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Ottawa doit lâcher Trans Mountain maintenant, disent des environnementalistes

Un homme âgé tient un globe-terrestre avec le visage de Justin Trudeau couvert en partie de pétrole noir. Des manifestants sont en arrière-plan devant un centre-ville.

Plusieurs manifestations contre le pipeline Trans Mountain se sont tenues ces dernières années en Colombie-Britannique.

Photo : La Presse canadienne / Darryl Dyck

Fanny Bédard
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

À la suite de la publication du rapport du directeur parlementaire du budget, des environnementalistes répètent qu'Ottawa n'aurait jamais dû acheter le pipeline Trans Mountain et invitent le gouvernement Trudeau à abandonner le projet. D'autres soutiennent plutôt qu'il est maintenant essentiel de le mener à terme.

Dans son rapport, le directeur parlementaire du budget, Yves Giroux, souligne que le gouvernement fédéral a payé à fort prix le pipeline en déboursant 4,5 milliards de dollars. Selon lui, Ottawa était en position de mieux négocier. Le ministre des Finances a soutenu plus tard que le gouvernement avait avancé 4,1 milliards de dollars.

Certains invitent néanmoins le gouvernement de Justin Trudeau à « reconnaître ses erreurs » et à abandonner « ce projet du passé ».

La directrice générale de la Georgia Strait Alliance, Christianne Wilhelmson, soutient que le rapport confirme ce que son organisme affirme depuis le début. « C’était un mauvais investissement qui n’est pas basé sur les systèmes économiques, mais sur une [rationalité] politique qui n’a aucun sens. Quelquefois, il faut prendre des décisions difficiles et arrêter d’investir dans un projet [...] où on ne fera pas d’argent », affirme-t-elle.

Le député fédéral néo-démocrate de la circonscription de Skeena-Bulkley Valley en Colombie-Britannique, Nathan Cullen, accuse pour sa part le gouvernement de détruire l’environnement et les finances du pays. « Les libéraux doivent arrêter ce cauchemar [...] et investir dans l’économie verte », affirme-t-il.

Le directeur de la région de l’ouest pour la Fondation David Suzuki, Jay Ritchlin, considère quant à lui que le rapport de M. Giroux ne tient pas compte d’autres coûts importants et réels pour l’environnement. « Le directeur parlementaire du budget a fait un bon travail à propos des coûts financiers directs, mais il n’a pas évalué les coûts liés au fait que des rivières à saumons seront endommagées ni ceux liés à l’augmentation du trafic pétrolier qui causera des problèmes pour la population d’épaulards de la côte ouest, une espèce en danger », dit-il.

L’Association canadienne des producteurs pétroliers juge au contraire que le directeur parlementaire du budget a sous-estimé la valeur des actifs achetés par le gouvernement. « Ce projet va créer des emplois et amènera la prospérité pour une nouvelle génération de Canadiens », écrit le vice-président de l’exploitation des sables bitumineux de l’Association, Ben Brunnen, dans un communiqué.

Les Autochtones disent stop

De leur côté, les peuples autochtones répètent le même message contre ce projet depuis le début. La Première Nation Tsleil-Waututh estime qui'il est temps que le gouvernement « cesse d'être négligent » avec l'argent des contribuables et arrête Trans Mountain immédiatement.

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— Une citation de  Rueben George, gestionnaire, Tsleil-Waututh Sacred Trust Initiative

Rueben George, de la Première Nation Tsleil-Waututh, a une fois de plus répété que cette dernière allait « veiller, par tous les moyens, à ce que ce pipeline ne soit jamais construit ».

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— Une citation de  Rueben George, gestionnaire, Tsleil-Waututh Sacred Trust Initiative

Le député fédéral de la circonscription de Skeena-Bulkley Valley en Colombie-Britannique, Nathan Cullen, accuse pour sa part le gouvernement de détruire l’environnement et les finances du pays. « Les libéraux doivent arrêter ce cauchemar [...] et investir dans l’économie verte. »

Une transaction rapide

À Calgary, l’analyste du secteur pétrolier Michael Ervin n’est pas surpris des conclusions contenues dans rapport de Yves Giroux. « Avec la vitesse à laquelle s’est conclue une transaction de cette ampleur, il n’est pas étonnant que le gouvernement ait peut-être payé plus que ce qu’il aurait dû », dit-il.

Le professeur de sciences politiques de l’Université de l’Alberta Frédéric Boily considère que la réaction de Justin Trudeau a été « un peu tardive », ce qui a forcé Ottawa à agir rapidement. « La compagnie Kinder Morgan avait lancé un ultimatum au gouvernement comme quoi elle se retirait de ce projet-là », rappelle-t-il.

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— Une citation de  Frédéric Boily, professeur de sciences politiques de l’Université de l’Alberta

Terminer le pipeline pour mieux s'en débarrasser

Le directeur fédéral de la Fédération canadienne des contribuables, Aaron Wudrick, a un avis un peu différent. « Maintenant, c’est important que le gouvernement termine et vende le chantier parce que ce sont les contribuables qui prennent tous les risques à ce sujet. Mais le gouvernement n’aurait jamais dû l’acheter en premier lieu », indique M. Wudrick.

Le chef du Parti conservateur uni de l’Alberta, Jason Kenney, croit lui aussi que le projet d’expansion du pipeline doit aller de l’avant parce qu’il est « vital pour le futur de l’économie albertaine ».

Le gouvernement dans une position difficile

Un chercheur du Centre canadien de politiques alternatives, Hadrian Mertins-Kirkwood, considère que l’achat du pipeline a consisté en une subvention donnée à l’industrie pétrolière et que le rapport du directeur parlementaire du budget le confirme. Toutefois, il pense que le document révèle « combien elle était excessive ».

« Nous sommes dans une position terrible, car le gouvernement possède le pipeline et ne peut pas vraiment revenir sur l’entente. Il est difficile d’imaginer qu’il trouvera un acheteur. Alors le gouvernement est dans une position difficile. Il pourrait accepter les pertes et ne rien faire. Il n’y a pas de bonnes options pour le gouvernement à ce moment-ci », commente le chercheur.

L'expansion du pipeline Trans Mountain entre l'Alberta et la Colombie-Britannique fait l'objet d'une nouvelle évaluation de la part de l'Office national de l'énergie (ONE) dont le rapport est attendu le 22 février. L'automne dernier, Ottawa a renvoyé l'ONE à ses devoirs dans ce dossier après avoir subi un revers en Cour fédérale.

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