte de temps », déplore la dame qui a déménagé à Ottawa l’automne dernier avec son mari et ses enfants.
Le temps ou l'argent?
Souvent, elle devait travailler le soir à la maison pour rattraper le temps qu’elle avait perdu dans sa voiture au cours de la journée, relate-t-elle. Sans compter les 500 $ que le couple consacrait chaque mois pour louer un espace de stationnement au centre-ville d’Ottawa.
Selon la SCHL, les coûts de stationnement sont tels dans les grandes villes qu’ils peuvent souvent annuler les économies réalisées par l’achat d’une maison moins chère en banlieue.
Pour le professeur et directeur de l'Institut de recherche sur les transports de l'Université de Toronto, Eric Miller, le temps consacré chaque jour aux déplacements par les travailleurs a une valeur économique réelle.
« Lorsque nous évaluons différentes politiques de transport, nous tenons compte du temps que les gens passent à faire la navette, de la façon dont ils valorisent leur temps parce qu'ils doivent constamment échanger du temps et de l'argent », explique Eric Miller.
Considérant le salaire horaire moyen au Canada qui est de 27,36 $ de l’heure, Statistique Canada a calculé qu’un trajet aller-retour quotidien d'une heure pour se rendre au travail représente un coût hebdomadaire d'environ 273 $.
La congestion routière à l'origine du problème
Le principal responsable de cette augmentation de la durée des trajets est la congestion routière, précise Eric Miller.
Selon lui, la congestion ne ralentit pas uniquement les automobilistes qui se rendent au travail, elle affecte également la distribution des marchandises et des biens transportés par des camions qui doivent passer, eux aussi, de plus en plus de temps sur les routes pour faire leur travail.
Cette situation oblige par conséquent les gens à quitter de plus en plus tôt la maison pour être à l’heure au travail.
Sur les 854 000 automobilistes qui consacraient au moins une heure pour se rendre au boulot en 2016, 42 % devaient partir entre 5 h et 7 h du matin pour être à l’heure au travail.
Peu de transports en commun inter-banlieues

Les trains de banlieue, particulièrement sur la ligne de Deux-Montagnes, ont été adaptés pour mieux fonctionner dans les conditions climatiques hivernales.
Photo : Radio-Canada
En ce qui a trait aux transports en commun, outre l’affluence aux heures de pointe, les réseaux essentiellement axés des banlieues vers les centres-ville sont aussi responsables de l’allongement de la durée des trajets vers le travail, souligne Eric Miller.
Selon lui, de nombreux Canadiens qui doivent voyager en voiture d’une banlieue à une autre pour travailler voudraient utiliser les transports en commun, mais ne peuvent le faire, car les systèmes de transport ne sont pas efficaces, voire inexistants entre les banlieues.
Des impacts sur la santé
Outre l’impact économique qu’ont les longs trajets sur les travailleurs, l’impact de toutes ces heures passées chaque semaine dans la circulation affecte aussi la santé et le bien-être des gens, souligne Clare Kumar, spécialise de la productivité et de l'organisation, à Toronto.
Si certaines personnes intègrent très bien leurs déplacements dans leur vie, explique-t-elle, d'autres en revanche n’y arrivent pas et en souffrent.

Le stress provoqué par la circulation intense a un impact négatif à long terme sur la santé.
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C'est un stress chronique pour beaucoup de gens, qui finissent par développer des problèmes de santé.
L'un des plus grands défis des longs trajets est la perte de temps personnel, explique Clare Kumar.
Selon elle, perdre du temps pour se rendre au travail peut avoir une incidence sur la nutrition, l'hydratation, la quantité d'exercice et l'accès à la lumière.
Elle recommande d’ailleurs aux travailleurs qui empruntent le transport en commun de descendre un ou deux arrêts avant leur destination et de marcher à la lumière du soleil pour profiter un peu du beau temps.