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Un historien dénonce des faits historiques autour du spectacle SLĀV

Un historien de l'Université de Sherbrooke soutient que certains faits historiques relatés dans la version revue et corrigée du controversé spectacle SLĀV sont faux.

D'entrée de jeu, Jean-Pierre Le Glaunec, qui a assisté à la présentation de SLĀV au Centre culturel mercredi, affirme qu'il est faux de prétendre que l'esclavage d'enfants irlandais, présenté dans le spectacle, ait existé. Je ne suis pas là pour faire la leçon, mais je reprocherais deux choses à Robert Lepage. [...] On nous parle d'un soi-disant esclavage irlandais. On nous rappelle que des dizaines de milliers d'enfants étaient vendus comme esclaves dans le sud des États-Unis comme enfants de compagnie. C'est une fausseté. Il n'y a jamais eu d'esclaves irlandais à travers le monde et en particulier aux États-Unis. C'est gravissime!

Robert Lepage et Betty Bonifassi avaient l'occasion rêvée de raconter une épopée, celle des Amériques noires, du Brésil jusqu'au Québec en passant par Haïti, celle de l'histoire de l'esclavage racial, qui date du 16e siècle et qui a été aboli en 1887 au Brésil.

Une citation de Jean-Pierre Le Glaunec, historien

Le professeur explique que l'esclavage irlandais est un mythe qui est propagé par l'extrême droite, la droite qu'on appelle Alt Right aux États-Unis. En France, on dit aussi qu'on a assez parlé d'esclavage noir et qu'il est temps de parler d'esclavage des enfants blancs, des enfants irlandais qui auraient plus souffert que les noirs. Je ne comprends pas. Robert Lepage nous a expliqué que le spectacle avait été réécrit. Il aurait très bien pu savoir que l'esclavage irlandais est un mythe d'extrême droite.

Les créateurs auraient été mis au courant

M. Le Glaunec rappelle que la première mouture du spectacle, présenté en juin dernier, présentait cette erreur. Selon lui, de nombreuses personnes auraient avisé les créateurs du spectacle qu'ils relataient une fausseté.

Le spectacle a été réécrit et il est toujours question d'esclavage irlandais. C'est inconcevable. Je veux bien que l'art permette de dire toute chose. Mais est-ce que l'art peut justifier de dire n'importe quoi? Pour moi, c'est gravissime.

Une citation de Jean-Pierre Le Glaunec, historien
Quatre pile de feuillets en papier, avec la mention SLĀV.

La première du spectacle SLĀV était présentée le 16 janvier à Sherbrooke.

Photo : Radio-Canada / Anik Moulin

Pour Jean-Pierre Le Glaunec, il est important non seulement d'apporter des faits justes, mais aussi d'utiliser des images dans leur véritable contexte. On nous montre une photographie très forte avec des enfants, un noir et un blanc qui se tiennent la main. On nous présente cette petite fille comme une Irlandaise. On connaît bien cette photo, qui date de la guerre de Sécession. Elle était utilisée pour de la propagande abolitionniste afin de soutenir la cause du Nord. C'est, en effet, une enfant esclave, mais elle n'est pas irlandaise. Sa mère était mulâtresse et son père était blanc. Cette enfant était considérée comme noire à l'époque. Elle n'était en aucun cas irlandaise. Une image vaut 1000 mots et, hier, 1400 personnes ont vu un petit garçon noir et une petite fille blanche que l'on dit irlandaise qui sont deux esclaves. C'est plus compliqué que ça, mais c'est très simple.

SLĀV avait causé la controverse l'été dernier. Ses détracteurs l'ont notamment accusé de racisme et d'appropriation culturelle. Le spectacle ne comptait au départ que deux interprètes noirs sur six choristes, entre autres.

Je n'ai jamais compris pourquoi les détracteurs de SLĀV n'ont jamais mis l'accent sur les problèmes historiques plutôt que sur l'appropriation culturelle.

Une citation de Jean-Pierre Le Glaunec, historien

Contacté par Radio-Canada, Robert Lepage n'a pas voulu accorder d'entrevue.

Jean-Pierre Le Glaunec donnera, lundi prochain, une conférence intitulée Les Amériques noires : de l'esclavage à SLĀV lors des soirées de l'Université populaire de Sherbrooke (UPOP). L'activité a lieu au Café Baobab à 17 h 30.

La pièce sera aussi présentée à Saint-Jérôme, à Drummondville et à Québec.

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