Université de l'Ontario français : des intervenants francophones déçus, mais pas surpris

Ajà Besler, présidente de l'Association des communautés francophones d'Ottawa (ACFO)
Photo : Radio-Canada / Godefroy Chabi
Malgré les doléances des Franco-Ontariens, le gouvernement de Doug Ford a confirmé jeudi que le financement de l'Université de l'Ontario français (UFO) prendrait fin le 15 janvier. La décision déçoit de nombreux acteurs de la francophonie, même si elle ne les surprend pas.
C'est clair que c'est décevant, mais c'est pas surprenant
, a commenté la directrice générale de l'Association des communautés francophones d'Ottawa (ACFO), Ajà Besler.
Même son de cloche du côté de François Hastir, directeur général du Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO).
On reste préoccupés et déçus, parce qu'il y a un besoin réel pour cette université-là, pour les étudiants, pour la communauté du Centre-Sud-Ouest et pour la province dans son ensemble.
M. Hastir a déclaré en entrevue téléphonique à Radio-Canada que ce besoin devait être comblé plus tôt que tard, parce que le nombre de francophones dans la région va en augmentant
. Selon lui, l'offre ne suit pas la demande dans la région.
Puisque Queen's Park a maintenu la loi de 2017 sur la création de l'Université, le commissaire aux services en français de l'Ontario, François Boileau, a dit espérer que le gouvernement Ford tente ainsi de sauver la face
.
Mettre en hiatus
le projet de l'UFO permettrait à tout le moins de garder la porte ouverte à une aide du fédéral, a-t-il analysé en entrevue au Téléjournal Ottawa-Gatineau.
Si ce n'est pas ça, c'est évidemment catastrophique.
Écoutez l'entrevue de Daniel Bouchard avec François Boileau, commissaire aux services en français de l'Ontario, au Téléjournal Ottawa-Gatineau.
L'Assemblée de la francophonie de l'Ontario (AFO) a quant à elle refusé de commenter la nouvelle jeudi soir. La veille, son président, Carol Jolin, pressait le gouvernement ontarien de soumettre une demande de financement au fédéral.
Poursuivre la bataille
Tous s'entendent pour dire que ce n'est pas la fin de l'Université de l'Ontario français. En effet, le conseil de gouvernance est maintenu. Mme Besler a affirmé que l'ACFO allait continuer de faire pression sur le gouvernement tant que les acquis ne seraient pas rétablis.
On continue la lutte. Pour nous, c'est pas fini.
Jointe au téléphone, la présidente du Conseil de planification de l'Université de l'Ontario français, Dyane Adam, a réitéré que le Conseil et l'équipe travaillent à trouver une solution de financement alternatif pour permettre éventuellement à ce que les deux paliers de gouvernement s'entendent
. Ils proposent notamment d'obtenir des fonds du gouvernement fédéral.
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La professeure Geneviève Tellier, de l'École d'études politiques de l'Université d'Ottawa, ne croit pas à cette solution.
D'après elle, c'est la responsabilité des provinces de mettre en place des programmes universitaires. La question du partage du financement pose aussi problème. Pour que ça fonctionne,il faut que la province soit le maître d'oeuvre du projet, et ce n'est pas ce qu'on voit pour le moment
, a-t-elle affirmé.
Logique budgétaire
Les différentes priorités du gouvernement de l'Ontario et les relations tendues entre les premiers ministres Doug Ford et Justin Trudeau nuisent également au règlement de la situation, a résumé Mme Tellier.
Selon elle, la fin du financement de l'Université est cohérente avec la priorité du Parti progressiste-conservateur, soit l'équilibre budgétaire.
Il faut faire des sacrifices, il y a des programmes qui vont être coupés [...] et l'Université de l'Ontario français fait partie de ces programmes-là.
En entrevue téléphonique, elle a rappelé que d'autres programmes pourraient subir le même sort lorsque le budget sera déposé.