Sit-in d’infirmières à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont contre les heures supplémentaires obligatoires

Avec ces heures supplémentaires imposées, les infirmiers et infirmières sont parfois obligés de faire des quarts de 16 heures.
Photo : shutterstock / john panella / John Panella
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Pour manifester leur mécontentement face à la multiplication des heures supplémentaires obligatoires, des infirmières ont participé à un sit-in au service d'urgence de l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont, dimanche soir. Elles réclament de nouvelles embauches pour répondre au manque de personnel.
Parce que trois infirmières de jour qui devaient terminer à 16 h ont dû effectuer des heures supplémentaires obligatoires, leurs collègues du soir ont refusé de travailler, par solidarité.
Avec ces heures supplémentaires imposées, les infirmiers et infirmières sont parfois obligés de faire des quarts de 16 heures.
La situation semble être monnaie courante depuis plusieurs mois, d’après Éric Tremblay, président du syndicat des infirmières du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de l’Est de Montréal.
Il estime que la situation est « inhumaine ».
Cela les empêche d’avoir une vie familiale décente. On leur demande de laisser tomber leur famille et leur vie sociale.

Éric Tremblay, estime que la situation est «inhumaine» pour les professionnels de la santé et réclame la création de postes à temps plein.
Photo : Radio-Canada
Pour certaines professionnelles, la situation met aussi en péril la qualité des soins donnés aux patients.
« On rentre parfois [au travail] en se demandant si on est capable de le faire », dit Rose-Hélène Thibériault-Fontaine, une infirmière qui a participé au sit-in.
Une autre n’hésite pas à dire qu’elle est « épuisée » et qu’elle prend toujours sur elle une cannette de boisson énergisante au cas où on lui demande de prolonger son quart.
Pour Denyse Joseph, vice-présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec, on « kidnappe » les employés.
« Le temps supplémentaire obligatoire ne devrait pas exister. Les employés ont tout en main pour trouver des solutions. Les syndicats ont proposé des solutions, mais malheureusement, c’est encore une fin de non-recevoir de la part de l’employeur », ajoute-t-elle.
Pistes de solutions
M. Tremblay et d’autres infirmières demandent la création de postes à temps complet. « Il faudrait aussi arrêter de planifier à 100 % et plutôt à 140 %, on pense alors que les gens pourraient s’autoremplacer s’il y a une absence ou des situations d’urgence. À 100 %, on répond juste aux besoins au fur et à mesure », plaide-t-il.
« Donnez-nous des collègues et on fera notre maximum, comme on le fait toujours », ajoute Mme Thibériault-Fontaine.
Un peu plus tard en soirée, la situation s’est finalement réglée et les infirmières de jour ont pu quitter l’hôpital vers 19 h. La direction a procédé à une réorganisation des soins en déplaçant des employés et des patients pour la soirée.
Hugo Vitullo, directeur adjoint au service professionnel, a justifié cette situation par une série d’événements propres à la saison, notamment la neige et le verglas qui ont causé de nombreuses blessures, combinés avec la grippe, particulièrement virulente cette année.

Hugo Vitullo assure que des discussions seront organisées la semaine prochaine pour trouver des solutions à la situation.
Photo : Radio-Canada
Toutefois, les syndicats demandent une solution à plus long terme.
Il y aura des discussions dans les prochains jours avec les parties syndicales, les employés et les gestionnaires pour trouver une voie de passage à moyen terme.
La situation n’est pas propre au service d’urgence de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont. La semaine dernière, le syndicat des infirmières a rencontré la ministre de la Santé, Danielle McCann, pour évoquer justement la surcharge de travail.
L’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec a aussi rappelé la semaine dernière que les heures supplémentaires obligatoires doivent être utilisées seulement en cas de dernier recours.
Avec les informations de Marie-Laurence Delainey