Les Sœurs grises souhaitent transformer leur ancien hôpital, un projet de 35 millions

Le projet des Soeurs grises permettrait aux Montréalais de se réapproprier les lieux, fait-on valoir.
Photo : PARA-SOL | Architecture et Développement
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
La congrégation des Sœurs de la charité de Montréal a présenté mercredi un important projet pour mettre en valeur l'ancien Hôpital général de Montréal, un bâtiment patrimonial datant du 17e siècle situé dans le Vieux-Montréal. Mais pour ce faire, un investissement de 35 millions de dollars serait nécessaire.
Le bâtiment abrite en ce moment la Maison de mère d'Youville, rue Saint-Pierre. Il date de 1693. Ses propriétaires souhaiteraient en faire un espace à vocation patrimoniale, culturelle et éducative qui accueillerait 25 000 visiteurs par année.
Leur objectif : assurer la pérennité de ce joyau patrimonial, qui figure d'ailleurs dans le Registre du patrimoine culturel du Québec.
Les Sœurs de la charité, aussi appelées « Sœurs grises », proposent notamment d'intégrer un nouveau « laboratoire d'archéologie citoyenne », en partenariat avec l'Université de Montréal (UdeM).
Il serait aussi possible, dans le cadre de ce projet, de donner accès aux Montréalais à des espaces patrimoniaux témoins de l'époque de la Nouvelle-France, fait valoir la congrégation. Comme la « salle des pauvres », un espace « quasi intact », qui est un peu l'ancêtre de l'Accueil Bonneau : un endroit où les indigents venaient se sustenter et se reposer, à l'époque où Montréal n'était encore qu'une petite bourgade.
Les travaux, estime-t-on, pourraient être réalisés en 24 mois. Impossible toutefois de mener le projet à bien sans les fonds nécessaires, soit 35,2 millions de dollars.
Les Sœurs grises, qui resteraient propriétaires, seraient prêtes à injecter dans ce projet 4 millions; l'UdeM, 1,2 million. La différence de 30 millions devrait venir des gouvernements et de la Ville de Montréal.
Le projet, baptisé « Espace Marguerite d'Youville », prévoit qu'entre 60 % et 70 % des locaux seraient partagés entre la congrégation et l'UdeM.
Les religieuses utiliseraient l'espace leur étant consacré pour aménager une salle d'exposition et ouvrir au grand public la chambre occupée par Marguerite d'Youville jusqu'à sa mort, en 1771. Elles y conserveraient en outre leurs services administratifs, assurés par l'organisme Gestion Providentia, de même que leurs archives.
L'Université, quant à elle, hériterait d'un espace assez grand pour accueillir une soixantaine de chercheurs et d'étudiants.
Enfin, une partie de l'espace restant pourrait être utilisée par le Musée Pointe-à-Callières, ce qui permettrait à celui-ci de réunir sous un seul toit ses collections archéologiques actuellement entreposées dans plusieurs endroits.
Un héritage précieux
S'il se concrétise, l'Espace Marguerite d'Youville perpétuera le nom de la fondatrice de la congrégation des Sœurs de la charité, Marie-Marguerite Dufrost de Lajemmerais, veuve d'Youville. C'est d'ailleurs sous son égide que les Sœurs grises ont pris la responsabilité de l'ancien Hôpital général de Montréal, en 1747.
Abandonné en 1871, puis partiellement détruit, le bâtiment a été sauvé il y a une cinquantaine d'années, lorsque des religieuses sont revenues y vivre.
« Si les Sœurs en 1971 n'étaient pas retournées là, ce serait devenu un immeuble à condos ou ça aurait continué à être dilapidé », explique Luc Noppen, professeur au Département d'études urbaines et touristiques de l'UQAM.
Les dernières résidentes ont finalement quitté la Maison de mère d'Youville en 2017.
La congrégation des Sœurs de la charité a aussi été propriétaire pendant plus d'un siècle d'un autre bâtiment patrimonial : un couvent, bordé par les rues Guy, Saint-Mathieu, Sainte-Catherine Ouest et par le boulevard René-Lévesque Ouest. Le lieu a été cédé à l'Université Concordia en 2007. La commission scolaire de Montréal projette d'ailleurs de construire une école dans la cour arrière de l'ancienne maison mère.
Les religieuses encore vivantes ont quant à elle pris la direction du square Angus, dans le quartier Rosemont, où elles ont emménagé en compagnie de prêtres retraités du diocèse de Montréal.
Avec la collaboration d'Anne-Louise Despatie