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Pas d'accusation contre le SPVM relativement à la mort de Pierre Coriolan

M. Coriolan parlant au téléphone.

Pierre Coriolan a perdu la vie le 27 juin 2017 au cours d'une intervention policière.

Photo : gofundme.com

Le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) annonce qu'il ne portera pas d'accusation à la suite de l'enquête indépendante instituée après la mort de Pierre Coriolan, à l'été 2017. L'emploi de la force, dans ce cas-ci, était justifié, selon lui.

« Après examen du rapport produit par le Bureau des enquêtes indépendantes (BEI) en lien avec l’événement [le DPCP] conclut que l’analyse de la preuve ne révèle pas la commission d’une infraction criminelle par les policiers du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) », écrit le DPCP dans un communiqué transmis vendredi.

L'homme noir de 58 ans est mort le 27 juin 2017 lors d'une opération policière dans l'immeuble à logements qu'il habitait dans le quartier Centre-Sud. Il a été abattu lorsqu'il s'est élancé vers les policiers, muni d'un couteau et d'un tournevis.

Un pistolet Taser et une arme intermédiaire d'impact à projectiles (AIIP) de 40 mm avaient été utilisés auparavant, mais elles n'avaient pas suffi à maîtriser la victime.

M. Coriolan souffrait de troubles mentaux. Une analyse toxicologique a aussi montré la présence de substances psychotropes dans son sang le jour de sa mort. Le rapport du coroner, par contre, se fait toujours attendre.

Une intervention musclée

Les policiers avaient été appelés sur place pour répondre à des plaintes selon lesquelles M. Coriolan frappait des objets et criait dans son appartement de l'avenue Robillard, près de la rue Saint-André.

Six agents ont participé à l'intervention, jugée « brutale et excessive » par les proches de la victime.

Or, « les tribunaux ont établi que l’appréciation de la force ne devait [...] pas être fondée sur une norme de perfection », écrit le DPCP. « En effet, les policiers sont souvent placés dans des situations où ils doivent rapidement prendre des décisions difficiles. Dans ce contexte, on ne peut exiger qu’ils mesurent le degré de force appliquée avec précision. »

Un voisin avait filmé l'intervention avec son téléphone intelligent.

La vidéo, d'une durée de quatre minutes, a été diffusée l'an dernier par la famille de M. Coriolan en même temps que l'annonce d'une action civile contre la Ville de Montréal.

Une conférence de presse.

Des proches de Pierre Coriolan et des militants ont annoncé en 2018 qu'ils entendaient poursuivre la Ville de Montréal.

Photo : La Presse canadienne / Graham Hughes

Une campagne de sociofinancement a d'ailleurs été lancée par le militant Will Prosper pour permettre à la famille Coriolan de poursuivre ses démarches judiciaires. À ce jour, elle a recueilli un peu plus de 10 000 $.

« Cette violence s’inscrit dans le continuum habituel d’intervention qui entraîne trop souvent la mort de personnes vulnérables, noires et aux prises avec des troubles de santé mentale », écrit M. Prosper sur la plateforme GoFundMe.

L'une des avocates de la famille s'est dite déçue, mais pas surprise de la décision de la Couronne, parce que « le cadre d'analyse du BEI et du DPCP est assez étroit ».

Me Virginie Dufresne-Lemire demande d'ailleurs une enquête publique du coroner, « qui permettrait de faire une analyse plus large sur la manière dont les policiers interviennent, particulièrement avec des personnes vulnérables ».

« Il ne faut pas juste regarder le moment où le policier a tiré », soutient l'avocate.

Selon elle, il faut aussi se demander : « est-ce que c'était correct, comment ils sont intervenus? Comment ils ont préparé l'intervention, comment ils ont décidé d'intervenir, les paroles qui ont été prononcées, la manière dont elles ont été prononcées? Est-ce que c'était la meilleure façon d'intervenir auprès de personnes en crise? Voilà ce qu'on aimerait comprendre, soit avec une poursuite civile, soit avec une enquête du coroner, ou les deux, évidemment », explique Me Dufresne-Lemire.

La Fédération des OSBL d’habitation de Montréal (FOHM) est aussi surprise des conclusions du DPCP.

L'organisme s’interroge sur l'efficacité des mesures mises en place, à l'instigation du rapport Malouin concernant la mort d'Alain Magloire, il y a cinq ans. Elle réclame qu'une évaluation soit faite par la ministre de la Justice pour apporter les correctifs nécessaires et éviter un drame similaire.

Une enquête de 18 mois

De son côté, le BEI a annoncé vendredi qu'il fermait le dossier sur lequel il travaillait depuis un an et demi.

Une douzaine d'enquêteurs se sont penchés sur cette affaire avec le soutien de deux techniciens en identité judiciaire de la Sûreté du Québec, a-t-il indiqué.

Les témoignages de huit civils ont été recueillis, en plus de ceux des six policiers qui étaient présents sur les lieux au moment du drame.

La famille Coriolan a été informée du déroulement de l'enquête et des conclusions de celle-ci, a précisé le BEI.

La mairesse en mêlée de presse.

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, prendra le temps de consulter le rapport du DPCP sur la mort de Pierre Coriolan.

Photo : Radio-Canada

Questionnée sur le sujet vendredi après-midi, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a expliqué qu'elle n'avait pas encore pris connaissance des conclusions du DPCP, mais qu'elle entendait respecter sa décision.

« Il faut quand même reconnaître que la justice a fait son travail », s'est-elle contentée de dire.

En ce qui a trait aux allégations de profilage social et racial – une question jugée « complexe » par la mairesse –, Mme Plante s'est dite « heureuse que le SPVM ait décidé d'être beaucoup plus proactif » sur cette question, évoquant par exemple le recours au travail de chercheurs externes et indépendants pour pouvoir colliger et mettre en lumière certaines données qui l'aideront à affiner son plan stratégique.

Elle a toutefois répété que, pour l'instant, il n'était pas question d'équiper tous les patrouilleurs du SPVM de caméras portatives.

Avec la collaboration de Manon Richard

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