Immigration : le ministre Jolin-Barrette clarifie la situation

Le ministre québécois de l'Immigration, Simon Jolin-Barrette.
Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Simon Jolin-Barrette tente de dissiper le flou entourant les dispositions du projet de loi 9 qui entraînera une refonte du système d'immigration. Le ministre invite notamment les nouveaux arrivants qui ont déjà présenté une demande à « manifester leur intérêt ».
« Pour les gens qui sont sur le territoire québécois [et dont le traitement de la demande est suspendu], je les invite à appeler au ministère de l'Immigration, on va pouvoir les renseigner à savoir quelles sont les démarches à suivre », a dit M. Jolin-Barrette, lundi, lors d'une entrevue accordée à En direct avec Patrice Roy.
Le ministre a par ailleurs tenu à rappeler que la présence au Québec des nouveaux arrivants qui ne disposent pas d'un statut permanent est rendue possible grâce à un permis de travail fédéral renouvelable.
Les nouveaux arrivants sont également invités à s'inscrire au Programme de l’expérience québécoise (PEQ), qui s’adresse aux diplômés et aux futurs diplômés du Québec ainsi qu'aux travailleurs étrangers temporaires qualifiés. Ce programme leur permet de demander un Certificat de sélection du Québec (CSQ), étape pouvant mener à l'obtention de la résidence permanente.
« Le projet de loi que j'ai déposé ne change absolument rien au statut des individus : les demandes que nous remboursons ne signifient pas que [les personnes concernées] ne seront pas acceptées au Québec si elles déposent une déclaration d'intérêt », a encore ajouté le ministre.
Des milliers de candidats à l'immigration au Québec ne cachent pas leur désarroi depuis que le ministre Simon Jolin-Barrette a annoncé jeudi dernier que son gouvernement compte annuler 18 000 demandes soumises dans le cadre du Programme régulier de travailleurs qualifiés (PRTQ).
Ils craignent que les efforts qu’ils ont déjà faits pour s’établir au Québec depuis des mois, voire des années, soient anéantis par cette décision, et qu’ils soient contraints de retourner dans leur pays d’origine en attendant le résultat de nouvelles démarches.
En vertu du nouveau système, a plaidé le ministre Jolin-Barrette, le temps d'attente pourrait être réduit à six mois seulement.
« Selon l'ancien PRTQ, le taux de refus atteignait parfois 50 %; ce n'était pas vrai que lorsque l'on était sur le territoire québécois, on obtenait automatiquement la résidence permanente », a-t-il ajouté.
« Ça prend un système qui est plus humain, et qui ne laisse plus les gens dans l'incertitude », a poursuivi le ministre en écorchant au passage les précédents gouvernements libéraux.
Le système d'immigration que nous avions ne correspondait pas aux besoins du marché du travail.
Jusqu'à 3700 candidats déjà au Québec
Le cabinet du ministre Jolin-Barrette a aussi fait valoir lundi qu’il est faux de croire que ces gens devront quitter le Québec, puisqu’ils peuvent renouveler leur permis de travail auprès du gouvernement fédéral. Il n’est pas clair, toutefois, que chacun des demandeurs a bel et bien cette possibilité.
Le ministère de l’Immigration ne dispose pas de chiffres permettant d’établir avec certitude le nombre de candidats à l’immigration qui se trouvent déjà au Québec. Selon M. Jolin-Barrette, cette situation concernerait jusqu'à 3700 des plus de 18 000 dossiers qui doivent être annulés.
Ces dossiers étant souvent présentés par des étudiants ou des travailleurs sans personne à charge, ils concerneraient 1,5 personne en moyenne, selon le cabinet, de sorte que cela pourrait potentiellement toucher de 5550 à 5700 personnes. Personne ne sait cependant ce qu’il est advenu de tous ces candidats. Certains ont peut-être déjà quitté le Québec.
Le cabinet de M. Jolin-Barrette avait estimé en début de journée que chacun de ces dossiers concernait en moyenne 2,5 personnes, avant de rectifier son évaluation en début d'après-midi.
« Mauvaise foi »
De passage sur le plateau de 24/60, la porte-parole libérale en matière d'immigration, Dominique Anglade, n'a pas mâché ses mots pour critiquer les agissements de la Coalition avenir Québec dans cette affaire.
Selon Mme Anglade, « rien n'empêche à la fois le traitement des 18 000 dossiers en vertu de l'ancien système et le nouveau projet Arrima », qui est en place depuis août dernier, soit sous le précédent gouvernement libéral.
La députée libérale a également évoqué le fait que le ministre Jolin-Barrette « refusait » carrément de traiter les dossiers en attente pour des raisons idéologiques.

« À mon avis, il veut respecter leur objectif de 40 000 nouveaux arrivants, mais ils n'ont pas pris en considération l'impact » d'une telle décision, a-t-elle ajouté, avant de suggérer d'assigner davantage de nouveaux fonctionnaires pour en finir avec les dossiers en attente.
Les fonds pour cet ajout de personnel pourraient correspondre à ce qu'il en coûtera pour rembourser les demandeurs actuellement jetés dans les limbes administratifs, une somme estimée à 19 millions de dollars.
Avec les informations de Sébastien Bovet et Romain Schué