Une coopérative d'achat d'héroïne pour lutter contre les surdoses

Plusieurs toxicomanes suivent présentement des traitements à base de méthadone.
Photo : La Presse canadienne / Darryl Dyck
Les médecins d'un centre de recherche sur l'usage de drogues de Vancouver recommandent la création d'une coopérative d'achat d'héroïne qui serait certifiée sans fentanyl, la substance à l'origine de la majorité des surdoses en Colombie-Britannique.
Dean Wilson se drogue depuis l’âge de 13 ans. Il suit un traitement à base de méthadone, mais il a fait plusieurs rechutes à cause de changements dans les produits qui lui étaient prescrits. Il dit avoir entendu parler de deux ou trois groupes de personnes dépendantes qui s’organisent pour acheter de l’héroïne moins dangereuse que celle qu’ils trouvent dans la rue.
Dean Wilson estime que ces personnes n’ont pas d’autre choix que de se mettre ensemble pour faire face à la crise des surdoses, qui a causé la mort de 1489 personnes en 2018.
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Dans un rapport publié jeudi, le British Columbia Centre on Substance Use (BCCSU), un groupe de médecins qui étudie l’usage des drogues dans la province, compare l’interdiction de posséder de l’héroïne à la prohibition de l’alcool et appelle à une distribution contrôlée d’héroïne pour les personnes dépendantes uniquement.
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Le directeur général du BCCSU, Evan Wood, estime que 130 000 personnes sont dépendantes aux opioïdes en Colombie-Britannique à cause, dit-il, des stratégies de vente du crime organisé et des prescriptions excessives de certains médecins.
Evan Wood aimerait voir naître une coopérative d’achat d'héroïne, qui se fournirait auprès d’une entreprise pharmaceutique, en s'inspirant du mode de fonctionnement de la clinique Providence Crosstown, installée dans le quartier Downtown Eastside de Vancouver. Cette clinique offre de l’héroïne médicinale plusieurs fois par jour à près de 200 personnes dépendantes sous supervision médicale.
La coopérative d’achat d'héroïne serait gérée par ses membres et financée par les abonnements. En plus d’assurer la traçabilité du produit, Dean Wilson pense que cela permettrait de réduire les coûts. Si une personne a accès à moins de 1 gramme d’héroïne pour 3 $ par jour, soit 90 $ par mois, dit-il, cette personne pourra se l’acheter et n’ira pas voler une tondeuse ou un barbecue.
La coopérative pourrait fonctionner dans la légalité, estime Evan Wood, si les autorités invoquent le motif d’urgence pour la santé publique, d’intérêt médical ou scientifique. Les utilisateurs d’autres drogues et les personnes qui ne sont pas dépendantes seraient invités à suivre d’autres programmes.
Avec les informations de Rafferty Baker.