Le maire de Fort McMurray veut un moratoire sur les camps de travailleurs

Un camp de travailleurs et le maire de Fort McMurray, Don Scott
Photo : Reuters / CBC
Le maire de la région de Fort McMurray en Alberta en a assez des employés des pétrolières qui ne viennent que travailler dans sa région et en repartent dès qu'ils en ont la chance.
Don Scott croit que ces travailleurs mettent une trop grande pression sur les ressources et les infrastructures de sa région. Sa solution : imposer un moratoire sur la construction et le renouvellement des camps de travailleurs.
« C’est inacceptable [qu’une grande partie de la population de Fort McMurray ] vive dans ces camps », s’insurge M. Scott.
Le maire de la Région municipale de Wood Buffalo affirme que beaucoup de ces travailleurs vivent à Calgary, Edmonton, ou dans d’autres villes de la province. Ils utilisent les infrastructures de la région, comme les routes et le système de traitement des eaux usées, mais ne paient pas de taxes municipales.
En 2017, Don Scott a été élu sur la promesse de réduire le nombre de travailleurs qui vivent dans les camps des pétrolières exploitant les sables bitumineux.
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Mardi, le conseil de la municipalité régionale de Wood Buffalo votera sur la proposition du maire pour imposer un moratoire sur la construction des camps de travailleurs et le renouvellement des camps situés à 120 kilomètres de Fort McMurray. La municipalité estime qu’il y a présentement 109 camps de travailleurs.
« Beaucoup de personnes m’ont dit qu’on ne peut rien y faire, mais avec l’appui de mes conseillers municipaux, on peut faire beaucoup de choses », croit Don Scott.
Appui des habitants
De nombreux résidents de Fort McMurray appuient la proposition de leur maire. À titre d'exemple, Debbie Moses y vit depuis 20 ans et a régulièrement fait la route jusqu’aux installations des pétrolières pour y travailler.
Nous avons besoin de relever la communauté. Je crois que les gens doivent vivre dans la communauté, acheter ici et appuyer la communauté. Ça va avoir un gros impact.
Le président de l’organisme BILD Wood Buffalo, qui représente des constructeurs de maisons, fait valoir que la grande proportion de travailleurs non résidents a non seulement un impact sur la construction résidentielle, mais aussi sur le tissu social de la région.
« Où sont les bénévoles pour aider ceux dans le besoin? Où sont les bénévoles à la banque alimentaire, à la SPCA ? », s’interroge Gilles Huizinga.
Les pétrolières s’inquiètent
L’industrie pétrolière s’oppose à un moratoire et encourage les conseillers municipaux à voter contre la proposition. « Il y aura des conséquences inattendues sévères si la motion est acceptée », met en garde le directeur général de l’Alliance communautaire des sables bitumineux, Karim Zariffa.
« Ce n’est pas un bon moment, dit-il, étant donné que notre industrie a eu de la difficulté sur les plans de l’accès au marché et de la compétitivité. »
Selon lui, un moratoire sur les camps de travailleurs fera fuir les investissements dans la région de Fort McMurray, ce qui accentuera les difficultés auxquelles est déjà confrontée l’industrie pétrolière.
Karim Zariffa croit que Fort McMurray doit se rendre plus attrayante aux yeux des travailleurs, pas les forcer à y vivre.
Avoir l’option de vivre où ils le veulent est très important pour le recrutement et la rétention des employés. Vous ne pouvez pas forcer personne à vivre quelque part. Les gens vont prendre leurs propres décisions.
L’Alliance communautaire des sables bitumineux a publié en 2018 un rapport affirmant que la majorité des employés des pétrolières vivraient à l’extérieur de la région de Fort McMurray, même si on leur offre davantage d’incitatifs pour y vivre.
Le sondage a demandé l’opinion de 2 200 travailleurs oeuvrant sur sept sites des sables bitumineux en 2017. Le rapport avançait qu’ils contribuent quand même à l’économie locale. Les travailleurs non résidents auraient dépensé de 82 millions à 91 millions de dollars à Fort McMurray et de 8 millions à 9 millions de dollars à Lac La Biche en 2017.
Avec les informations de David Thurton (CBC News)