Une place mitigée au sein de la communauté LGBTQ+
Alex Martin et Marc Richard voient d'un bon oeil la popularité grandissante des drag queens.
Photo : Radio-Canada / Émilie Richard
Alors que la popularité des drag queens ne cesse de s'accroître au sein de la population, la réception au sein de la communauté LGBTQ+ est mitigée.
Gabriel Germain, drag queen et fondateur de la troupe House of Gates, rappelle qu’historiquement les drag queens étaient des défenseures des droits de la communauté LGBTQ+. Les drags, c’est une manifestation pacifique pour contrer la conformité
, lance celui qui s’est intéressé à l’origine du mouvement.
Souvent présentes dans les rassemblements, tels les défilés de la fierté gaie, les drag queens sont des symboles forts de la communauté LGBTQ+, comme le souligne le chroniqueur LGBTQ+ à Radio-Canada Pierre McCann. Il y a quelque chose de rassembleur des shows de drag queens.
dit-il.
Pierre McCann croit aussi que d’assister à ces démonstrations de facettes plus exubérantes de la communauté peut avoir un effet libérateur, notamment pour des personnes qui auraient vécu dans le placard pendant plusieurs années
.
Certaines réserves
Bien qu’il insiste sur le fait que l’existence des drag queens est très positif pour la communauté, Pierre McCann conçoit que certains membres de celle-ci peuvent avoir certains bémols face à cette représentation.
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Pierre McCann rapporte aussi que ces personnages vont parfois trop loin dans leur humour, allant même jusqu’à ridiculiser les personnes trans et à avoir des propos discriminatoires.
La directrice du conseil LGBT du Québec, Marie-Pier Boisvert, partage ce point de vue. Le problème, c’est la perception du public. Si on voit les drag queens comme des personnages ridicules, on va facilement faire la transposition qu’une personne qui s'habille en genre opposé est ridicule
dit-elle. Marie-Pier Boisvert souligne aussi que RuPaul a déjà eu des propos désobligeants sur la communauté trans, ce qui avait soulevé de fortes réactions.
Gabriel Germain le constate aussi lors de ses spectacles : certaines personnes ne comprennent toujours pas ce qu’est une drag queen et ont même tendance à les confondre avec des personnes trans. Ce à quoi Marie-Pier Boisvert répond que l’éducation du public revient en partie aux drag queens.
Un impact hors communauté
Les drags queens interrogées, elles-mêmes membres de la communauté LGBTQ+ bien qu’il ne s’agisse pas là d’un pré-requis pour devenir une drag, voient positivement l’impact de ces femmes hautes en couleur pour l’avancement de la cause LGBTQ+.
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Alex Martin et Marc Richard, respectivement connues sous le nom de Taylor De Vil et Samantha Barnack, se réjouissent de la popularité du phénomène drag queens à l’extérieur de la communauté LGBTQ+. Selon eux, la grande popularité de la série RuPaul’s Drag Race mène à une plus grande acceptabilité de la diversité.
Les drags sortent des bars
Le chroniqueur Pierre McCann croit aussi que les drag queens peuvent avoir un impact à l’extérieur des bars pour ouvrir le dialogue. Il cite notamment l’exemple de drags queens qui lisent des histoires aux enfants dans certaines bibliothèques.
Je me souviens d'une jeune fille qui avait dit à une drag queen "ok t'es un peu comme un superhéros finalement, tu portes un costume et tu vas rencontrer les gens pour faire le bien" [...] C'est sûr que de parler d'enjeux LGBT à travers ce type de conférence, ça fait avancer la cause
conclut tout sourire Pierre McCann.