Ottawa verse 53 M$ pour venir en aide aux Vénézuéliens

Le premier ministre canadien, Justin Trudeau, et sa ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, ont prononcé une brève allocution au début de la rencontre du Groupe de Lima.
Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick
Ottawa va dépenser 53 millions de dollars pour répondre aux « besoins les plus pressants » des Vénézuéliens qui font les frais du régime de Nicolas Maduro, dont les trois millions de réfugiés qui ont fui le pays au cours des derniers mois, a annoncé le premier ministre canadien Justin Trudeau.
« La majeure partie des fonds ira à des partenaires de confiance et à des pays voisins pour les aider à aider le Venezuela et les Vénézuéliens », a-t-il précisé lors d’une déclaration faite en ouverture de la rencontre du Groupe de Lima, qui s'est déroulée lundi à Ottawa.
Ce groupe, qui vise à ramener le Venezuela sur la voie de la démocratie, a notamment appelé l'armée du Venezuela à se ranger derrière le président vénézuélien intérimaire autoproclamé, Juan Guaido, à qui il a donné son appui.
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« On parle d’aide humanitaire, évidemment au Venezuela, mais aussi dans les pays voisins, particulièrement en Colombie et au Pérou », a ultérieurement précisé la ministre fédérale du Développement international, Marie-Claude Bibeau. Ottawa veut leur fournir de la nourriture, de l'eau, des abris et des services de santé.
« Le but, c’est vraiment d’aider ces personnes qui sont sur la route, qui sont très vulnérables en ce moment », a dit la ministre. « Dans ces situations, les femmes et les enfants, particulièrement, courent des risques importants au niveau du trafic de personnes, de la prostitution. Alors, c’est vraiment d’aider à stabiliser la situation et à aider beaucoup les communautés d’accueil », qui sont « sous pression ».
L'argent sera concrètement versé à des organismes « qui travaillent dans le secteur humanitaire ou dans le développement, et qui sont déjà sur le terrain, qui ont accès à ces populations », a ajouté la ministre Bibeau. Ottawa ne les identifie pas pour des raisons de sécurité, a-t-elle dit.
Aucune somme ne sera versée au gouvernement du président Nicolas Maduro ni à des groupes liés au président autoproclamé Juan Guaido, a-t-elle assuré.
M. Guaido a remercié le Canada pour l'aide annoncée lors d'un discours prononcé lundi devant des partisans.
Depuis 2017, le Canada a versé 2,2 millions de dollars en aide humanitaire pour répondre directement aux besoins des Vénézuéliens touchés par la crise. Il a aussi adopté trois séries de sanctions contre le régime du président élu Nicolas Maduro.
Les pays membres du Groupe de Lima ont d'ailleurs reconnu la légitimité constitutionnelle de M. Guaido à agir comme président en attendant que de nouvelles élections soient déclenchées.
Des conditions économiques catastrophiques
Environ 3 millions de Vénézuéliens ont pris le chemin de l'exil dans les derniers mois. La plupart d'entre eux disent qu'ils n'en peuvent plus de la situation économique dans le pays, plus particulièrement des pénuries de nourriture ou de médicaments.
L'effondrement des cours du pétrole, qui compte pour 95 % des revenus du pays, est venu accélérer cette spirale.
Le Fonds monétaire international estime que le PIB du Venezuela a chuté de 18 % l'an dernier et prédit une inflation de 10 000 000 % en 2019.
Pour tenter de juguler cette inflation vertigineuse, Nicolas Maduro a quadruplé le salaire minimum il y a deux semaines, le faisant passer à 18 000 bolivars par mois, soit un peu plus de 20 $ au taux officiel.
Cette somme permet à peine d'acheter deux kilogrammes de viande.