L’Assemblée nationale entre dans l’ère « zéro harcèlement »

L'Assemblée nationale multiplie les initiatives pour lutter contre le harcèlement
Photo : Getty Images
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Les initiatives se multiplient à l'Assemblée nationale pour instaurer une « culture de la civilité ». Formation pour les députés, campagnes de sensibilisation, reddition de compte annuelle : la 42e législature entend « frapper un coup » dans la lutte contre le harcèlement.
En décembre, une première vague de députés a d’ailleurs reçu une formation obligatoire sur le harcèlement et l'incivilité. C’est la première fois que les élus de l’Assemblée sont accueillis avec une telle formation, qui deviendra un passage obligé pour tout député.
Ceux qui n’ont pas pu y participer la recevront à leur tour en février prochain, assure la vice-présidente de l’Assemblée nationale, Maryse Gaudreault.
« Il faut qu’ils prennent ça au sérieux […] Ce sont des concepts qui sont souvent méconnus », dit-elle.
Pendant deux heures, les élus – tous partis confondus – ont aussi pris connaissance de la Politique de prévention et de gestion du harcèlement que l’Assemblée a adoptée en 2015.
Ils ont aussi été conscientisés par rapport au comportement qu’ils adoptent, notamment face au personnel politique. Mme Gaudreault rappelle que les députés ne sont pas uniquement des représentants; ils sont aussi des employeurs.
Même parler fort, entre employés, ce n'est pas quelque chose qui devrait être acceptable dans un milieu de travail.
Affiches et dépliants
Une campagne de sensibilisation baptisée « Zéro harcèlement à l’Assnat » s’est aussi mise en branle cet automne.
Des affiches et des dépliants expliquent de manière très concise ce qui constitue du harcèlement psychologique. Celles et ceux qui croient en subir sont invités à le dénoncer.

La campagne de sensibilisation « Zéro harcèlement à l'Assnat » a été lancée en novembre 2018
Photo : Radio-Canada / Alexandre DUVAL
Et ce n’est qu’un début, prévient Mme Gaudreault. Deux autres campagnes semblables seront lancées cet hiver pour aborder le harcèlement sexuel et la discrimination, puis une dernière suggérera des comportements positifs à adopter.
De l’avis même de la vice-présidente de l’Assemblée, ces campagnes seront « percutantes » et démontreront une certaine « audace ».
Je pense que ça va peut-être ébranler certaines personnes par rapport au courage que les élus auront démontré en approuvant ce type de message.
Un milieu comme un autre
Avec plus de la moitié des élus sans expérience parlementaire et plus de 40 % de femmes députées, la 42e législature représente pour Mme Gaudreault l’occasion d’ouvrir un nouveau chapitre.
N’empêche que tous les efforts déployés pour lutter contre le harcèlement et l’incivilité témoignent, en partie, du chemin qu’il reste à parcourir.
« Il y a un élu, un moment donné, qui nous a dit : "je trouve ça triste qu'on en soit rendu là", raconte Mme Gaudreault. Mais ce n'est pas juste à l'Assemblée nationale. »
C'est dans tous les parlements du monde, dans la société en général. Chaque jour, on parle de situations de harcèlement.

Maryse Gaudreault, vice-présidente de l'Assemblée nationale du Québec
Photo : Radio-Canada
Reddition de compte
Depuis l’adoption de sa Politique de prévention et de gestion du harcèlement, en 2015, l’Assemblée nationale n’avait jamais diffusé de statistiques sur son efficacité.
Or, à compter de ce printemps, une reddition de compte sera faite annuellement. Le nombre de plaintes déposées, par exemple, devrait être rendu public.
Questionnée à savoir pourquoi il a fallu quatre ans avant la mise en place de cette reddition de compte, Mme Gaudreault explique que pour des raisons de confidentialité, l’Assemblée hésitait à diffuser ces données.
« Ça peut piquer la curiosité et [amener les médias] à chercher qui étaient ces personnes mises en cause », explique-t-elle.
Il y a un attrait particulier pour les situations de conflit qui impliquent un député ou un employé politique.
« Mais il y a eu tout le mouvement #moiaussi [...] et certaines situations qui ont été présentées dans les médias et qui se sont passées ici à l'Assemblée nationale. Alors on s'est dit non, il faut être plus transparents », raconte Mme Gaudreault.
Récemment, l’Assemblée a aussi créé une nouvelle section sur son portail, également appelée « Zéro harcèlement à l’Assnat ».
« On peut y trouver toutes sortes d’informations, de références, de vidéos […] On fait beaucoup de pédagogie », illustre Mme Gaudreault.
« Je pense que l'Assemblée nationale n'est pas différente des autres milieux de travail, croit-elle. Sauf qu'ici, on devrait avoir un milieu respectueux et exemplaire. »