Le long chemin de l'adoption : « On manque de sommeil, mais on est comblés »

Le principe de la «banque mixte» et qu’à ce stade, la famille biologique peut demander de récupérer son enfant.
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
L'adoption d'un enfant au Québec est un processus difficile, où rien n'est jamais gagné. Pascal Allard et Eveline Gill, un couple identifié comme une « famille banque mixte », en savent quelque chose.
Ils ont d’abord joué le rôle de famille d’accueil pour un enfant sous la responsabilité de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ), avec possibilité de l’adopter.
On était prêts à recevoir ce que la vie nous donnait, on ne voulait pas magasiner.
« On a été accrédités, puis 16 jours après, un enfant est rentré chez nous », se rappelle Eveline Gill.
Le nouveau venu avait 1 an. « On était euphoriques », confie Mme Gill. C’était assez pour oublier les risques de la « banque mixte », enchaîne M. Allard.
Le principe de la « banque mixte » veut que la famille biologique puisse demander de récupérer son enfant.
Quand on va aux rencontres d’information, on nous parle de 90 % de succès. Quand j’embarque dans quelque chose qui a 90 % de succès, j’y crois.
Trois mois plus tard, le couple reçoit un appel téléphonique leur demandant de se présenter dans les deux heures à la DPJ. « Il [l’enfant] retourne vivre avec son père », raconte Mme Gill avec un trémolo dans la voix.
Tu fais à manger, tu prépares ses affaires, les petits toutous, ses quatre, cinq morceaux de linge, tu mets ça dans le sac. Puis tu pars.
« Tout l’amour qu’on a donné à cet enfant, ça lui appartient. Il a ça de plus dans son bagage de vie », confie Eveline Gill. Mais le départ de cet enfant a été difficile à vivre.
Je voulais mourir, j’avais une peine… c’était l’enfer. Je ne pouvais croire ce que j’avais fait au Bon Dieu pour mériter ça.
Quelques mois plus tard, Éloïse, 10 semaines, fait son entrée dans cette famille et remet en branle les émotions du couple.
Les enfants comme Éloïse, sont au nombre de 145 placés dans des « familles mixtes » à Montréal en 2017-2018. Seuls trois enfants sont retournés chez leurs parents biologiques ces deux dernières années.

La famille de Pascal Allard et Eveline Gill, après beaucoup d'efforts.
Photo : Radio-Canada
Aujourd’hui, le lien familial créé entre Eveline, Pascal et Eloïse ne peut plus être défait depuis qu’ils sont passés devant un juge de la Chambre de la jeunesse. Cette adoption aura pris 15 mois à se réaliser, au lieu de huit ans pour une adoption régulière.
Inscrits également pour une adoption régulière, Eveline et Pascal ont eu le bonheur de recevoir un autre bébé. « On a joué les dés et on a tiré les bons numéros », dit, sourire aux lèvres, l’heureuse maman, qui admet tout de même manquer de sommeil. « Mais on est comblés », ajoute-t-elle.
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D'après le reportage de Mathieu Prost