•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

ArchivesTravailler dans le bois dans les années 60

Un draveur, avec sa gaffe, est perché sur des billots au bas d'une chute d'eau.

Le drave et la coupe manuelle du bois symbolisent les métiers de la forêt d'antan.

Photo : Radio-Canada

Radio-Canada

La fonction du draveur a disparu au Québec. Celle du bûcheron s'est fondamentalement transformée. À travers nos archives, retrouvez ces métiers exigeants de la forêt qui ont marqué notre histoire.

Cet extrait de l’émission Caméra 60 du 2 octobre 1960 montre combien l’industrie forestière était centrale dans l’économie canadienne à une certaine époque.

Le narrateur Henri Saint-Georges y décrit les différentes étapes qui mènent à la transformation du bois de nos forêts en pâtes et papiers.

C'est ainsi que, chaque automne, une armée de 120 000 hommes se dirige résolument vers les chantiers du Québec. Le combat s'engage alors entre l'arbre et le bûcheron, un duel au cours duquel la hache et la scie savent triompher du tronc le plus résistant.

Une citation de Le narrateur Henri Saint-Georges

On y voit des bûcherons dans la forêt enneigée qui procèdent au mesurage et à la coupe des arbres, puis chargent les billots dans des charrettes tirées par des chevaux. « Comme l’automation de la ville est restée à l'orée du bois, c’est la traction animale qui doit encore assumer cette fonction », explique le narrateur.

De la clairière, les bûches sont acheminées vers le cours d’eau le plus proche pour s’y laisser transporter « au gré du courant ».

C’est là qu’intervient une autre catégorie de travailleurs intrépides : les draveurs, qui doivent veiller à ce qu’aucun embâcle ne se produise.

Une citation de Le narrateur Henri Saint-Georges

Ce récit daté de 1960 se termine dans une usine de pâtes et papiers à travers laquelle le bois sera décortiqué, broyé, plongé dans des bains d’acide, laminé et expédié en feuilles de papier.

« C’est avec la pitoune qu’on fait la drave »

Gravelbourg Still standing

« Quelle chance qui est d'avoir la plus grande dame du pays à côté de moi! » s'exclame le draveur Jean Crête à l'émission Rendez-vous avec Michelle du 1er juin 1961.

La journaliste Michelle Tisseyre a fait le voyage jusqu'en Mauricie pour visiter son camp de draveurs. Elle y interroge quelques travailleurs, qui lui expliquent la drave, ses dangers et son évolution depuis le début du siècle.

Les draveurs sont ceux qui mènent les billots de bois, la pitoune, le long du courant. Ils doivent défaire les embâcles afin que le chargement se rende à sa destination : l’usine de pâtes et papiers.

La drave est à la merci du vent, les draveurs parfois peuvent le seconder, comme nous l’expliquait monsieur Crête, ou en partie y suppléer.

Une citation de La journaliste Michelle Tisseyre

La visite se clôt par un entretien avec le représentant de la Consolidated Pulp and Paper de la région. « La Consolidated est pas mal large », exprime M. Kirkpatrick dans un français cassé. Il souligne la part importante de son entreprise dans l’économie canadienne.

« Je vous remercie beaucoup de nous avoir si merveilleusement accueillis sur vos territoires et de nous avoir laissés voir de près ce que peut être cette industrie et les draveurs qui en sont une partie si importante », conclut la journaliste Michelle Tisseyre.

« Si j’avais de l’instruction, je ne travaillerais pas dans le bois »

Gravelbourg Still standing

À l’émission Jeunesse oblige du 2 décembre 1964, le journaliste Normand Cloutier va à la rencontre de jeunes Beaucerons qui travaillent comme bûcherons à la frontière canado-américaine.

C'est vers la forêt que doivent se diriger les jeunes de la région qui ne veulent pas ou ne peuvent pas s'exiler vers la ville.

Une citation de Le narrateur Jacques Boulanger

Pour eux, la forêt à la lisière du Maine porte le nom des compagnies qui l’exploitent : Great Northern, International, Price Brothers.

Les bûcherons interviewés dans ce reportage montrent un certain fatalisme par rapport aux conditions difficiles de leur travail saisonnier.

Ils ont commencé à exercer ce travail à 14, 15, 16 ans en raison du peu d’emplois disponibles dans leur région.

« C'est-tu qui qui se sert du papier? » déclare un jeune bûcheron. « C'est le monde instruit. Et c'est le bûcheron qui le fait pour eux autres. Ils vont toujours avoir besoin de papier ».

Au cours des dix dernières années, le salaire est resté le même en forêt, même si le coût de la vie, lui, a augmenté.

Certains apprécient néanmoins la liberté liée à leur travail, payé au bois coupé. « Tu peux t’asseoir pis fumer ta cigarette. T’as pas un break à 10 h pis un break à 3 h. Tu peux travailler à ton aise. Tu fais ce que tu veux. »

« On est du monde qui se contente de peu », achève un autre lorsque le journaliste soulève la possibilité de revendiquer de meilleures conditions de travail.

Dans tous les cas, ils préfèrent travailler aux États-Unis plutôt qu’au Canada, mais retournent dans leurs villages de Beauce une fois la saison terminée.

À la fin des années 90, cette valse aura disparu. « L’automation » finira par franchir la clairière et le travail de « ces fils de la forêt » sera progressivement remplacé par la machinerie.

Encore plus de nos archives

La section Commentaires est fermée

Compte tenu de la nature délicate ou juridique de cet article, nous nous réservons le droit de fermer la section Commentaires. Nous vous invitons à consulter nos conditions d’utilisation. (Nouvelle fenêtre)

Vous souhaitez signaler une erreur?Écrivez-nous (Nouvelle fenêtre)

Vous voulez signaler un événement dont vous êtes témoin?Écrivez-nous en toute confidentialité (Nouvelle fenêtre)

Vous aimeriez en savoir plus sur le travail de journaliste?Consultez nos normes et pratiques journalistiques (Nouvelle fenêtre)

Infolettre Info nationale

Nouvelles, analyses, reportages : deux fois par jour, recevez l’essentiel de l’actualité.

Formulaire pour s’abonner à l’infolettre Info nationale.