Peut-on vivre sans téléphone intelligent?

86 % des Canadiens possèdent un téléphone mobile.
Photo : iStock/Getty Images
Du 6 au 8 février se déroulent les journées mondiales sans téléphone portable. Durant ces trois jours, le public est invité à se déconnecter et à réfléchir sur sa relation avec ces appareils.
Les données avancées par l’Autorité canadienne pour les enregistrements Internet (ACEI) et le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) démontrent que les téléphones intelligents occupent une place de choix dans la vie des Canadiens.
On ne peut plus vivre sans téléphone cellulaire… c’est un passage obligé
, affirme Diane Pacom, professeure émérite à l’École d’études sociologiques de l’Université d’Ottawa. Le côté séduisant de cette nouvelle réalité numérique fait que les gens veulent absolument y accéder. La clé, c’est le cellulaire.
Essayez de vous en défaire pendant trois jours, vous allez vous rendre compte à quel point c’est difficile, voire impossible
, assure Steve Joordens, professeur de psychologie et directeur du Advanced Learning Technology Lab, à l’Université de Toronto.
Selon M. Joordens, nous sommes collectivement dépendants de la technologie mobile. Si certaines personnes sont capables de gérer ce type de dépendance plus sainement, pour plusieurs, une abstention se traduira en une foule de sentiments négatifs, telles l’angoisse ou l’obsession.
Le professeur explique qu’il existe des parallèles à faire entre les sensations provoquées par l’utilisation d’un téléphone intelligent et celle d'une machine à sous.
« »
Dans l’exemple des téléphones intelligents, les récompenses sont plutôt d’ordre social.
Les humains sont des êtres extrêmement sociaux qui valorisent le renforcement social
, affirme M. Joordens. Ça peut prendre la forme d’un partage, d’un j’aime ou d’un commentaire […] Ils nous font sentir bien et apprécier qui nous sommes.
À lire aussi :
Trois jours sans mobile, une purge efficace?
Interrogée sur le potentiel des journées sans téléphone ou des « cures de déconnexion » qui peuvent durer quelques semaines, Mme Pacom reste dubitative.
C’est une excellente idée, mais je reste sceptique quant aux résultats réels
, dit-elle.
Mme Pacom ne croit pas que ces journées soient suffisantes pour se débarrasser définitivement de leurs téléphones intelligents, pour revenir aux moyens de communication d’autrefois.
« »
Si cette démarche peut avoir des effets bénéfiques dans l’immédiat, les comportements de dépendance risquent de revenir au galop une fois le sevrage terminé, croit M. Joordens.
Même si vous vous en éloignez, de votre appareil, vous êtes toujours susceptibles de faire l’objet d’un rétablissement spontané, ce qui signifie que ça ne prend pas grand-chose pour vous rendre dépendant à nouveau
, dit-il.
Il admet toutefois que ces démarches pourraient aider certaines personnes à prendre conscience de la relation problématique qu’ils entretiennent avec leur téléphone.
M. Joordens conseille aux gens d’apprendre à maîtriser leur dépendance au lieu de s’abstenir pleinement.
Éteignez votre portable lorsque vous êtes en voiture, ou lorsque vous êtes en réunion
, affirme-t-il. Tant que nous sommes en mesure de gérer cette dépendance, d’une manière qui n’a pas d’impact négatif, ce n’est pas nécessairement une chose horrible.