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Venezuela : le président de l'Assemblée nationale défie Maduro

Juan Guaido parle dans un micro, sur une tribune. Des gens l'applaudissent.

Le président de l'Assemblée nationale du Venezuela, Juan Guaido, a lancé un appel au soulèvement populaire devant des centaines de personnes, vendredi, à Caracas.

Photo : La Presse canadienne / AP/Fernando Llano

Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Le président de l'Assemblée nationale du Venezuela, Juan Guaido, dit être prêt à remplacer Nicolas Maduro à titre de président du pays, ouvrant la voie à une nouvelle confrontation entre le pouvoir et l'opposition.

Il a fait cette déclaration devant des centaines de personnes rassemblées vendredi dans une rue achalandée de Caracas, au lendemain de l’assermentation de M. Maduro pour un second mandat de six ans.

Ce mandat est considéré comme illégitime par l’Organisation des États américains (OEA), le groupe de Lima, qui rassemble depuis 2017 des pays d'Amérique latine et le Canada, et l’Union européenne.

« La Constitution me donne la légitimité pour remplir les fonctions de président du pays, pour demander, pour déclencher des élections, mais j’ai besoin de l’appui des citoyens pour que ça devienne réalité », leur a lancé M. Guaido.

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— Une citation de  Juan Guaido, président de l'Assemblée nationale

« Guaido comme président! », « Dehors Maduro! », « Oui, nous le pouvons! », scandait la foule. De nombreux manifestants brandissaient en outre des pancartes sur lesquelles on pouvait lire le mot « tyran » imprimé sur le visage de M. Maduro.

M. Guaido appelle les Vénézuéliens à manifester dans les rues du pays le 23 janvier, date anniversaire d’un soulèvement populaire qui a entraîné le renversement du dictateur Marcos Perez Jimenez en 1958.

«  »

— Une citation de  Juan Guaido, président de l'Assemblée nationale

La manifestation des partisans de M. Guaido est la plus importante depuis plus d’un an, même si son ampleur était bien moindre que celle des manifestations monstres qui ont eu lieu en 2017.

Ces manifestations avaient été réprimées dans le sang et plus de 120 personnes y ont perdu la vie.

Des centaines personnes crient un slogan, les bras dans les airs.
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« Guaido président », chantait les quelque 1000 personnes réunies pour entendre Juan Guaido.

Photo : La Presse canadienne / AP/Fernando Llano

Appui sans équivoque de l’OEA

Le défi lancé par M. Guaido au président Maduro a aussi été transmis par un message déjà relayé des milliers de fois sur Twitter.

« Je me conforme aux articles 233, 333 et 350 de la Constitution […] pour convoquer des élections libres et demander l’union du peuple, les Forces armées et la communauté internationale pour obtenir la fin de l’usurpation », a-t-il déclaré, selon le compte de l’Assemblée nationale.

Le secrétaire général de l’OEA, Luis Almagro, s’est immédiatement rangé derrière M. Guaido, dans un tweet diffusé 30 minutes plus tard.

« Il [Juan Guaido] a notre appui, celui de la communauté internationale et du peuple du Venezuela », a-t-il écrit, après avoir salué la volonté de M. Guaido d’assumer la fonction de président par intérim du Venezuela.

L’affaire pourrait braquer le président Maduro, qui accuse régulièrement les États-Unis et des membres de l'opposition de fomenter un coup d’État.

M. Almagro n'en est pas à ses premiers coups de gueule contre le président Maduro. En septembre, il avait déclaré qu'il ne fallait pas exclure « une intervention militaire » au Venezuela pour « renverser » Nicolas Maduro.

« En ce qui concerne une intervention militaire visant à renverser le régime de Nicolas Maduro, je pense que nous ne devons exclure aucune option, parce que ce régime est indéniablement en train de commettre des crimes contre l'humanité et des violations de droits de l'homme », avait-il dit.

Le président vénézuélien, qui dirige le pays de 30 millions d’habitants depuis la mort de Hugo Chavez, en mars 2013, a été réélu le 20 mai lors d'un scrutin boycotté par l'opposition.

Le président vénézuélien Nicolas Maduro fait le geste de la victoire après avoir reçu la ceinture présidentielle lors de l'investiture solennelle de son deuxième mandat présidentiel.
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Le président vénézuélien Nicolas Maduro après avoir reçu la ceinture présidentielle lors de l'investiture solennelle de son deuxième mandat présidentiel à la Cour suprême de Caracas, le 10 janvier 2019.

Photo : Reuters / Carlos Garcia Rawlins

Une Assemblée dénuée de pouvoirs, mais soutenue

Juan Guaido, 35 ans, a été élu président de l’Assemblée nationale la semaine dernière, en s’engageant à faire tout ce qui est en son pouvoir pour que le Venezuela s’engage dans une transition au sommet de l’État.

L’Assemblée nationale, dominée par l’opposition, a cependant été dépouillée de tous ses pouvoirs par une Assemblée constituante dominée par des partisans du président Maduro, élus à l’été 2017 au terme d’un vote discrédité.

M. Guaido bénéficie toutefois d’un certain soutien international, dont celui des États-Unis. Il a d’ailleurs eu une conversation téléphonique avec le vice-président américain Mike Pence cette semaine.

La ministre canadienne des Affaires internationales, Chrystia Freeland, a aussi indiqué jeudi avoir parlé au téléphone avec M. Guaido cette semaine pour lui offrir l'appui d'Ottawa.

Mme Freeland a d’ailleurs précisé que le Canada considérait maintenant l’Assemblée nationale élue en 2015 comme le pouvoir légitime du pays.

Le Venezuela est aujourd'hui un pays exsangue que ses citoyens fuient par centaines de milliers, en raison de la situation politique, mais aussi des conditions économiques désastreuses, marquées par de sévères pénuries.

Cette spirale a été accélérée par l'effondrement des cours du brut, qui compte pour 95 % des revenus du pays.

Selon le Fonds monétaire international, le PIB du Venezuela a chuté de 18 % l'an dernier et l'inflation atteindra 10 000 000 % en 2019.

Avec les informations de Associated Press, Bloomberg, Reuters, et Agence France-Presse
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