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Broncos de Humboldt : le conducteur plaide coupable

Jaskirat Singh Sidhu

Jaskirat Singh Sidhu à sa sortie de la Cour provinciale de Melfort, en Saskatchewan, le 8 janvier 2019.

Photo : La Presse canadienne / Kayle Neis

Jaskirat Singh Sidhu, le chauffeur du semi-remorque entré en collision avec l'autocar des Broncos de Humboldt en Saskatchewan, a plaidé coupable mardi à 16 chefs d'accusation de conduite dangereuse ayant causé la mort et à 13 chefs de conduite dangereuse ayant causé des lésions corporelles.

Jaskirat Singh Sidhu a comparu à la Cour provinciale de Melfort, mardi matin. Le 6 avril dernier, le camion qu'il conduisait est entré en collision avec l’autocar transportant l’équipe de hockey junior, faisant 16 morts et 13 blessés.

À l'extérieur du tribunal, l’avocat de l’accusé, Mark Brayford, a déclaré aux médias que Jaskirat Singh Sidhu voulait clore ce chapitre douloureux et qu’il souhaitait ne pas causer plus de mal aux familles. L’accusé a refusé de s’adresser aux journalistes et est resté silencieux à sa sortie de la cour.

L'audience de détermination de la peine du camionneur commencera le 28 janvier et pourrait durer entre trois et cinq jours en raison du nombre de déclarations de victimes.

L'accusé porte un chandail noir.

Jaskirat Singh Sidhu lors de sa sortie de la Cour provinciale de Melfort en Saskatchewan

Photo : La Presse canadienne

La peine pourrait se compter « en nombre d’années »

« Ça va être une peine d’incarcération qui va se compter en nombre d’années », estime Me Patrick Davis, un avocat criminaliste, en entrevue à l’émission Isabelle Richer, mardi matin.

Il est toutefois difficile d’avoir une idée de la longueur de la peine, affirme Jennifer Quaid, professeure de droit civil à l’Université d’Ottawa, puisque la décision du juge sera influencée par certains facteurs.

Selon la professeure Quaid, les témoignages des survivants, des familles et proches des victimes seront pris en compte par le juge au moment de rendre sa décision. Il en va de même pour l'aveu de culpabilité et l’absence de casier judiciaire pour Jaskirat Singh Sidhu avant l’accident, qui seront des facteurs atténuants.

« Toute notre analyse est orientée vers l'identification de la personne responsable et de faire en sorte que cette personne assume la responsabilité de ses gestes », estime Mme Quaid. « Mais dans un événement de cette nature, de cette envergure, on comprend bien qu’il y a plusieurs facteurs qui interviennent et que c’est un très malheureux concours de circonstances : d’une erreur de jugement peut-être de la part du conducteur, une intersection déjà dangereuse, des conditions de travail, peut-être d’un manque de formation. »

Jaskirat Singh Sidhu a reçu deux semaines de formation avant de prendre la route le jour de l’accident d’autocar des Broncos de Humboldt.

Des proches soulagés

L’organisation des Broncos de Humboldt se dit « soulagée que cela soit résolu sans avoir eu recourt à un long processus », indique un communiqué de presse envoyé quelques heures après la comparution

Le président des Broncos de Humboldt, Jamie Brockman, affirme que « l'aveu de culpabilité de Jaskirat Singh Sidhu sont un pas vers la bonne direction en ce qui concerne le processus de guérison des survivants, des familles endeuillées, de l’équipe et de la communauté. »

Scott Thomas s'adresse aux médias à la sortie de la Cour provinciale de Melfort.

Scott Thomas, le père de l'un des joueurs décédés dans l'accident, était émotif à sa sortie de la Cour provinciale de Melfort, en Saskatchewan.

Photo : Radio-Canada / Omayra Issa

Scott Thomas, le père d'Evan Thomas, l'un des joueurs morts dans l'accident, était sous le coup de l'émotion à sa sortie de la cour. « De l'entendre, dans ses propres mots, plaider coupable, c’était très fort », a-t-il dit aux médias.

En Alberta, Tom et Michelle Straschnitzki partagent ces sentiments. Leur fils Ryan a survécu à l’accident du 6 avril, mais y a perdu l’usage de ses jambes.

« [Jaskirat Singh Sidhu] n’a pas planifié ce qui est arrivé. Qu’il plaide coupable montre qu’il a beaucoup de remords. Il doit lui aussi vivre avec ça jusqu’à la fin de ses jours », a affirmé Tom Straschnitzki.

Michelle Straschnitzki espère qu’en fin de compte des leçons seront tirées de toute cette situation et que des changements politiques seront apportés à l’industrie du camionnage, notamment à la formation des chauffeurs de semi-remorques à l'échelle du pays.

Une audience reportée

L’audience a été reportée cinq fois depuis que Jaskirat Singh Sidhu a été libéré sous caution en juillet dernier. Sa dernière comparution remontait au 18 décembre : ce jour-là, ni Jaskirat Singh Sidhu ni son avocat n’étaient sur place. Par téléphone depuis Calgary, l'avocat de Jaskirat Singh Sidhu avait demandé à la juge, Ines Cardinal, de lui accorder plus de temps pour étudier une nouvelle preuve.

Selon l'avocat, il s’agissait du rapport d'une firme de génie-conseil indépendante de Vancouver, McElhanney, qui s'est penchée sur les risques de collisions à l’intersection des routes 35 et 335, où a eu lieu l’accident.

Dans son rapport, la firme a fait 13 recommandations pour réduire les risques de collisions, dont l’abattage d’arbres et l’amélioration de la signalisation routière. Elle a en effet indiqué ne pas avoir remarqué un taux de collisions important à cette intersection. Elle a noté, par contre, des problèmes quant au périmètre de visibilité en raison notamment des arbres qui obstruent la vue au coin de l’intersection.

Vue aérienne de la collision entre un semi-remorque et l'autocar de l'équipe de hockey junior des Broncos de Humboldt..

Vue aérienne de la collision entre un semi-remorque et l'autocar de l'équipe de hockey junior des Broncos de Humboldt qui est survenu le 6 avril dernier, au sud de Nipawin, en Saskatchewan.

Photo : La Presse canadienne / Jonathan Hayward

Selon Jennifer Quaid, « dans un cas comme celui-ci, où c’est un événement avec des conséquences extrêmement graves, on peut comprendre que l’accusé va pondérer ce qu’il va faire. »

Me Patrick Davis est quant à lui surpris qu’un aveu de culpabilité ait été fait moins d’un an après l’accident.

« À la lecture des documents, que j’ai faite [mardi matin], je m’aperçois qu’il y avait des éléments de preuves qui n’avaient pas encore été divulgués à l’avocat de la défense et que ces éléments de preuves auraient peut-être pu amener une vision différente du dossier », explique-t-il. « Mais dans le cas actuel, de ce que je comprends, je pense que c’est vraiment l’accusé qui lui a voulu terminer le tout. »

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